60 ans de hauts faits et gestes pour l’écuyer Johan et son fidèle Pirlouit !

Décidément, le journal Spirou fait tout ce qu’il faut pour que l’on parle sans arrêt de lui ! En effet, le n°3883, à paraître le 12 septembre, célèbre, avec un faste peu ordinaire, les soixante ans de « Johan et Pirlouit », l’excellente série moyenâgeuse créée par Peyo !

Évidemment, la rédaction n’a retenu que la date de la création du personnage de Johan dans l’hebdomadaire des éditions Dupuis (le 11 septembre 1952) car, en fait, c’est le 11 avril 1946 (soit plus de six ans avant) que Peyo lança, dans le quotidien bruxellois La Dernière Heure, un personnage éponyme.

À leur décharge, il faut bien préciser que cette première apparition de Johan était plutôt modeste puisqu’il s’agissait d’un gag en quatre cases, sans parole.

Ce n’est qu’au début de l’année suivante que la série devient « à suivre » dans La Dernière Heure et que Peyo parvint à développer un peu son univers avec deux courtes histoires ou il affina, aussi, le trait de son dessin rondouillard.

Mais cessons d’ergoter et ne boudons pas notre plaisir car ce numéro est rempli de formidables pages hommages, dont certaines sont même réalisées par quelques anciens membres du studio que dirigeât ce géant de l’école franco-belge (François Walthéry, Derib, Marc Wasterlain, Alain Maury…) ou par d’autres vedettes de la vénérable revue dite « de Marcinelle » comme Jean-Claude Fournier, Frank, Christian Darasse, Philippe Bercovici, Frédéric Jannin, Bruno Gazzotti, Sergio Salma…, alors qu’une vingtaine d’autres auteurs issus de la génération suivante s’en donne à cœur joie en multipliant les clins d’œil dans un cadavre exquis qui se révèle un terrain favorable d’expérimentation pour ce que l’on pourrait prendre pour d’éventuelles reprises !

On appréciera, notamment, les demi-pages virtuoses d’Olivier Schwartz (à qui l’on doit aussi la splendide couverture du magazine), José-Louis Munuera, Yoann et Fabien Velhmann, Simon et Jean Léturgie, Fabrice Tarrin, Olivier Saive, Guilhem, Renaud Collin, Rudy Spiessert et Hervé Bourhis, Stan et Vince, Émile Bravo, Libon (qui se fend aussi d’un drôlissime et érudit « Animal lecteur ! »), Matthieu Bonhomme, Fabrice Parme…, les pages entières de Clarke et de Benoît Feroumont (qui intègrent ces personnages dans leurs propres séries : « Mélusine » et « Le Royaume »), ou encore Tébo et Dominique Bertail avec « L’Atelier Mastodonte » (l’ineffable série cornaquée par Lewis Trondheim)…

Enfin, un beau poster encarté dans le journal pourra éventuellement décorer, à bon escient, la chambre de vos charmants bambins et le rédactionnel, déjà bien pourvu en matériel « peyoesque », propose aussi les rares croquis, extraits de scénario, notes éparses et découpage de la première page d’une nouvelle histoire de ses héros qu’avait commencé Peyo et qu’il avait intitulée « Les Barbares » !

Thierry Culliford (le fils de Peyo) et Yvan Delporte n’en retiendront que le thème pour l’album rebaptisé « La Horde du corbeau » que dessinera Alain Maury, après le décès du Maître, et qui sortira, aux éditions du Lombard, en 1994 : ici, il va servir de base pour le cadavre exquis collectif précédemment cité !

Certes, pour nous, la nostalgie joue à fond ; mais vous aussi, courez gaiement acquérir ce numéro vraiment spécial car, finalement, ce n’est que du bonheur !

 Gilles RATIER

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