Dix ans après la parution de « Résurrection », la première partie d’un diptyque accouché dans la douleur, voici enfin « Révélations » : conclusion du dernier récit du regretté Philippe Tome, décédé alors qu’il travaillait sur les dernières pages de son scénario. Les éditions Dupuis proposent, enfin, l’intégralité de cette aventure magistralement dessinée par Dan Verlinden, digne successeur de ses deux prédécesseurs : Luc Warnant et Bruno Gazzotti.
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Grâce aux efforts de quelques éditeurs, on assiste aujourd’hui à un retour en force des grands classiques d’un certain « âge d’or » de la bande dessinée américaine, alors que la plupart de ces séries patrimoniales n’étaient plus du tout disponibles depuis la disparition, en autres, de la collection « Copyright » des premières éditions Futuropolis… Ainsi, Soleil nous propose-t-il, sous le label Soleil L’Âge d’or (dirigé par le passionné Jean Wacquet), de très belles reprises de « Prince Valiant », « Tarzan » et « Flash Gordon », BD Artist(e) une indispensable intégrale de « Terry et les pirates », Le Coffre à BD les planches hebdomadaires de « Brick Bradford », Clair de Lune des compilations de « Mandrake », etc., etc.
C’est à partir des années 1920 que l’idée d’une exploitation feuilletonesque de la bande dessinée, dans les quotidiens, s’est fait jour aux USA (pour se généraliser dans la décennie suivante).
Notamment avec des séries dessinées de manière de plus en plus réaliste comme « Gasoline Alley » de Frank O. King (1918), « Little Orphan Annie » d’Harold Gray (1924), « Little Annie Rooney » de Darrell McClure (1927), « Wash Tubbs » (1924) ou « Captain Easy » (1933) de Roy Crane : bandes dessinées d’aventures souvent mélodramatiques, dont le sens du découpage est resté dans les annales, mais qui n’ont, hélas, pas bénéficié, dans nos contrées, de la renommée qu’elles auraient méritée.
Par ailleurs, on ne peut pas raisonnablement comprendre l’essor et l’évolution du 9e art européen (pas seulement franco-belge !!!) sans prendre en compte la portée qu’ont eu, sur les lecteurs et les futurs créateurs, les plus célèbres Daily Strips ou Sunday Pages (bandes quotidiennes de trois ou quatre images verticales en noir et blanc ou pages entières du dimanche publiées toutes en couleurs : des formats de parution directement liés au support presse) diffusés dans les revues spécialisées destinées aux enfants.
Rien que pour la France, où on les appelait alors les « illustrés », citons Le Journal de Mickey , Hop-là !, Aventures, Robinson, Hurrah !.., L’As, Junior, L’Audacieux…, puis, après la guerre, Donald, L’Astucieux, Tarzan…
Ces journaux de grand format accueillait donc, outre quelques séries de gags déjà très prisées à l’époque, des sagas d’aventures réalistes à grand spectacle qui investissaient tous les genres de la littérature populaire, dans une volonté délibérée d’évasion ou de glorification d’un idéal et des bons sentiments, à travers des héros au grand cœur animés d’une volonté sans faille et d’une énergie exceptionnelle.
