LA BD AU BRESIL

Le Brésil est à l’honneur en France en cette année 2005. BDZOOM se devait aussi de dresser l’histoire de la BD au pays de la samba, surtout qu’il a été le premier au monde à s’interesser à ce moyen de communication de masse en 1951.

BRESIL

 

À l’origine de la bande dessinée brésilienne (Historieta em quadrinhos) on trouve un émigrant italien Angelo Agostini qui n’a pas l’importance d’un Topffer, ni d’un Busch, ni d’un Christophe.

 

La série se présente en bandes quotidiennes, sans ballons, son titre As Aventuras de Nhô Quim, ou Impressôes de um Viagem à Corte publiée dans Vida Fluminense à partir du 30 janvier 1869. Cette série peut-être considérée comme la première bande dessinée imprimée au Brésil.

 

 

Il y a une très importante tradition au Brésil d’anciennes revues de BD. Au début du siècle ce fut Juquinha et O Tico Tico (qui ne paraissent plus).

 

O Tico-Tico de la Societé Anonyme O Malho paraît le 11 octobre 1905, dirigé par Renato de Castro et Manuel Boinfim, avec un tirage de 27 000 exemplaires. Le journal porte le nom de l’Escola Migalhas do Saber o Escola Tico-Tico, qui correspond de nos jours à la maternelle.

 

Au sommaire : le populaire Buster Brown de Outcault rebaptisé Chiquinho, le chien Tige devient quant à lui Jacunço. Avec l’arrivée de la Première guerre mondiale, la production américaine n’arrive plus au Brésil et Chiquinho est repris par Luis Gomes Loureiro. Par la suite 0 Tico-Tico ne publiera que de la bande dessinée brésilienne a part Mickey Mouse et Felix the Cat qui lui devient Gato Estopim. Parmi les personnages publiés par 0 Tico-Tico, on se souvient du couple d’idiots Zé Macao e Fautina, créé en 1908 par Alfredo Storni, Kaximbown de Max Yantok en 1910, et le trio Reco-Reco, Bolao e Azaitona de Luis Sa. En 1918, O Tico-Tico publie le premier jeu à découper, à coller sur carton et mettre en page. Il s’agit d’une histoire complète de Chiquinho, où le héros prend en la route dans sa voiture, heureux de la signature de l’armistice. O Tico-Tico cesse de paraître après cinquante-cinq ans, à la fin de 1960.

 

 

En 1921, commence la publication d’O Juquinha.

 

Le 15 septembre 1929, à Sao Paulo, paraît le premier numéro d’A Gazeta, Ediçao Infantil publié par le quotidien du soir A Gazeta. À ses débuts, La Gazetinha est hebdomadaire, puis bi-hebdomadaire et à partir d’un numéro 245 du 31 août 1937, il sera présent trois fois par semaine dans les kiosques ! Dans ses pages, outre les comics américains, on trouve Little Nemo (Carlinhos), on découvre Piolim à partir du numéro 5 de 1929, dessiné par Gomez Dias et puis par Dino Borges, ainsi que Bolinha e Bolonha et Jojoca e Rabico de Nino Borges en 1930. Le 2 octobre 1930, la Gazetinha suspend sa publication pour reprendre le 14 septembre 1933 et cesse de paraître en mars 1940. Pendant cette période, des séries américaines sont publiées comme Brick Bradford (2 mai 1945) O Fantasm (The Phantom) à partir du 2 décembre 19 537, on le retrouve aussi dans Correiro Universal, Barney Baxter (10 mars 1937) et O Superhomen (Superman) à partir du 8 avril 1939. Les auteurs brésiliens sont aussi dans cette nouvelle formule par exemple : NhoTotico avec les personnages Chiquinho, Chicote e Chicorea

 

 

 

Le journal reprend sa publication après la guerre, le 18 mars 1948, dirigé par Jeronimo Monteiro avec au sommaire de la bande dessinée italienne. À partir du 4 août 1949, la revue devient bi-mensuelle avec 40 pages au prix de 2 cruzeiros avec des auteurs brésiliens comme Jayme Cortez, Messias, Sammarco, Zae junior. Mais le journal ne rencontre les faveurs du public et cesse de paraître, au numéro 23, le 1° juin 1950.

