Par les temps qui courent, il est rare qu’un éditeur se lance dans une saga aux allures classiques prévue en plusieurs volumes. Pourtant, Futuropolis a déjà financé les scénarii des six ouvrages nécessaires à l’épopée de « L’Ange corse », lesquels sont d’ores et déjà écrits, et les trois premiers opus sortiront en l’espace d’une seule année… Rien que pour cela — mais pas que… —, saluons la parution du premier tome de « L’Ange corse » : l’histoire d’un orphelin corse qui doit s’expatrier dans l’Indochine des années 1930, pour échapper à une vendetta. Le jeune insulaire est recueilli, à Saigon, par un riche commerçant et propriétaire terrien natif d’Ajaccio : mais sous sa façade respectable, cet homme, bien installé, trempe dans le proxénétisme et le trafic de stupéfiants…
Lire la suite...« Olympe de Gouges » par Catel et José-Louis Bocquet

Après avoir évoqué le parcours et le rôle singulier de Kiki de Montparnasse dans le monde artistique parisien de l’entre-deux-guerres, le duo Catel-Bocquet fait encore merveille en s’attaquant à un autre biopic d’une attachante personnalité féminine : l’humaniste Olympe de Gouges, dont la forte contestation, en ces années de Terreur, la mena à l’échafaud…
Ces quatre cents pages de bandes dessinées (auxquelles il faut en rajouter quatre-vingt de documents biographiques annexes) sont publiées, comme « Kiki de Montparnasse », dans la belle collection Écritures des éditions Casterman.
Fort de sa cinquantaine de chapitres évoquant telle ou telle anecdote ou passage important de la vie de cette grande figure féministe du XVIIe siècle, ce lourd pavé restitue, chronologiquement et par petites touches, la trajectoire de celle qui naquit Marie Gouze, à Montauban, le 7 mai 1748, dans une famille de bouchers ; suite à une relation adultérine de sa mère (Anne-Olympe Mouisset) avec le marquis Jean-Jacques Lefranc de Pompignan (qui deviendra, plus tard, académicien). Très vite mariée, mère et veuve dans la foulée, la jeune femme prend le nom d’Olympe de Gouges, en hommage à sa mère. Elle monte alors à Paris et écrit une centaine de textes, dont plusieurs essais et pièces de théâtre, qui seront, pour la plupart, en faveur du droit des femmes ; notamment sa fameuse « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne », écrite en 1791, deux ans avant d’être condamnée à la guillotine.
Outre le fait d’être l’inventrice de ce combat, étant même l’une des premières à plaider en faveur du divorce, Olympe de Gouges va s’engager plus largement contre l’esclavage, vivant pleinement l’influence des Lumières (Voltaire, Rousseau…) et multipliant les soupirants et les amants… Et la passion des auteurs pour cette femme libre transparaît dans les moindres séquences, lesquelles sont toutes rigoureusement articulées autour d’une documentation sans faille. Une fois de plus, les deux complices ont su rendre toute la modernité de cet attachant personnage historique (hélas, connu seulement d’une élite) ; notamment grâce à la sensibilité ou à la justesse de la narration et à l’élégance ou à l’efficacité du trait ; sans parler de la finesse et de la minutie de ce dernier qui nous fait penser, parfois, aux gravures ou eaux-fortes de l’époque, mais dans un style bien plus libéré !
Gilles RATIER
« Olympe de Gouges » par Catel et José-Louis Bocquet
Éditions Casterman (24 €) – ISBN : 978-2-203-03177-7
Signalons, par ailleurs, que Catel et José-Louis Bocquet ont été les lauréats du prix BD de la Ville de Limoges, lors du salon du livre « Lire à Limoges 2012 » pour « Olympe de Gouges » ; voir la vidéo en cliquant ici : http://www.dailymotion.com/video/xptili_7-a-lire-emission-speciale-avec-catel-et-bocquet-et-gilles-ratier_tv