C’est devenu une tradition depuis quatre ans (1) : tous nos collaborateurs réguliers se donnent le mot, en fin d’année, pour une petite session de rattrapage ! Même s’il est assurément plus porté sur les classiques du 9e art et son patrimoine, BDzoom.com se veut quand même un site assez éclectique : pour preuve cette compilation de quelques albums de bandes dessinées que nous n’avions pas encore, pour diverses raisons, pu mettre en avant, lors de leurs sorties dans le courant de l’année 2024.
Lire la suite...« DC Comics Anthologie »
À la tête de la première fournée d’albums Urban Comics qui vient d’arriver en librairie se trouve une anthologie concoctée par le label afin de proposer aux lecteurs une introduction à l’univers DC. Une intention pédagogique qu’on ne peut que saluer, permettant aux plus novices d’avoir une vision d’ensemble de cet univers et aux plus férus de redécouvrir avec plaisir ces « 16 récits majeurs de 1939 à nos jours ». Une réussite !
L’anthologie est un genre bien plus difficile à bâtir qu’il n’y paraît. Car il ne suffit pas de compiler pour arriver à un ouvrage digne d’intérêt. En créant cette « DC Comics Anthologie », Urban Comics a envisagé la chose sous le meilleur angle, nous proposant au final un album très réjouissant qui ne prend pas les lecteurs pour des imbéciles. Cette anthologie a deux principales qualités : le choix des récits qui la constituent, et l’appareil critique qui l’accompagne tout au long de l’ouvrage. C’est ce que j’appelle une anthologie « active », et non « passive ». En effet, on ne se contente pas ici d’empiler des récits en comptant sur leur qualité intrinsèque pour suffire à l’excellence de l’ouvrage, on accompagne plutôt le lecteur dans l’exploration de ces 75 ans d’éditions en lui donnant les éléments de base historiques, artistiques et biographiques afin qu’il comprenne bien le contexte dans lequel s’inscrit ce qu’il est en train de lire. Un appareil critique précis et non verbeux dont on ne peut que souligner la nécessité – et qui fait si souvent cruellement défaut à bien des publications dites « de référence »…
Partant de la naissance de Superman pour arriver jusqu’au récent relaunch de DC en 2011, l’ouvrage propose en introduction de chaque grande période un texte exposant le contexte historique adéquat : l’âge d’or, d’argent, de bronze, l’âge moderne et la renaissance sont ainsi présentés de manière pragmatique, dans un souci de clarté et de cohérence. Mieux, chaque récit est lui-même introduit par une page informative qui le situe dans la chronologie DC, revenant sur les intentions éditoriales et artistiques de l’époque, proposant la couverture du comic d’origine et donnant des repères biographiques. On ne peut rêver mieux pour se sentir à l’aise dans la lecture et savoir exactement de quoi il s’agit. On espère bien sûr que cette qualité d’intention va perdurer dans la ligne éditoriale du label (pour en savoir plus, je vous invite à lire l’interview que j’ai faite de François Hercouët, directeur éditorial d’Urban Comics, mise en ligne en concomitance avec le présent article : http://bdzoom.com/?p=46965).
Le choix des récits opéré par Urban Comics est sensé et intelligent. Certes, la nébuleuse DC est telle qu’on pourrait regretter une certaine focalisation sur les seuls piliers de cet univers (Superman, Batman, Wonder Woman, Justice League, Green Lantern, Flash), mais pousser l’exploration plus loin aurait nécessiter un ouvrage bien plus conséquent qui aurait été paradoxalement plus frustrant et moins clair pour le lecteur, enclenchant des ramifications sans fin et se perdant dans le maelström. En s’en tenant aux piliers historiques, cette anthologie présente les bases sur lesquelles s’est construit tout l’univers DC, afin d’avoir une vision claire de l’épine dorsale de cette mythologie. L’ensemble des récits proposés est remarquable et procure d’immenses plaisirs de lecture. Ainsi, on se réjouira de relire les deux pages de Shuster et Siegel exposant les origines de Superman, rendant compte du style parfois « naïf » des comics de l’âge d’or. De même, l’épisode des origines de Wonder Woman de 1941 est un pur délice (Ah, Diana !!!). Idem pour les origines de Batman, et le duo qu’il a formé avec Superman dans « World Finest Comics ».
Je ne peux ici être exhaustif sur le sommaire de cette anthologie, car cela reviendrait à faire de cet article un simple listing, mais sachez que l’acuité des choix arrêtés permet non seulement d’aborder les événements primordiaux de cet univers, mais aussi de mettre en valeur les auteurs et artistes qui ont contribué au succès de DC. Ainsi, au-delà de l’importance de l’épisode de « Flash » qui introduit la notion de Terres multiples, hommage est rendu au talent de Carmine Infantino. Idem pour Gil Kane sur « Green Lantern » ou Neal Adams sur « Batman », la palme revenant à l’épisode 400 de « Superman » réalisé de main de maître par l’immense Jim Steranko, dans une narration graphique remarquable, de toute beauté. On admirera aussi l’épisode de « Superman » réalisé par John Byrne et George Pérez, esthétiquement à tomber par terre : ma-gni-fi-que ! Et le « Batman Black and White » dessiné par Alex Ross où Paul Dini revient sur la nature du Joker en ravira plus d’un… L’album se clôt sur le relaunch de « Justice League », avec la reprise du numéro 1 paru en octobre dernier aux États-Unis. Une conclusion qui ouvre donc les nouveaux territoires à venir…
Bref, je ne peux que conseiller la lecture de cette très belle anthologie à tous les fans – novices ou experts – qui aiment l’univers DC, apte à passionner même ceux qui – comme moi – ont été élevés au biberon Marvel… Bravo !
Cecil McKINLEY
« DC Comics Anthologie » par divers Éditions Urban Comics (22,50€) – ISBN : 978-2-3657-7003-3
Vous m’avez donné envie de lire le livre et je viens de l’acheter et c’est une belle pièce en effet.
Merci
Merci, Renaud. Votre petit message est le plus grand des compliments, car si je donne envie de lire en écrivant sur la bande dessinée, alors mon seul objectif est atteint. Et si l’ouvrage chroniqué vous plaît une fois acheté et lu, alors… qu’espérer de mieux?
Bien à vous,
Cecil