« Meilleurs vœux de Mostar » par Frano Petrusa

À la mort de sa mère, en 1987, Frano Pedrusa s’installe chez sa grand-mère. Trois ans plus tard, elle décède à son tour et c’est dans sa famille, à Mostar, en Bosnie, qu’il trouve refuge et qu’il va vivre son adolescence. Il y revient vingt ans plus tard, vingt ans après une guerre fratricide. Le scénariste et dessinateur redécouvre sa ville encore balafrée par la guerre, son ancien lycée encore en ruines, mais toujours cette cité magnifique vue de collines et se remémore ce qu’il y a vécu d’heureux, de troublant, voire de dramatique.

Petrusa est croate. A cette époque, il a 13 ans et, avec son copain serbe Goran, il découvre la ville et son célèbre pont construit en 1566. Ensemble, ils s’amusent, jouent au basket, dans une ville où vivaient en relative harmonie les catholiques, les orthodoxes et les musulmans. Mais des signes d’intolérance apparaissent ici et là, et révèlent que l’équilibre est fragile. Pour Frano, qui arrive de Zagreb, l’importance de la communauté turque est une révélation.

Tomber amoureux y est comme partout une charmante épreuve, mais quand deux amis sont séduits par la même jeune fille, c’est le début des tracas. Pourtant, comme le dit l’auteur, « ils sont devenus de très bons ennemis » ! Mais Amra est musulmane, et c’est carrément le début des problèmes. Pas pour Frano, pour qui la religion n’est guère importante, mais à Mostar – Goran l’explique à Frano - des territoires se dessinent déjà en fonction des lieux de culte : Serbes, Croates et Bosniaques ont chacun le leur. Si le basket unit ces jeunes, il les aveugle au point de ne pas comprendre que la guerre est proche, attisée par des « crétins » qui expliquent à quel point ils sont tous différents ! Les jeunes commencent à se provoquer, à se battre et, pendant ce temps-là, la Croatie voisine s’embrase…

Le pèlerinage, car c’en est un, est profondément nostalgique. A coups de pinceau colorés, par touches élégantes, Petrusa brosse un tableau enchanté de sa vie à Mostar et de sa jeunesse insouciante. Le célèbre pont de Mostar, sur la Neretva, qu’un obus a en partie détruit en 1993, est plusieurs fois dessiné, jamais de la même façon, l’auteur soulignant ainsi son admiration pour cet ouvrage d’art reconstruit depuis. Des pages plus sombres pointent les moments de désaccords, les tensions, oppositions, les racismes.

Rappelons que Petrusa a déjà abordé ce sujet dans « Guerre et Match », chez Dargaud également. Il y confrontait déjà, avec brio, par le « duel » entre un joueur et son entraineur, lors d’un match de basket situé en 1999, sport et guerre civile, affrontements personnels et épisodes de guerres.

Alors, bon voyage !

Didier QUELLA-GUYOT  ([L@BD->http://www.labd.cndp.fr/] et sur Facebook).

http://bdzoom.com/author/didierqg/

 « Meilleurs vœux de Mostar » par Frano Petrusa

Éditions Dargaud (14, 99 €) – ISBN : 978-2205-06939-6

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