Comment la bande dessinée a changé Angoulême…

Alors que le 40ème Festival International de la bande dessinée, toujours aussi sujet aux remous et aux polémiques, s’apprête à ouvrir ses portes, ses deux cofondateurs, Francis Groux et Jean Mardikian, publient un ouvrage qui décline les retombées dont la ville a profité depuis quarante ans : « Au-delà de la BanDe ! », un bel ouvrage collectif, au format à l’italienne, édité par l’association Entrez dans la Bande.

Sous couverture de Turf, le talentueux auteur local de « La Nef des fous » ou de « Magasin sexuel », ce collectif décline, méthodiquement, les changements que le festival a imposés à la ville, au fil des ans ; parce que derrière cet événement unique s’est développé, à Angoulême, tout un nouveau pan d’activités autour de l’image en général : bande dessinée bien sûr, avec la présence de nombreux auteurs sur place à l’année, mais aussi image animée, image numérique, jeux vidéo et tournages en décors naturels ou en studios.

Le tout étant agrémenté d’une préface due à Alain Saint-Ogan, de photos d’époque, de portraits d’étudiants en formation aujourd’hui, d’une « galerie » qui rappelle les quarante grands prix décernés depuis 1974, et de strips subtilement irrévérencieux signés par le dessinateur marocain Fawzi.

On savourera ainsi la participation de nombreuses signatures connues dans le monde du 9e art comme celles de l’érudit éditeur Thierry Groensteen (qui nous rappelle la naissance du musée de la bande dessinée), de l’architecte Roland Castro (celui qui a conçu le Centre national de la bande dessinée et de l’image, CNBDI, qui sera rebaptisé Vaisseau Moebius mercredi soir), du journaliste Laurent Mélikian (qui évoque certains murs peints de ce chef-lieu de la Charente), de l’auteur François Schuiten (le dessinateur des « Cités obscures », ancien Grand Prix, qui a été stimulé par l’arrivée prochaine d’une ligne à grande vitesse), de Gilles Ciment (directeur de l’établissement de la Cité Internationale, qu’il évoque et dont le musée et la librairie sont, désormais, installés sur les Chais Magelis, sur l’autre rive du fleuve)…, et même d’un certain Gilles Ratier qui en profite pour retracer l’évolution du médium BD.

Loin de leurs recueils de mémoires et d’anecdotes(1), Francis Groux et Jean Mardikian, qui avaient donc créé avec leur compère Claude Moliterni, décédé depuis, une « quinzaine de la bande dessinée » devenue désormais la référence internationale dans le domaine, proposent, ainsi, un ouvrage qui montre, concrètement, comment un évènement culturel peut devenir un véritable moteur de croissance économique et de transformation de toute une ville : que ce soit au niveau de son architecture, de ses formations, de ses entreprises et de son image dans le village mondial. En effet, aujourd’hui, le mot « Angoulême » est associé, partout, à celui de « BD » !

 Gilles RATIER

(1)Si Francis Groux avait déjà publié ses souvenirs dans le passionnant « Au coin de ma mémoire » aux éditions PLG en 2011 (voir Ouvrages de référence de fin d’année), Jean Mardikian vient de faire de même avec un portrait qu’a réalisé la romancière Michèle Armanet pour les éditions Le Croît vif : « Jean Mardikian et la bande dessinée : d’Angoulême au mont Ararat » (20 €), un texte fort instructif illustré par les nombreuses dédicaces emmagasinées par cet homme politique et animateur culturel passionné et chaleureux.

« Au-delà de la BanDe ! », collectif

Éditions de l’Association Entrez dans la Bande (16,90 €) – Sur les 4 000 exemplaires édités, seuls 400 sont en vente, le reste ayant été réservé par diverses institutions, de Magelis à la CCI.

Galerie

4 réponses à Comment la bande dessinée a changé Angoulême…

  1. Ping : Grande Rete! ArtNeuf originali vs. AngouLucca? Razzismo…

  2. Frédéric Cwiécinski dit :

    Est-ce qu’il y a, svp, des photos, des vidéos sur les expos des années Boucheron, notamment l’année où Schuiten et Peteers étaient invités d’honneur, avec l’expo sur Les cités obscures, l’expo sur Little Nemo, l’expo de Jean Teulé…?

    • Gilles Ratier dit :

      Pas que je sache, mais il faudrait demander à l’organisation du festival ou à la Cité : ceci dit, attendez que la manifestation soit passée. Là, tout le monde est en plein boum !
      Bien cordialement
      Gilles Ratier

  3. dauga dit :

    comme d’hab,
    on zappe un peu vite Pierre Pascal
    (qui lui aussi avait publié un ouvrage lorsqu’il s’était retiré des affaires (BD passion – Ed Dossiers d’Aquitaine – 1993)
    Pour l’avoir vécu à l’époque in situ, les caciques en place avaient craint à l’époque la publication « de ce brûlot » qui n’en n’était pas un. Mardikian, Groux… et Pascal qui a le gros avantage d’être mort. Je l’ai interviewé. Grand souvenir.

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