Fantastique avec « Connie » de Frank Godwin (créée en 1927) ou « Mandrake the Magician » de Phil Davis et Lee Falk (1934), exotisme avec « Tim Tyler’s Luck » de Lyman Young (1928), « Tarzan » d’Harold Foster (1929) puis de Burne Hogarth (1947), « Jungle Jim » d’Alex Raymond et « Terry and the pirates » de Milton Caniff (1934) ou « The Phantom » de Ray Moore et Lee Falk (1936), science-fiction avec « Buck Rogers » de Dick Calkins et Philip F. Nowlan (1929), « Brick Bradford » de Clarence Gray et William Ritt (1933) ou « Flash Gordon » d’Alex Raymond (1934), exploit sportif avec « Joe Palooka » d’Ham Fisher (1930), policier avec « Dick Tracy » de Chester Gould » (1931), « Secret Agent X-9 » d’Alex Raymond et Dashiell Hammett et « Red Barry » de Will Gould (1934) ou « Charlie Chan » d’Alfred Andriola et Earl Derr Biggers (1938), récit de guerre avec « Scorchy Smith » de John Terry (1930) puis de Noel Sickles (1933) ou « Don Winslow of the Navy » de Leon A. Beroth, Carl Hammond et Frank V. Martinek (1934), western avec « King of the Royal Mounted » d’Allen Dean et Zane Gray (1935), « The Lone Ranger » d’Ed Kressy et Fran Striker ou « Red Ryder » de Fred Harman (1938), histoire médiévale avec « Prince Valiant » d’Harold Foster (1937), chronique quotidienne et sentimentale avec « Abbie an’ Slats » de Raeburn Van Buren et Al Capp (1937)… Quels que soient les reproches, d’académisme et de maniérisme sur le plan du dessin ou d’exaltation d’un manichéisme systématique sur celui du scénario, que l’on peut encore faire à ses séries pratiquement immortelles, elles n’en demeurent pas moins, encore aujourd’hui, des modèles de lisibilité narrative et graphique.
Toutes ces bandes dessinées, qui ont été poursuivies pendant un nombre d’années non négligeable par différents autres auteurs et qui ont souvent revêtu d’autres patronymes dans les pays où elles ont été massivement importées, relèvent d’un âge d’or néoclassique que la critique des années 1960 et 1970 a, d’ailleurs, porté aux nues ; et ce n’est pas pour rien… Il n’est donc absolument pas étonnant de les voir, à nouveau, mises en valeur ces derniers temps : « il faut dire aussi, qu’aujourd’hui, l’époque se prête à cette forme de revival car, d’une part, nous avons à notre disposition un formidable matériel, d’origine américaine pour la plupart, qui nous permet de réaliser de nouvelles éditions bien plus légitimes que celles réalisées dans le passé et, d’autre part, il semblerait qu’en cette période trouble sur les plans sociaux et économiques, le retour vers les valeurs sûres du passé soit sécurisant pour certains : on a envie de retrouver les racines de cet art, d’en redécouvrir les fondamentaux, de mieux comprendre le travail de ceux qui, comme Foster ou Hogarth, en ont jeté les bases… », nous a expliqué Jean Wacquet, le responsable de la collection Soleil L’Âge d’or. Ainsi, malgré leur construction privilégiant le texte dans l’image à tout phylactère, on peut prendre encore aujourd’hui beaucoup de plaisir à lire, ou relire, les exploits en bande dessinée du « bon sauvage » Tarzan : personnage qui fut créé, en 1912, par le romancier Edgar Rice Burroughs et maintes fois adapté au cinéma (dès 1918 !). La plus célèbre des versions BD mettant en scène ce justicier, protecteur des faibles ou des opprimés et ami des peuples de la jungle, est due à Burne Hogarth ; et les éditions Soleil, après une tentative louable, mais guère satisfaisante dans le mitan des années 1990, la rééditent désormais de fort belle façon (avec les Sunday Pages non censurées)depuis le mois de juin de cette année (voir les chroniques de Cecil McKinley : « Tarzan » T1 par Burne Hogarth et « Tarzan » T2 par Burne Hogarth) ; même si l’on peut regretter le manque évident d’appareil critique ou historique pour resituer l’œuvre dans son contexte : « C’est vrai qu’on a joué l’économie au départ, ne sachant pas très bien où on allait, et que cela manque. Nous allons d’ailleurs rectifier le tir à partir de la réédition des « Tarzan » de Foster ; d’autant plus que le succès semble être au rendez-vous, puisque les ventes oscillent entre trois et quatre mille exemplaires – surtout pour la version de Russ Manning qui a été très majoritairement publiée dans la presse et que les amateurs nostalgiques avaient du mal à retrouver(1) -, pour un tirage d’environ six mille exemplaires », nous a déclaré Jean Wacquet.
