« Alger la noire » : la BD de Jacques Ferrandez tirée du polar de Maurice Attia sortira le 28 mars.

Trois ans après « Terre Fatale », qui refermait ses « Carnets d’Orient », et « L’Hôte », adaptation d’une nouvelle d’Albert Camus, Jacques Ferrandez adapte un roman policier sombre et chaud, situé à Alger en 1962, dans les derniers mois de l’Algérie française.

« J’avais envie de revenir au polar, nous indique le dessinateur des premiers « Commissaire Raffini », mais pas forcément de me replonger dans l’atmosphère de la guerre d’Algérie. J’ai tout d’abord jeté un coup d’œil sur les ouvrages publiés chez Rivages, parmi lesquels j’ai trouvé 3 ou 4 titres qui auraient peut-être pu convenir. » Après réflexion, notamment sur la forme graphique à adopter ou le contenu peu adapté à son univers,  l’auteur des « Carnets d’Orient » n’est finalement pas convaincu par cette sélection. « Et puis, nous révèle-t-il, j’avais cette envie d’adapter « Alger la noire » qui me trottait dans la tête ». Jacques Ferrandez connaît, en effet, bien Maurice Attia et son roman policier, publié chez Actes Sud, qu’il souhaite mettre en images depuis longtemps : « et on arrivait en 2012, année du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie. C’était le moment de se lancer dans ce projet », nous explique-t-il.

L’histoire se déroule donc en 1962, sur fond de fin de guerre d’Algérie et d’attentats de l’OAS : trois lettres gravées au couteau sur le dos d’un homme arabe retrouvé mort en compagnie d’une Européenne sur une des plages d’Alger. L’inspecteur Paco Martinez, d’origine espagnole, mène l’enquête flanqué de l’irascible Choukroun, le vieux flic juif qui lui sert de mentor. Leurs investigations les conduiront dans les coulisses et les arrières cours bien peu reluisantes de la grande ville.

Pour Jacques Ferrandez, le défi est de taille : « réussir, en un an, à  adapter les 400 pages que comporte le roman, travailler sur une  pagination importante et totalement inhabituelle pour moi – l’ouvrage comporte 128 pages -, et m’adapter à un nouveau format de publication et une forme proche du roman graphique. ». L’auteur des « Carnets d’Orient » décide alors de reprendre la structure du roman vers une linéarité narrative et d’en supprimer les narrateurs d’origine. Il supprime également certaines séquences et en concentre d’autres ; un choix validé, après discussions, par Maurice Attia. Coté graphique, le dessinateur travaille, beaucoup plus qu’à l’accoutumée, ses crayonnés, « pour amener un trait plus lâché, proche de celui de la nouvelle génération d’auteurs », éliminant notamment l’alternance dont il avait pris l’habitude, dans « Carnets d’Orient », entre les grandes aquarelles et les cases de BD. Il se livre également à un découpage très précis, à la différence, une nouvelle fois, de ses « Carnets d’Orient », « que je travaille comme un feuilletoniste, sans forcément connaître la fin de l’histoire quand je la débute ! » Au final, un an de travail acharné, dont Jacques Ferrandez sort épuisé, mais satisfait. L’album, réussi et sur lequel nous reviendront quand il sera sorti, saura surprendre ses lecteurs, par sa fluidité et sa dynamique, mais aussi par son coté très « noir » et une crudité très inhabituelle chez l’auteur.

Laurent TURPIN, avec un tout petit peu de Gilles RATIER

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