PLUS DE LECTURES DU 22 SEPTEMBRE 2008

Notre sélection hebdomadaire : ? Shutter Island ? par Christian de Metter (d’après Dennis Lehane), ? Vinci T.1 : L’ange brisé ? par Gilles Chaillet et Didier Convard, et ? Gully T.1 : Les vengeurs d’injures ? par Alain Dodier et Makyo.

? Shutter Island ? par Christian de Metter (d’après Dennis Lehane) – Editions Casterman (18 Euros)

Fan de romans noirs, Christian de Metter était tout désigné pour faire partie des auteurs, triés sur le volet, qui adaptent, dans la nouvelle et très classieuse collection « Rivages/Casterman/Noir », les meilleurs polars publiés sous la direction de François Guérif. Rien d’étonnant donc à ce qu’il mette en images cette étonnante quête de l’identité, où, dans les années 1950, deux marshals fédéraux sont confrontés aux démons de leur passé. Ils ont pour mission de retrouver l’une des patientes prisonnières de Shutter Island, un îlot abritant un hôpital psychiatrique où sont internés des criminels. Cette femme, accusée d’avoir assassiné ses trois enfants, a disparu de sa cellule fermée à clé de l’extérieur, sans laisser la moindre trace. Empêchés, par une forte tempête, de communiquer avec le continent, les deux enquêteurs se rendent vite compte que le personnel de l’institut tente de les manipuler… L’univers graphique (un lavis, proche d’une certaine forme de peinture) rend tout à fait palpables l’atmosphère pesante et l’hostilité du milieu où se déroule ce sombre huis clos complexe, concocté par le romancier américain Dennis Lehane : voici un très bon travail d’adaptation et d’appropriation d’un texte littéraire en bandes dessinée !

? Vinci T.1 : L’ange brisé ? par Gilles Chaillet et Didier Convard – Editions Glénat (13 Euros)

Pour transformer le génial inventeur Léonard de Vinci en un héros de thriller historique, l’érudit Didier Convard utilise l’une de ses facettes méconnues, quand, en 1494, à Milan, le maître était mêlé à une étonnante série de meurtres impossibles commis par « Le voleur de visages » : un insaisissable tueur qui découpait entièrement la face de ses victimes, après leur avoir poinçonné le cœur de manière très précise. Pour illuminer ce récit malin qui réinterprète habilement la grande Histoire, le scénariste du « Triangle secret » a bénéficié de la collaboration de son ami Gilles Chaillet. Ce spécialiste de l’architecture de la Renaissance met au mieux ses connaissances et son style très détaillé au service de cette enquête minutieuse qui se déroule dans une Italie médiévale remarquablement reconstituée… Et en refermant ce passionnant opus, on se dit que le classicisme en bandes dessinées, cela a quand même du bon !

? Gully T.1 : Les vengeurs d’injures ? par Alain Dodier et Makyo – Editions Dupuis (6 Euros)

J’aimais beaucoup ce petit héros mélancolique, unique habitant à faire preuve d’une profonde amertume dans le beau pays d’Onriflor, puisqu’il y est interdit de manifester sa tristesse. Il fut créé, en 1981, dans Mercredi, hebdomadaire proposé, encarté, dans certains quotidiens de province. Regroupant des signatures qui n’allaient pas tarder à devenir célèbres tels Alain Dodier et Pierre Makyo (les créateurs de ce personnage), mais aussi Lax, Laurent Vicomte, Serge Le Tendre ou Michel Rouge, son existence fut pourtant éphémère… Deux ans plus tard, après cette première apparition, le pauvre « Gully », toujours défendu par son ami Mollo le blableur, se retrouve dans les pages de Spirou, le temps de cinq aventures poétiques à l’humour tendre, que les éditions Dupuis seraient bien inspirées de proposer dans une de ces belles intégrales dont ils ont le secret. Pratiquement 20 ans après, et ceci malgré le succès mitigé obtenu par cette charmante série, ses auteurs reprennent ce héros au gros nez, égaré dans ce Moyen âge plus proche des contes de fées que d’« Excalibur ». Cependant, depuis 1989, le dessin d’Alain Dodier s’est fait moins rond, ayant évolué sous l’influence de sa principale série (« Jérôme K. Jérôme Bloche » dont la teneur est de plus en plus réaliste. Quand au propos de Makyo, il s’attache à mettre en avant un univers moyenâgeux plus merveilleux, où la magie est omniprésente, et qui s’ouvre vers une plus grande liberté de l’imaginaire : au château du roi, les jeunes prétendants défilent pour se présenter et conquérir le cœur de la belle princesse. La fille du monarque jette son dévolu sur un jeune garçon aux cheveux blonds qui commence son initiation de chevalier et dont les parents ont été transformés en statue de chair. En compagnie de l’attachant petit bonhomme qu’est Gully, il va traverser une terrible forêt pour dénicher un antidote chez un sorcier réputé… Dans le même esprit, signalons aussi la très intéressante nouvelle série de Guilhem (au dessin) et de Jean-Louis Janssens (au scénario) : « Zarla » (également publiée aux éditions Dupuis) : de la charmante heroic-fantasy comme on aimerait en lire plus souvent…


Gilles RATIER

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