Le troisième tome, regroupant les pages dominicales en couleurs d’Hogarth publiées entre le 14 septembre 1941 et le 5 septembre 1943, est déjà disponible.
Et on devrait avoir rapidement droit, ensuite, à la première adaptation bédéesque de ce personnage signée Harold Foster, laquelle fut publiée, à l’origine (le 20 octobre 1928), dans un hebdomadaire britannique (Tit-Bits), avant d’être distribuée aux U.S.A., à partir du 7 janvier 1929, sous la forme d’un strip quotidien, par le Metropolitan Newspaper Syndicate : agence intégrée, dès l’année suivante, dans le beaucoup plus célèbre U.F.S. (United Features Syndicate). Et peut-être même, si le public nécessaire à la rentabilité de l’entreprise est au rendez-vous, à celles dessinées par Rex Maxon (de 1929 à 1936, puis de 1938 à 1947) ou par Bob Lubbers (de 1950 à 1953 ; voir l’article que nous lui avions consacré : « Robin Malone » de Bob Lubbers).
Jean Wacquet a également eu la bonne idée de rééditer l’intégrale du « Prince Valiant » qu’Harold Foster illustra de 1937 à 1971 et qui nous avait déjà été proposée chez Zenda (éditeur qui rejoindra, ensuite, le giron des éditions Glénat), entre 1987 et 1997.
Signalons, toutefois, qu’il s’agit là d’une édition véritablement chronologique, complètement retraduite, nettoyée au niveau des couleurs et agrémentée d’un dossier bien illustré réalisé par Brian M. Kane et d’une interview du dessinateur par Fred Schreiber : un habile mix de l’essentiel de l’édition américaine de Fantagraphics Books et du travail de reproduction d’un éditeur allemand, ceci afin de mettre encore mieux en valeur cette fabuleuse saga historique et romanesque qui donna même lieu à un film réalisé par Henry Hathaway, en 1954. Le héros y évolue (et vieilli) au sein des quêtes légendaires des chevaliers du roi Arthur et chaque case, dépourvue de phylactère, est un véritable tableau ayant sa propre unité dramatique. Le premier volume, qui vient de sortir, contient, sous une belle jaquette, les quatre-vingt-dix-huit premières planches du dimanche en couleurs diffusées par l’agence K.F.S. (King Features Syndicate) entre le 13 février 1937 et le 25 décembre 1938 : soit six planches de moins que dans le premier volume des éditions Zenda où la qualité de reproduction était, cependant, nettement moins évidente. Et Soleil ne va pas s’arrêter là puisque le responsable du label Soleil L’Âge d’or nous annonce, pour le début du mois d’avril 2013, la réédition également chronologique, dans un format à l’italienne, des planches dominicales entièrement re-colorisées du « Flash Gordon » d’Alex Raymond ; le dessinateur s’étant inspiré, à l’origine, d’une nouvelle de Philip Wylie et Edwin Balmer (« When Worlds Collide »). Ce premier tome, où le héros (rebaptisé parfois Guy l’Éclair en France) doit sauver la Terre de l’invasion des troupes de l’empereur Ming, tyran cruel et sanguinaire de la planète Mongo, réunira les Sunday Pages en couleurs diffusés par le K.F.S. (King Features Syndicate), entre le 7 janvier 1934 et le 4 août 1935 ; soit juste avant que les scénarios soient assurés par Don Moore, écrivain de fictions publiées dans les pulps qui assista également Alex Raymond sur les textes de « Jungle Jim » et de « Secret Agent X-9 ». À noter que les planches seront complètement remastérisées, en partant de l’édition anglaise de Titan Books, et seront complétées par un dossier de présentation. Toujours à propos de « Flash Gordon », sachez que l’intégrale des épisodes illustrés par Al Williamson (pour les King Comics de 1966 et 1967, l’adaptation du film de 1980, la mini-série Marvel de 1995…) sera le premier titre de la collection Culture Comics des éditions Neofelis : plus de deux cent vingt pages en noir et blanc, agrémentées d’une préface de Jean Depelley et d’un article de Cecil McKinley, qui devraient être disponibles dès le 15 décembre (voir : http://neofelis-editions.blogspot.fr/).
