L’eau est essentielle à la vie et, pourtant, tout concoure à la gaspiller, à la dégrader, au point de se demander si on ne risque pas très vite d’en manquer. Dans certains pays, changement climatique et sécheresse rendent le sujet encore plus inquiétant. Même en Bretagne, région pourtant bien arrosée, le sujet est préoccupant et l’album « L’Urgence de l’eau », sous-titré « Enquête à la source », fait un utile tour de la situation, de ce qui pourrait aboutir à la « guerre de l’eau »…
Lire la suite...« Esteban » T4 (« Prisonniers du bout du monde ») par Matthieu Bonhomme
Créé, en 2005, pour l’éphémère mensuel Capsule Comique des éditions Milan, « Le Voyage d’Esteban », dû au seul Matthieu Bonhomme (puisqu’il est ici à la fois dessinateur et scénariste), se composa d’abord de deux histoires de trente-huit planches réunies en albums chez cet éditeur éducatif, lequel venait juste de rejoindre le groupe Bayard. Au début du XXe siècle, Esteban, jeune berger indien de Patagonie, décide d’embarquer à bord d’un navire de chasse à la baleine, pour subvenir à ses besoins après le décès de sa mère. Il va donc vivre, désormais, la grande aventure du côté de la Terre de feu, archipel glacial et hostile, où les montagnes et la mer se rencontrent dans le fracas des vagues qui se brisent sur les rochers…
En 2009, après la disparition de ce périodique, la série trouve asile au journal Spirou où elle est rebaptisée, plus simplement, « Esteban ». Après avoir publié le troisième épisode en album, les éditions Dupuis rééditent aujourd’hui les deux premiers (avec une nouvelle maquette et complétés par deux courts chapitres initiaux inédits) pour accompagner le lancement de ce tome 4, certainement le plus réussi de la saga !
Inspiré par les écrits d’Henry de Monfreid mais aussi par ceux de Robert-Louis Stevenson, Herman Melville, Joseph Conrad ou Jack London, Matthieu Bonhomme caressait depuis longtemps l’envie de créer et de développer une série maritime. Or, si les trois premiers récits nous embarquent bien sur les flots antarctiques, ce « Prisonniers du bout du monde » se déroule presque entièrement sur la terre ferme : les hommes d’équipage du baleinier, accusés de piraterie, ayant été emprisonnés au bagne d’Ushuaïa, pénitencier où l’auteur a passé une quinzaine de jours pour se documenter. Notre héros, qui n’était pas à bord lors de l’opération, parvient à se faire engager comme gardien afin de pouvoir faire évader ses compagnons ; c’est alors qu’une étrange complicité le lie à la femme malade du cruel général dirigeant la prison…
La mise en pages et en images grandiose, entre modernité et classicisme, tout comme la narration aussi détaillée qu’efficace, nous confirme que le dessinateur du « Marquis d’Anaon » (avec Fabien Vehlmann chez Dargaud) ou de « Messire Guillaume » (avec Gwen de Bonneval chez Dupuis) est bien un grand de la bande dessinée contemporaine ! D’autant plus qu’avec ce nouvel opus qui s’adresse à un public très large, et bien plus « adulte » que les trois premiers, il a su aller directement à l’essentiel ! Nous assénant une fois de plus son formidable travail sur les reliefs et les ombres (où il progresse encore, à l’instar de son héros qui ne cesse de grandir au fur et à mesure de son parcours initiatique), il réussit à rendre tous ses personnages attachants (en les ancrant dans une époque très dure et difficile) et à nous délivrer nombre de messages humanistes et optimistes !
Gilles RATIER
« Esteban » T4 (« Prisonniers du bout du monde ») par Matthieu Bonhomme
Éditions Dupuis (12 €) – ISBN : 978-2-8001-4737-6
Le tome 3 a été également prépublié dans spirou. J’ai trouvé cette bd remarquable par le dessin et les couleurs sont elles aussi ramarquables pour faire passer le froid des espaces glacés ou se passent ces deux histoires.