PLUS DE LECTURES DU 24 AOÛT 2009

Notre sélection de rentrée? : ? Tamara T.7 : Ma première fois ? par Christian Darasse, Bosse et Zidrou, ? Madame désire ? ? par Grégory Mardon et ? Amours fragiles T.4 : Katarina ? par Jean-Michel Beuriot et Philippe Richelle.

- ? Tamara T.7 : Ma première fois ? par Christian Darasse, Bosse et Zidrou – Éditions Dupuis (9,45 Euros)

« Tamara » est une série de gags, destinée principalement aux ados, qui se faufile avec bonheur, depuis 2002, dans les pages de l’hebdomadaire Spirou. Digne représentante de l’âge ingrat avec son surpoids chronique, l’héroïne est une jeune rondouillarde complexée qui ne pense qu’à conquérir de beaux jeunes hommes : hélas, les coups de foudre non réciproques, elle connaît…. Les kilos en trop et les complexes aussi ! Vivant chez sa mère séparée de son père, un suffisant chanteur d’opéra, ses interlocuteurs privilégiés sont sa balance et le miroir de la salle de bains. Heureusement, poussée par sa petite demi-sœur un peu plus délurée, Tamara fini par s’accepter comme elle est ; et lorsque le beau Diego débarque dans son école, elle fait comme toutes les autres : elle en est folle ! Même si, fidèle à elle-même, elle estime, évidemment, qu’elle n’a aucune chance… Avec un pied dans le classicisme et l’autre dans la modernité, cette excellente bande dessinée permet de sensibiliser les adolescents à la tolérance : Tamara pouvant même s’ériger, aux yeux des jeunes lecteurs, comme un modèle à suivre quand elle arrive à surmonter ses handicaps et sa différence ! D’autre part, avec ce septième album qui aborde, intelligemment et sans détours, les premiers rapports amoureux, la série risque enfin de décoller car elle innove vraiment par son discours. Alors que Christian Darasse continue d’illustrer, ici secondé par Bosse (un vieux complice du dessinateur, avec lequel il a créé, entre autres, la série « Zowie »), avec toujours autant de tendresse, ses personnages d’un trait efficace et drôle, Zidrou a trouvé les mots justes pour évoquer les affres d’une première grande histoire d’amour, avec cette note d’humour burlesque qui souligne efficacement oppositions et coups du sort.

- ? Madame désire ? ? par Grégory Mardon – Éditions Audie/Fluide Glacial (14,95 Euros)

Que de sexe, que de sexe !!! Après des années de vaches maigres pour les amateurs d’ouvrages sulfureux, voici que le 9ème art bande (dessinée) encore !!! Outre les catalogues de maisons spécialisées comme Dynamite (qui publie les albums coquins de Roberto Baldazzini, Georges Pichard, Giovanna Casotto, Armas, Paula Meadows, Ardem alias Alain Mounier…) ou Tabou (avec Franco Saudelli, Xavier Duvet, Giuseppe Manunta, Christian Zanier…), voici que des éditeurs « grand public » comme Delcourt (et sa collection « Erotix »), Glénat (avec les bandes dessinées de L’Écho des savanes, sous le label Drugstore) ou Audie (avec la collection « Fluide Glamour ») osent, de nouveau ,affronter la censure et les « béni-oui-oui ». La nouvelle collection patronnée par Fluide Glacial avait déjà publié de sympathiques ouvrages délurés avec l’aura d’un humour salvateur : le succès des petits personnages très glamour dessinés par Arthur de Pins (« Péchés mignons ») permettant de drôles incursions sexuelles, toutes réussies, dues à des auteurs comme Thierry Robin et Jean-Michel Thiriet, Jean-Paul Krassinsky, Camille Burger, Claire Bouilhac et Jake Raynal… Mais cette fois-ci, Grégory Mardon (l’auteur de « Corps à corps » ou de « Leçons de choses » chez Dupuis, et que l’on attendait absolument pas sur ce coup-là) nous offre un album aussi chaud que décalé : l’homme ayant manifestement trouvé bien du plaisir à dessiner les courbes féminines et les attributs masculins, de façon sobre et élégante, tout en peaufinant au mieux les séquences les plus hard (deux pages secrètes sont d’ailleurs à découper au milieu de l’album, uniquement si vous êtres grand, majeur et vacciné !!!). Confirmant son immense talent narratif, Grégory Mardon nous propose un huis clos burlesque, pastiche de certains films X, où l’on suit les déboires érotico-comiques de deux jeunes ouvriers qui, en 1936, profitent des congés payés pour partir à vélo sur les routes de France. Se perdant dans la forêt, ils demandent l’hospitalité à une famille de bourgeois qui les prend pour leurs nouveaux domestiques. Décidant de jouer le jeu, ils tentent de savourer, au mieux, ces excitantes vacances au château…

- ? Amours fragiles T.4 : Katarina ? par Jean-Michel Beuriot et Philippe Richelle – Éditions Casterman (15 Euros)

Décrivant le cheminement de destins croisés, dans le lourd cadre de la Seconde guerre mondiale, cette sombre chronique politique et amoureuse nous donne une vision riche et originale de cette période cruciale de l’histoire du XXème siècle. Martin Mahner est un jeune idéaliste allemand, réfractaire à la politique d’Hitler, qui a été engagé de force dans la Wehrmacht. Caserné dans la région de Cologne, il s’efforce d’obtenir sa mutation à Paris en espérant y retrouver Katarina, son ancienne voisine et amie juive. Cette dernière devenue journaliste, est très discrète sur ses origines ; ceci afin de conserver son travail et ne pas être inquiétée : car elle est un témoin privilégié du durcissement des dispositions anti-juives orchestrées par le régime du maréchal Pétain. Elle essaie de convaincre son oncle, petit industriel patriote et ancien combattant de 14-18 qui va être dépossédé de son entreprise, de rejoindre la zone libre… Ce scénario fort et poignant de Philippe Richelle (qui sait de quoi il parle puisqu’il est licencié en sciences politiques) réussit à mêler finement, romanesque et Histoire avec un grand H, en peignant le portrait de toute une génération ballottée par la guerre et qui a perdu ses illusions ; même si elle tente de conserver, coûte que coûte, ses amitiés. Quant au trait rigoureux et délicat de Jean-Michel Beuriot (entre celui de Ruben Pellejero et celui d’Emmanuel Moynot), il relaie le propos humaniste et l’ambiance pesante dans son style épuré et très lisible : bref, voici une belle série qui lie une compréhension fine du nazisme à un subtil réalisme psychologique. Signalons par ailleurs que Philippe Richelle réutilise habilement le même thème (destins brisés par le vent de l’Histoire pendant l’occupation allemande et persécutions des juifs) dans « Opération Vent printanier ». La deuxième partie vient d’être mise en vente, simultanément avec ce quatrième « Amours fragiles » ; et ce diptyque, dessiné par Pierre Wachs, mérite aussi le détour.

Gilles RATIER

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