Outre le fait que deux collaborateurs de bdzoom.com y aient contribué, cette publication est un évènement. Car si la version du « Flash Gordon » d’Alex Raymond a été maintes fois éditée en album en langue française chez Celeg, Serg, Slatkine, Dargaud, J’ai Lu, Futuropolis et Soleil (dans une première édition, là aussi, beaucoup moins satisfaisante que celle qui est annoncée pour 2013), celles de ses successeurs n’ont été que rarement accessibles sous cette forme : au mieux peut-on noter quelques titres dessinés par son assistant Austin Briggs (deux chez Slatkine reprenant la période de septembre 1942 à décembre 1945), par Dan Barry qui assuma la nouvelle adaptation quotidienne du personnage à partir de 1951 (trois chez Hachette entre 1973 et 1974, huit aux éditions des Remparts de 1973 à 1975 et, surtout, un chez l’ANAF avec les planches du dimanche de 1980 ou ce dessinateur est parfois remplacé par son « ghost » Bob Fujitani, ouvrage toujours disponible sur le site http://coffre-a-bd.com) ou par Frank Bolle (un chez Whitman, en 1980, scénarisé par John Wagner). Les travaux d’Al Williamson (qui s’inscrivent, quant à eux, dans la période appelée communément « l’âge d’argent » par les spécialistes) n’avaient été proposés, qu’en partie, chez Dynamisme Press ou aux Deux coqs d’Or, en 1981 (pour l’adaptation du film), et chez DPE, en 1982.
Par ailleurs, une autre célèbre bande dessinée de science-fiction appartenant complètement à cet « âge d’or » néoclassique est proposée, depuis l’an passé, par Le Coffre à BD : il s’agit des premières planches hebdomadaires de « Brick Bradford » (surtout connu, en France, sous le nom de « Luc Bradefer »), distribuées initialement, à partir du 25 novembre 1934, par la Central Press Association, une filiale de la King Features Syndicate : six tomes, allant jusqu’au 27 septembre 1941, sont déjà disponibles et permettent de lire, enfin, l’intégralité de l’histoire intitulée « Le Trésor de Southern » qui avait été interrompue, il y a maintenant soixante-dix ans, lors de sa publication dans Hurrah !.., pour cause de disparition du journal.
Imaginée par le journaliste et chroniqueur sportif William Ritt et illustrée par le graphisme simple et dynamique de Clarence Gray, cette série d’aventures échevelées et fertiles en rebondissements de toutes sortes, où le héros voyage dans le temps et dans l’espace, est apparue, pour la première fois, dans un strip quotidien, le 21 août 1933. Une autre résurrection de chefs-d’œuvre de cet « âge d’or » qui mérite vraiment le détour, c’est l’intégrale des strips quotidiens et pages du dimanche de « Terry and the pirates » de Milton Caniff chez BD Artist(e) : éditeur qui n’est autre que la galerie parisienne Barbier & Mathon ! Avec le tome 3 de trois cent soixante pages au format à l’italienne qui vient de sortir de presse, on aborde une période moins connue que les précédentes (celle de 1939-1940), car peu reprise en albums en langue française : avec l’apparition de personnages clé comme Raven Sherman, Dude Hennick et, surtout, la jeune April Kane dont l’arrivée en Chine va mettre sens dessus dessous la vie de Terry Lee ! Comme les précédents, l’ouvrage est augmenté d’hommages inédits de grands noms de la bande dessinée contemporaine (Laurent Verron, François Avril, Édith…) et de textes biographiques issus de l’édition américaine IDW Publishing ; voir le « Coin du patrimoine » que nous avons consacré à cette série : « Terry et les pirates ». On leur reprochera juste le choix (certainement technique et économique) des dimensions un poil trop petites de l’écrin ; ce qui ne rend pas complètement justice au trait de ce maître du noir et blanc et de la narration. Ce dernier adaptait pourtant son art à celui de la parution dans les journaux qui, à l’origine, publiaient « Terry and the pirates » dans un format légèrement plus grand. Mais bon, c’est juste histoire de pinailler… Autre éditeur ayant préféré s’adonner à l’édition de strips minuscules, Clair de Lune propose, depuis le mois de février, une sélection d’épisodes du « Mandrake the Magician » par Phil Davis et Lee Falk.
