Quel plaisir, après des années et des années de chroniques sur les nouvelles parutions concernant le 9e art, de continuer à découvrir des auteurs prometteurs qui, d’emblée, semblent vraiment maîtriser les codes narratifs et graphiques de la bande dessinée ! C’est d’autant plus méritoire quand il s’agit d’un premier album en ce domaine : ce qui est le cas de Pierre Alexandrine avec son « Amourante ». Ce dense ouvrage de 230 pages, édité chez Glénat, nous propose un voyage aussi palpitant qu’amusant à travers les époques et les lieux, en remettant en question notre obsession tout à fait compréhensible de plaire perpétuellement et de ne pas mourir…
Lire la suite...« Un peu de bois et d’acier » par Christophe Chabouté

Après ses précédentes expérimentations graphiques et narratives qu’étaient « Construire un feu » et « Tout seul », Christophe Chabouté nous revient avec un pavé de trois cent vingt-huit pages complètement muettes, où il prouve, une fois de plus, son exceptionnelle maîtrise du noir et blanc et sa faconde à raconter une histoire sans utiliser les procédés habituellement utilisés pour nourrir une intrigue !
Il porte, cette fois-ci, son regard particulier sur un simple banc public où vient se frotter le derrière de tant d’anonymes… Il fait, alors, de ce témoin privilégié de l’activité (ou de l’inactivité) humaine, le véritable héros d’un récit où l’on retrouve un peu de la magie, de la rêverie et de la poésie que l’on a pu ressentir, au cinéma, avec les tribulations d’un Jacques Tati, d’un Charlie Chaplin ou d’un Buster Keaton … : ce banc futile en devient alors même attachant, puisqu’il nous rappelle à quel point l’inutile et le quotidien peuvent être beaux, si on y prête vraiment attention !
C’est ainsi que l’on va voir défiler, à travers les jours et les saisons, tous sortes de gens qui s’y arrêtent furtivement ou plus longtemps et qui, même, y reviennent régulièrement : que ce soient des enfants, un couple de retraités, un cadre pressé, un skateur en liberté, un clochard aux prises avec un policier ou « des amoureux qui s’bécotent…, en s’foutant pas mal du regard oblique des passants z’honnêtes… ».
Quoi qu’il en soit, la nature humaine y apparaît toujours de manière positive et c’est d’ailleurs, certainement, ce qui contribue à la réussite de cette bande dessinée contemplative où l’auteur aiguise quand même son trait déjà acéré, vif et nerveux.
D’autant plus que cet exercice de style drôle et singulier flirte, par moments, avec la satire sociale, puisqu’il met en exergue certains travers de notre société, tout en déroulant ces différentes bribes d’existence, sans sensiblerie mais avec humour et émotion.
Gilles RATIER
« Un peu de bois et d’acier » par Christophe Chabouté
Éditions Vents d’Ouest (30 €) – ISBN : 978-2-7493-0655-1