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« Pour un peu de bonheur » T1 (« Félix ») par A. Dan et Laurent Galandon

19/03/2012
Par Gilles Ratier

Depuis son premier diptyque « L’Envolée sauvage » (réalisé avec un autre jeune talent, le dessinateur Arno Monin, pour les éditions Bamboo, en 2006), Laurent Galandon s’est imposé, en six petites années, comme l’un de nos plus intéressants scénaristes : en élargissant, avec sensibilité, des sujets portés sur une certaine réflexion et un nécessaire devoir de mémoire ; notamment dans le label Grand Angle des mêmes éditions Bamboo.

Privilégiant autant la forme que le fond avec des thèmes forts mais accessibles pour un large public, il est soutenu, le plus souvent, par le trait précis et agréable de bons graphistes réalistes – ce qui devient de plus en plus rare de nos jours -, tels Frédéric Volante (« Shahidas » en 2009, chez Grand angle), Cyril Bonin (« Quand souffle le Vent » en 2009, chez Dargaud), Viviane Nicaise (« Le Cahier à fleurs » en 2010, chez Grand angle), AnLor (« Les Innocents coupables » en 2011, chez Grand angle), Stefano Casini (« La Vénus du Dahomey » en 2011 chez Dargaud Bénélux), Kas (« La Fille de Paname » en 2011, au Lombard) ou, encore, Daniel Alexandre qui signe A. Dan (« Tahia el Djazaïr », toujours chez Grand angle, en 2009). C’est avec ce dernier qu’il nous revient pour un premier tome très réussi où il aborde le retour au foyer, en 1919, d’une gueule cassée dont la moitié du visage a été arrachée par un obus et qui est, dorénavant, dissimulée derrière un masque blanc. Évidemment, les ravages que la guerre a causés, tant physiquement que psychologiquement ou socialement, sont mis en exergue dans une intrigue policière qui vient pimenter cette histoire d’amours difficiles : un mystérieux tueur abattant sans scrupule le bétail des paysans. Le récit est traité avec beaucoup de pudeur et d’intelligence, tandis que le rythme narratif assez lent (mais pas trop quand même) permet de nous faire percevoir et ressentir toutes les tensions inhérentes ; d’autant plus que le dessinateur, qui a opté pour une technique plus rapide au pinceau, joue à bon escient sur la nervosité de son trait sobre mais évocateur, sur les expressions et les attitudes pour refléter les émotions des personnages, mais aussi sur les cadrages et sur les couleurs.Et comme A. Dan est également natif des Pyrénées, région où est situé le petit village où se déroulent ces événements dramatiques, il est le mieux placé pour restituer cette ambiance rurale du sud-ouest de la France, au début du siècle passé.