Trois tomes sont déjà parus, mais, curieusement, alors que la bande quotidienne, diffusée par le King Features Syndicate, a démarré le 11 juin 1934, suivi par de belles pages dominicales en couleurs dès février 1935 (et c’est celles-là qu’il faudrait rééditer !!!), nous avons aujourd’hui droit à des strips en noir et blanc, certes dus aux créateurs de la série, mais datant des fifties (du 13 mars 1950 au 26 septembre 1953 pour le premier, du 28 septembre 1953 au 31 août 1957 pour le deuxième et de 1953 à 1961 pour le troisième) dont il manque, hélas, plusieurs histoires. Il ne s’agit donc pas d’une véritable intégrale : dommage ! Comme nous l’avons vu en préambule, l’aventure feuilletonesque s’est popularisée en ces années 1930. Non seulement avec les bandes réalistes, mais aussi au sein même des comic-strips déjà existants, dont les graphismes étaient, pourtant, franchement caricaturaux comme ceux de « The Gumps » de Sidney Smith (créés en 1917), « Barney Google » de Billy DeBeck (1919), « Popeye » d’Elzie C. Segar (apparu dans « Thimble Theatre », en 1929), « Alley Oop » de Vincent T. Hamlin (1933) ou « Li’l Abner » d’Al Capp (1934), séries qu’il serait bon, aussi, de penser à rééditer, à l’instar du « Mickey Mouse » que nous proposent les éditions Glénat dans leur luxueuse collection L’Âge d’or de Mickey Mouse, depuis novembre 2011. Prévue en douze volumes de cent vingt-huit pages en grand format (dont cinq, couvrant la période 1936-1944, sont déjà parus), cette « intégrale francophone » – basée sur une édition italienne, dont le rédactionnel accompagnateur est aussi traduit – réunit le meilleur des aventures et des gags de la célèbre souris créée par Walt Disney, scénarisés et dessinés par le grand Floyd Gottfredson : avec, notamment, de nombreuses bandes quotidiennes scénarisées par Bill Walsh et encrées par Dick Moores, lesquelles n’avaient jamais été traduites en français jusqu’à aujourd’hui Le trait rond et efficace de Gottfredson a permis de hisser ce personnage au faîte de sa popularité en bande dessinée, en parallèle de sa carrière dans l’univers du dessin animé.(2)
Seuls quelques irréductibles vont résister à cette vague de nouvelle construction narrative, basée sur une continuité au jour le jour ou semaine après semaine.
C’est, entre autres, le cas des insupportables « Katzenjammer Kids » repris par Harold Hering Knerr dont Michel Lafon propose une compilation sous le titre de « Pim Pam Poum : l’album culte »(3)ou de l’absurde et surréaliste « Krazy Kat » de George Herriman dont un impressionnant recueil des pages hebdomadaires publiées entre 1925 et 1929 vient d’être respectueusement réalisé par Les Rêveurs (voir l’article de Cecil McKinley : « Krazy Kat vol.1 : 1925-1929 » par George Herriman) : encore deux exemples non négligeables de ce revival salutaire des grands classiques de la bande dessinée américaine publiée dans les quotidiens, avant l’avènement des Comics Books et des super-héros !
