Bo Doï n°68 – Novembre 2003

Annoncé à gros bruits (de moteur ) en couverture, le retour du Joe Bar team ne constitue pourtant pas la grosse cylindrée de ce Bo Doï pétaradant.

Pourquoi ? D’abord parce que Bar2 semble assez peu goûter au jeu de l’interview, malgré ses treize années d’absence et de quasi silence. Jean-Pierre Fueri a beau lui coller à la roue, le plus dilettante des auteurs du paysage franco-belge semble n’avoir rien à dire de son art, d’autant qu’il ne le considère pas comme tel. Reste en filigrane une modestie et un détachement qui vous rendent le personnage sympathique malgré un discours curieusement désincarné où le chantre de la vitesse motorisée, manifestement assagi, part dans des considérations de sécurité routière très politiquement correctes, malgré quelques jolis morceaux de bravoure où l’on rit franchement. Le succès comme un cul de poids lourd impossible à éviter au sortir d’un virage. Voilà ce qui ressort – une fois de plus est-on tenté d’écrire – de cette interview de Bar2. Dommage.

A ne pas rater : plus enflammée et passionnée – et sur 9 pages s’il vous plaît – l’entretien avec Etienne Davodeau est par contre un pur moment d’érudition gouailleuse. Très en verve pour parler de l’adaptation d’un roman méconnu de Brassens – La tour des miracles, dessiné par Prudhomme
- l’auteur de Rural ! donne la réplique à un Jean-Marc Vidal manifestement passionné lui-aussi par le sujet. Ce qui donne généralement de belles interviews. Et c’est le cas ici.

A ne pas rater bis : un papier en page 8, qui par comparaison détonne lorsque l’on connaît les chiffres de vente ébouriffants du Joe Bar Team (2,4 millions d’album), papier signé Lise Benkemoun, qui nous annonce la fermeture du studio Disney de Montreuil-sous-bois. Et alors me direz-vous ? Au moins les nombreux auteurs qui y officient ou y officiaient – entres autres Pedrosa, Kéramidas, De Crecy, Guarnido – auront le temps de s’atteler à leurs albums et ainsi de moins faire attendre leurs fans. Sauf qu’à ce stade de la compétition, il pourrait ne plus y avoir d’album du tout. car c’était le studio Disney qui permettait à de nombreux auteurs de vivre, puisque comme le rappelle Pierre Alary, auteur chez Soleil, « à moins de cinquante mille exemplaires par album, on ne peut pas vivre de la BD, et malheureusement on a pas tous cette chance. ».

Coté BD : un casting irréprochable, avec Cuervos tome 2, Cotton Kid tome 6 et Le tueur tome 5

La phrase du jour : elle est signée Sagamore Stevenin, l’interprète de Michel Vaillant au cinéma (sortie le 19 novembre). A la remarque de Sophie Goui, qui lui fait remarquer que « les adaptations de BD au cinéma on actuellement le vent en poupe », Stevenin rétorque : « C’est peut-être parce qu’on manque de bons scénarios et d’idées. ». Jean Graton a du apprécier !  

Damien Perez

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