Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« Jacques Gipar » T3 (« Une 2 CV pour Luciano ») par Jean-Luc Delvaux et Thierry Dubois
Quoi de plus facile pour se déplacer qu’une auto, surtout si on veut voyager à la fois dans le temps et dans l’espace ? Conduire une 2 CV Citroën ou Aronde Simca, c’est en effet à coup sûr faire un voyage dans le temps. L’évidence s’impose à la lecture de la série « Jacques Gipar » et du dernier tome paru : « Une 2 CV pour Luciano ». Le scénariste, Thierry Dubois, propose, qui plus est, dans la même collection «Calandre un « C’était la Nationale 7 » qui mérite le détour (comme dirait le guide Michelin)…
Reprenons : avec Jacques Gipar, journaliste spécialisé dans les affaires judiciaires, ce sont des enquêtes automobiles qui priment, dans le sens où il n’y est pas question d’interroger des suspects mollassons ou d’enquêter sur des indices statiques. Non ! Ici, il faut que ça bouge, que ça roule, que ça se poursuive sur de routes campagnardes et sinueuses, celles des années 50, au volant de voitures mythiques, mais populaires. Dans la lignée d’un Tillieux et de son « Gil Jourdan », c’est à un véritable festival de vieilles voitures françaises qu’on assiste dans des décors minutieusement reconstitués.
Après « Le Gang des Pinardiers » qui évoquait le vol sur la Nationale 7 de ces camions citernes qui ravitaillaient la capitale en vin (surnommés les « pinardiers »), le tome 2, « Le Retour des Capucins », nous promenait entre Chalon-sur-Saône et Saulieu sur la piste d’un ancien bagnard. Dans ce troisième opus, ce sont quatre histoires courtes, l’une située entre Nevers et Pouilly-sur-Loire, la seconde sur la côte d’Azur (et la route Napoléon), la troisième se cantonnant à la forêt de Fontainebleau. Enfin, l’histoire qui donne son titre à l’album présente une enquête sur fond de projets autoroutiers, du côté d’Apt (Vaucluse).
Entre chacune des histoires, Thierry Dubois propose un page documentaire sur les lieux et les véhicules. Pas étonnant que ce passionné de Nationale 7 propose dans la même collection un livre d’une érudition étonnante : « C’était la nationale 7 ». Pas moins de 206 pages de commentaires et de documents retracent ville après ville, village après village, d’auberge en relais routier, la route Paris Côte d’Azur. La passion de l’auteur pour cet axe stratégique pour les vacanciers parisiens (1000 kilomètres pour rejoindre la Méditerranée et l’accent marseillais) est née d’un besoin de documentation et, comme il l’explique en préface : « Le hobby est devenu une passion, et j’ai commencé à parcourir régulièrement la Nationale 7, puis la Nationale 6 car j’ai vite compris qu’elles étaient indissociables. J’ai rencontré beaucoup de monde, des riverains, des historiens, des passionnés et des élus qui sont souvent devenus des amis ». Carte routières, cartes postales, bornes et panneaux de signalisation, photos d’époque… sont  accompagnés de dessins de Thierry Dubois.
La série « Jacques Gipar », classique dans la forme et la narration, nostalgique pour certains lecteurs, n’en reste pas moins nourrie de pages dynamisées par ces véhicules rondouillards, s’affrontant, se bignant, faisant des tonneaux, se fracassant, pour des séquences très cinématographiques. Alors, avec Gipar, j’y pars ? Pourquoi bouder son plaisir, d’autant que la collection Calandre réédite la série « Mauro Caldi » de Lapière et Constant, que Gilles Ratier évoquait ici-même il y a quelques mois à propos des premières BD de Denis Lapière (in « Le Coin du patrimoine »). « La Baie des menteurs », quatrième volet, vient de paraître : les années 50 et l’extrême sud de la péninsule italienne, voilà encore une occasion de voyager dans le temps et l’espace. Mais ici, ce sont les rugissements de véhicules autrement plus racés qui secouent la torpeur des villages de pêcheurs !
Alors, bons voyages… et bonne route !
Didier QUELLA-GUYOTÂ ([L@BD->http://www.labd.cndp.fr/] et sur Facebook).
http://bdzoom.com/author/didierqg/
« Jacques Gipar » T3 (« Une 2 CV pour Luciano ») par Jean-Luc Delvaux et Thierry Dubois
Éditions Paquet (13,50 €) – ISBN : 978-2-88890-407-6
 « C’était la nationale 7 » par Thierry Dubois
Éditions Paquet (30 €) – ISBN : 978-2-88890-485-4
A compléter avec : http://routenationale7.blogspot.fr/
NB : Voir aussi, sur bdzoom.com, la présentation d’une autre série de la collection Calandre : « Enquêtes auto de Margot ». Â
Bonjour,
Merci beaucoup pour cette chronique. Jean-Luc et moi avaons beaucoup de plaisir à créer les aventures de Jacques Gipar. Et, si cela peut faire plaisir aux lecteurs, sachez que le quatrième tome verra notre héros plongé dans une enquête criminelle, dans la région d’Amiens…
Amicalement, TD
Bravo: série formidable! Le 3e volume est celui qui m’a le plus plu! Vivement le 4e.
A quand la Nationale vers St Brieuc et celle vers Limoges?
Cordialement,
Gilles le fada
Il s’&agit de la N12 qui me mène chez mon regretté grand-père et de la N20 qui me conduit vers mon ami et ancien collègue GC.
Gilles )=
Mais la N16 qui passe presque chez moi à StLeu-La-Forêt pour aller voir mon beau-frère anglais en passant par Boulogne va bien aussi.
Gilles )