Créé par l’écrivain irlandais Bram Stoker en 1897 — et inspiré par le personnage historique du comte Vlad III de Valachie, qui vécut au XVe siècle —, « Dracula » s’apparente autant à un roman qu’à une étude ethnologique ou géographique : l’auteur décrivant pourtant la Transylvanie, sans jamais être allé dans cette région austro-hongroise, en se documentant uniquement dans des bibliothèques. En effectuant un retour aux origines du mal présentes dans l’œuvre originale, tout en s’inspirant librement, cette version — sous-titrée « L’Ordre du dragon » — est une somptueuse bande dessinée d’horreur coéditée par Glénat et Lo Scarabeo.
Lire la suite...« Piège nuptial » par Christian De Metter et Douglas Kennedy
Il y a des types qui ont la poisse, qui s’enferrent dans des situations pas possibles. C’est le cas de Nick, un Américain. Il ressent le besoin de faire un break, alors il plaque tout, le Maine et son boulot de journaliste, puis il regarde une carte et son œil tombe sur l’Australie ! Il y est, bel et bien, à présent, et jusqu’au cou car avec son combi acheté d’occasion à Darwin où il séduit une jeune femme qui n’a pas froid aux yeux. Imaginée par Douglas Kennedy dans son premier roman initialement intitulé « Cul-de-sac » et adapté au cinéma sous le titre « Welcome to Woop Woop », la spirale infernale, commence juste…
Angie, qui n’a pas tout d’un ange, lui parle de son bled, Wollanup, « un petit patelin en plein centre de l’Australie, au fin fond d’un putain de désert, là où personne ne vit », là où, même, « les lois australiennes n’ont pas cours». Wollanup, ses 53 habitants et des voisins à 700 bornes ! Ça vend du rêve ! Bon gré, mal gré – plutôt « mal gré » -, Nick va découvrir ce village charmant et ses hôtes qui ont un sens de l’accueil plutôt personnel et musclé. Le voilà pris dans un engrenage familial et tribal particulièrement sordide qu’on se gardera bien de raconter.
Pour sortir de ce « nouveau monde », c’est compliqué, d’abord parce que Nick est pour ainsi dire marié à Angie et qu’il faut se taper 400 km de caillasse avant d’atteindre la Nationale et d’espérer se sauver ! L’enfer et quelques tarés, tout ça pour une auto-stoppeuse sexy et quelques kangourous ! Bref, un récit entre « Délivrance » et « Fantasia chez les Ploucs ».
Déjà remarquable sur « Shutter Island », en 2008, ou dans « Scarface », en 2011, dans la collection «Rivages / Casterman / Noir », le graphisme de Christian De Metter, toujours en aquarelles et en couleurs directes, dégage une puissance oppressante (et des émotions proches du dégoût quand le récit l’impose). De Metter a en effet le sens de la couleur délavée, jouant aussi bien de la lumière que de l’ombre, du contour précis des visages que du confus des décors. Il parvient à dégager l’atmosphère du vide surchauffé du bush australien que la chaleur poisseuse d’une baraque en bois…
Alors, bon voyage !
Didier QUELLA-GUYOT ([L@BD->http://www.labd.cndp.fr/] et sur Facebook).
http://bdzoom.com/author/didierqg/
« Piège nuptial » par Christian De Metter et Douglas Kennedy
Éditions Casterman (18 €) – ISBN : 978-2-203-04445-6