« Shi Xiu » par Wu Qing Song et Nicolas Meylaender

La mer de Chine reste toujours un lieu privilégié de la piraterie. Rares sont les femmes ayant tâté de ce « métier » peu reluisant. Pourtant, au début du 17e siècle, Shi Xiu s’est fait remarquer comme l’une des plus grandes pirates avec, sous ses ordres, plus de soixante mille hommes. C’est l’histoire romancée de la légendaire reine des pirates que Nicolas Meylaender et Wu Qing Song nous proposent au travers d’une série maritime dépaysante.

Le premier tome nous explique comment Shi Xiu, jeune prostituée de la ville de Guangzhou (province de Canton en Chine) réussit à faire alliance avec Zheng Yi. Ce pirate, arrivé par le fleuve Shiziang, a saccagé son quartier et dépouillé la maison close qui l’abritait. Du coup, son mariage avec un notable de la région n’est plus d’actualité. Ambitieuse et ne pouvant plus espérer un haut rang de manière traditionnelle, elle se range du côté des brigands avec, comme aspiration, de prendre leur tête.
Le second tome narre ses premiers faits d’armes ainsi que l’excellence de sa stratégie. Entre lutte de pouvoir, jalousie et alliance forcée, Shi Xiu aura beaucoup à faire pour résister à cette pression constante venant de ses ennemis, mais également de son clan.

Basée sur des faits historiques, cette bande dessinée nous ramène deux cents ans en arrière dans la Chine médiévale. L’histoire se déroule principalement à bord du bateau de Zheng Yi ; du coup, peu de panoramas à observer, seulement de l’eau à perte de vue et quelques îles qui agrémentent le paysage naturel. Pourtant, le dépaysement est total. Le bateau, pièce maîtresse de l’aventure et moyens de locomotion obligatoire, est représenté de manière réaliste ; tout comme les protagonistes, magistralement mis en scène par le dessinateur chinois Wu Qing Song. Il maîtrise son sujet, c’est indéniable. Les vêtements d’époques sont fidèlement reproduits, tout en conservant un trait dynamique. Quant à la mise en couleurs, elle est soignée et offre des tons chauds, sans être bariolée à outrance, comme cela pourrait vite arriver avec les vêtements asiatiques faits d’étoffes aux couleurs criardes, vues de l’occident.

Si le dessinateur est d’origine asiatique, le scénariste, Nicolas Meylaender, est, lui, bien européen. Il a su s’emparer de ce personnage historique pour raconter une aventure grandiose. Il a clairement mis l’accent sur les personnages et non les lieux, cela se ressent immédiatement. Du coup, même si la partie graphique a été confiée à un auteur chinois, cette bande dessinée reste dans l’esprit franco-belge. Le format traditionnel cartonné est là pour renforcer cette sensation. Sans rien connaître de l’Asie ou des faits historiques évoqués, le lecteur peut se plonger, sans peine, dans l’aventure.

Loin des stéréotypes donnés aux bandes dessinées venues d’Asie, « Shi Xiu » nous amène dans un voyage vers le passé, dans la partie la plus dangereuse de la mer de Chine. Amateur de piraterie et de voyages au long cours, vous ne serez pas déçus.

Alors…, bons voyages.

Gwenaël JACQUET


« Shi Xiu » par Wu Qing Song et Nicolas  Meylaender 
Tome 1 : « Face à face » : ISBN : 978-2-35966-042-5
Tome 2 : « Alliances »  : ISBN : 978-2-35966-043-2
Édition Fei (13,90 € l’un)

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