Gilles RATIER
(1) En 2013, Jean Wacquet va développer, en collaboration avec l’éditeur américain Dark Horse, l’intégrale des « Tarzan » que Russ Manning a produits pour les comic-books de la Western Publishing (pour Gold Key) ; notamment dans Tarzan of the Apes (de 1962 à 1968)…
Il en sera de même pour le strip quotidien que Manning a écrit et dessiné à partir du 11 décembre 1967 (c’est son expérience sur le comic-book Tarzan, et surtout pour son travail sur Korak son of Tarzan, à partir de janvier 1964, qui lui vaudra cette promotion). Cependant, il abandonnera ce strip quotidien, en juillet 1972, pour se consacrer exclusivement à la planche dominicale qu’il avait débutée le 14 janvier 1968 et qu’il dessinera jusqu’au 4 février 1979.(2) Hélas, là encore, le format des strips reproduits est vraiment beaucoup trop petit et il ne s’agit pas d’une intégrale chronologique puisque le premier Daily Strip de « Mickey Mouse » entièrement dû à la main de Floyd Gottfredson date du 5 mai 1930, alors que ce dessinateur remplaçait Win Smith, au pied levé, sur l’épisode « Mickey Mouse in Death Valley ». Il aurait certainement été préférable de s’inspirer de l’édition américaine au format à l’italienne de Fantagraphics Books, certes beaucoup plus coûteuse à réaliser, mais ô combien de fois plus légitime ! Signalons, dans le même ordre d’idées, la poursuite, avec la parution récente du neuvième opus, de l’édition, elle véritablement intégrale et chronologique, des « Donald Duck » de Carl Barks, chez les mêmes éditions Glénat (voir : «La Dynastie Donald Duck» T1) qui viennent aussi de publier, en se basant sur le même principe, le premier album d’une intégrale Don Rosa ; intitulée « La Grande Épopée de Picsou », elle s’inaugure donc avec « La Jeunesse de Picsou », histoire déjà maintes fois rééditée.(3) « Pim Pam Poum : l’album culte » consiste en une compilation de deux cent cinquante pages de gags hebdomadaires signées Harold Knerr, Doc Winner et Joe Musial, accompagnée d’un dossier de présentation de vingt pages plutôt bien documentées ; lequel est, même, le principal intérêt de cette juxtaposition, sans saveur, de planches désuet tes.
En effet, Julien Montserrat nous y raconte l’histoire des « Katzenjammer Kids » qui s’étend sur plus d’un siècle puisque ces personnages sont nés dans les pages de l’American Humorist (le supplément hebdomadaire du New York Journal que venait d’acheter le futur magnat de la presse William Randolph Hearst), sous le crayon de Rudolph Dirks, le 12 décembre 1897 (voir aussi Le paradis retrouvé ou Pim Pam Poum à lîle Bongo) : pages qu’il aurait, là encore, mieux fallu rééditer à la place de celles-ci !
Popeye ne serait il pas apparu en 1929 plutôt qu’en 1919 dans la série Thimble Theatre de SEGAR et Bob FUJITANI ne serait il pas plutot le »ghost » de Dan BARRY sur Flash Gordon ?
Bonjour !
Houlà, là, oui : désolé ! J’ai mal vérifié !!! Je n’ai qu’une excuse : des gros problèmes d’ordinateur m’ont fait précipiter l’écriture de cet article ! Mais bon, c’est pas une raison !!! Je corrige tout de suite !
Encore merci pour vos précisions !
Bien cordialement
Gilles Ratier
Enfin un commentateur qui ose parler de la taille des strips dans les rééditions! C’est un problème qui me travaille depuis longtemps. Je pense en avoir déjà parlé ici et là. J’ai eu lachance de voir quelques bandes quotidiennes au format de reproduction original dans les journaux américains des années ’30 et ’40 et ce que nous servent les intégrales, tant françaises qu’américaines, est trop souvent beaucoup trop petit! A la limite de la lisibilité (voire en deça) pour les textes, et inadéquat pour les dessins. Trop de détails se perdent.
Je sais que c’est pour une question de prix de revient/prix de vente pas trop prohibitif, mais à ce moment là pourquoi ne pas faire davantage de volumes?