Créé par l’écrivain irlandais Bram Stoker en 1897 — et inspiré par le personnage historique du comte Vlad III de Valachie, qui vécut au XVe siècle —, « Dracula » s’apparente autant à un roman qu’à une étude ethnologique ou géographique : l’auteur décrivant pourtant la Transylvanie, sans jamais être allé dans cette région austro-hongroise, en se documentant uniquement dans des bibliothèques. En effectuant un retour aux origines du mal présentes dans l’œuvre originale, tout en s’inspirant librement, cette version — sous-titrée « L’Ordre du dragon » — est une somptueuse bande dessinée d’horreur coéditée par Glénat et Lo Scarabeo.
Lire la suite...« Olympe de Gouges » par Catel et José-Louis Bocquet
Après avoir évoqué le parcours et le rôle singulier de Kiki de Montparnasse dans le monde artistique parisien de l’entre-deux-guerres, le duo Catel-Bocquet fait encore merveille en s’attaquant à un autre biopic d’une attachante personnalité féminine : l’humaniste Olympe de Gouges, dont la forte contestation, en ces années de Terreur, la mena à l’échafaud…
Ces quatre cents pages de bandes dessinées (auxquelles il faut en rajouter quatre-vingt de documents biographiques annexes) sont publiées, comme « Kiki de Montparnasse », dans la belle collection Écritures des éditions Casterman.
Fort de sa cinquantaine de chapitres évoquant telle ou telle anecdote ou passage important de la vie de cette grande figure féministe du XVIIe siècle, ce lourd pavé restitue, chronologiquement et par petites touches, la trajectoire de celle qui naquit Marie Gouze, à Montauban, le 7 mai 1748, dans une famille de bouchers ; suite à une relation adultérine de sa mère (Anne-Olympe Mouisset) avec le marquis Jean-Jacques Lefranc de Pompignan (qui deviendra, plus tard, académicien). Très vite mariée, mère et veuve dans la foulée, la jeune femme prend le nom d’Olympe de Gouges, en hommage à sa mère. Elle monte alors à Paris et écrit une centaine de textes, dont plusieurs essais et pièces de théâtre, qui seront, pour la plupart, en faveur du droit des femmes ; notamment sa fameuse « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne », écrite en 1791, deux ans avant d’être condamnée à la guillotine.
Outre le fait d’être l’inventrice de ce combat, étant même l’une des premières à plaider en faveur du divorce, Olympe de Gouges va s’engager plus largement contre l’esclavage, vivant pleinement l’influence des Lumières (Voltaire, Rousseau…) et multipliant les soupirants et les amants… Et la passion des auteurs pour cette femme libre transparaît dans les moindres séquences, lesquelles sont toutes rigoureusement articulées autour d’une documentation sans faille. Une fois de plus, les deux complices ont su rendre toute la modernité de cet attachant personnage historique (hélas, connu seulement d’une élite) ; notamment grâce à la sensibilité ou à la justesse de la narration et à l’élégance ou à l’efficacité du trait ; sans parler de la finesse et de la minutie de ce dernier qui nous fait penser, parfois, aux gravures ou eaux-fortes de l’époque, mais dans un style bien plus libéré !
Gilles RATIER
« Olympe de Gouges » par Catel et José-Louis Bocquet
Éditions Casterman (24 €) – ISBN : 978-2-203-03177-7
Signalons, par ailleurs, que Catel et José-Louis Bocquet ont été les lauréats du prix BD de la Ville de Limoges, lors du salon du livre « Lire à Limoges 2012 » pour « Olympe de Gouges » ; voir la vidéo en cliquant ici : http://www.dailymotion.com/video/xptili_7-a-lire-emission-speciale-avec-catel-et-bocquet-et-gilles-ratier_tv