PLUS DE LECTURES DU 1er SEPTEMBRE 2008

Retour de notre sélection hebdomadaire avec : ? Le maître de Benson Gate T.2 : Huit petits fantômes ?, ? Le mangeur d’histoires ? et ? Red Bridge T.1 : Mister Joe and Willoagby ?.

? Le maître de Benson Gate T.2 : Huit petits fantômes ? par Renaud Garreta et Fabien Nury – Editions Dargaud (13 Euros)

Alors que le premier tome de cette passionnante série plantait le décor de ce qui s’annonçait comme une longue saga familiale, ce deuxième volet met plutôt en avant l’aspect « polar sombre» de cette destinée de deux frères héritiers d’un empire pétrolier acquit à la sueur du front par un grand magnat de Boston, à la fin du XIXème siècle. L’aîné, violent, charmeur et trop impulsif, est prié d’aller se faire voir ailleurs, tandis que le plus jeune entame, avec brio, une carrière de procureur. Mais une enquête sur l’assassinat de la fille d’un riche banquier de la ville va bousculer les donnes : en comprenant qui tire vraiment les ficelles, notre avocat idéaliste, mais arriviste, est confronté à ses contradictions… Entre « Dallas » et « Le parrain », le scénario ambitieux et maîtrisé de Fabien Nury tient toutes les promesses du premier opus, d’autant plus qu’il est parfaitement servi par le trait réaliste de Renaud Garreta, lequel est de plus en plus soigné et de mieux en mieux mis en valeur par les couleurs justes de Jean-Jacques Chagnaud : du très bon boulot qui ravira les amateurs de bonnes histoires bien dessinées !

? Le mangeur d’histoires ? par Fabrice Lebeault – Editions Dupuis (15 Euros)

Voici un étrange et fascinant hommage aux feuilletons populaires des siècles précédents, doublé d’une réflexion sur l’écriture et sur la critique littéraire, le tout sous la forme d’un délicieux one-shot, au format proche de celui des romans… Excédé par le succès rencontré par les récits d’un écrivaillon qu’il juge médiocre, le critique en vue Fortuné d’Hypocondre se fait un plaisir d’étriller cette piètre littérature digne des romans de gare. Dans sa tribune, il caricature l’un des protagonistes de ces intrigues à deux sous, un certain « Le Corbeau », sous la forme d’une vulgaire pie voleuse qui pillerait les arguments de ses histoires rocambolesques dans les livres déjà publiés par ses honorables collègues. Seulement voilà, notre littérateur excédé, qui, bien entendu, aimerait faire, lui aussi, œuvre originale et être reconnu par ses pairs, est hanté par ce personnage fictif qu’est « Le Corbeau ». Ce dernier, ne supportant plus la médiocrité de ses aventures, le supplie de l’aider ; ceci afin d’obliger son créateur à lui rendre la place qu’il mérite : devenir un génie du mal et le véritable héros de ces histoires aussi rebondissantes que convenues… A la fois maîtrisé et décalé, ce récit, qui évolue dans un XIXème siècle fantastique, reste passionnant de bout en bout. D’autant plus qu’avec son style élégant, qui passe agréablement du réalisme à la caricature et à l’onirisme (tout comme son scénario, d’ailleurs), Fabrice Lebeault retrouve enfin la verve et l’originalité narrative qui faisait tout le charme de sa première œuvre : « Horologiom »…

? Red Bridge T.1 : Mister Joe and Willoagby ? par Gabriele Gamberini, Maryse et Jean-François Charles – Editions Casterman (12,50 Euros)

Aaarrrggglll… Cet alléchant psycho-thriller concocté par le couple Charles (« Les pionniers du Nouveau Monde », « India Dreams », « War and Dreams »…) est une belle surprise, mais ce n’est que le premier tome d’un diptyque qui nous laisse au beau milieu d’un suspense insoutenable… En 1963, pour des raisons professionnelles, un représentant en parapluie retourne à Red Bridge, petite ville de l’état du Vermont où il a fait ses études. Dans le bus qui l’amène à destination, il fait la connaissance d’un archiviste de presse à la retraite (Aaron Willoagby), accompagné d’un chat au caractère épouvantable (Mister Joe). Aussi étonnant que bavard , le documentaliste lui apprend les morts, accidentelles et suspectes, survenues aux anciens élèves de sa promotion. Avec la guerre du Vietnam comme toile de fond, ce prélude à un récit plutôt malin est situé dans un lieu aux fausses ambiances paisibles, peuplé de personnages truculents aux personnalités ambivalentes : un peu comme dans le feuilleton « Twin Peaks »… Outre la qualité de l’intrigue et des dialogues, signalons aussi la belle performance graphique, légèrement surréaliste, de l’Italien Gabriele Gamberini : son travail à l’acrylique inspiré par les peintres américains du début du siècle dernier (son style s’apparente un peu à celui de Christian de Metter, lequel revêt également les mêmes influences picturales) peaufine l’atmosphère étouffante du récit et l’expressivité des protagonistes : bravo !

Gilles RATIER

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