 

Le lancement du suplemento Juvenil le 14 mars 1934 par Adolfo Aizen, comme un appendice du quotidien A Naçao de Rio de Janeiro est l’événement qui lance la BD au Brésil. Elle se sépare du quotidien et se publie trois fois par semaine (mardi, jeudi et samedi) grandeur tabloïd et en couleurs, Flash Gordon, Jim das Selvas, Tarzan, Billou Agente Secreto X-9, Mandrake, Dick Tracy, Principe Valente, Terry e os Piratas etc. Les auteurs brésiliens : Monteiro Filho, Celso Barroso et Fernando Dias da Silva ont aussi leur place. Lancé sur le marché avec un tirage de 300 000 exemplaires, le journal se maintient à plus de 200 000 copies vendues.

 

À partir de décembre 1934, paraissent quatre fois par an des éditions spéciales d’O suplemento Juvenil (Ediçao Maravilhosa) en mars, à l’occasion de l’anniversaire du journal, en juin pour la Saint Jean, en septembre pour les fêtes de l’Indépendance et pour Noël. l

 

 

 

A Gazeta publie A Gazetinha et A Gazeta Juvenil à des époques différentes avec beaucoup de succès. O Comico, Guri, Mirim sextaferino (Mirim du vendredi) Correio Universal, Lobinho, Sesino, Vida Juvenil, Biriba, sont des revues de gros tirage, qui connaissent succès, influence et importance historique. Plus tard, Adolfo Aizen, ayant cessé de publier el Suplemento crée l’Editorial Brasil America avec O Herói, qui fut l’origine de cette grande maison d’édition. Toutes ces revues se sont modifiées au long des années, elles publient à présent des histoires complètes, venues des comic books, car le système des strips publiés dans les quotidiens se démontre peu réceptif et les tentatives de publier des suppléments en couleurs échouent.

 

 

 

La revue O Gobo lance le 2 janvier 1940, Gibi Mensal, le premier comic book publié au Brésil avec une aventure de The Human Torch (Tocha Humana), suivent des histoires complètes, venues du comic book, avec Capitan Marvel, par exemple. Gibi Mensal étant à l’origine du mot « gibi » pour désigner les comic books au Brésil.

 

Le quotidien Diario da Noite publie O Gury (1940). En 1942, paraît l’édition brésilienne (O Jornalzinho) de l’hebdomadaire italien Il Giornalino publié par l’Edizioni San Paolo. Il cesse de paraître en 1972.

 

 

 

Mais le Brésil ne possède pas seulement des maisons d’édition publiant du comic book. Elles publient aussi des comic strips dans leurs quotidiens et des Sunday pages dans les suppléments en couleurs du dimanche. Il existe au Brésil une pléiade d’excellents et exceptionnels dessinateurs, tous passionnés par la bande dessinée, une génération formée par la lecture de BD. Ils ne dessinent pourtant plus de comics. Ils sont passés à la publicité, au dessin animé, à la télévision, au cinéma, à l’illustration de livres, à la peinture, l’enseignement, aux différents secteurs de l’édition, à la littérature et à la presse, enfin, partout, sauf à la bande dessinée. Nombreuses sont les expériences qui ont échoué, sauf quelques rarissimes exceptions. Elles ont eu du succès un temps mais début 50 c’est fini. K. Ximbow de Max Yantol, A garra Cinzenta (La griffe grise) de Renato Silva, Audaz, o Demolidor de Messias de Mello, Raffles de Carlos Thiré, les expériences de Monteiro Filo, Osvaldo Stroni, Fernando Dias da Silva, Jayme Cortez Martins, Reinaldo de Oliveira, Alvaro de Moya, Syllas Roberg, Miguel Penteado, même Morena Flor d’André Le Blanc qui lui sera distribué aux États-Unis, O Saci de Ziraldo, et les adaptations de feuilletons brésiliens édités par la EBAL de Aizen, tout est terminé.

 

En 1951 naît Cirandinha, première revue pour jeunes filles. En 1953, Jayme Cortez crée Sergio Amazonas, une série d’aventures qui se déroule dans la jungle amazonienne

 

Au début des années 6O, les choses changent avec l’arrivée de la revue Pereré, l’ouverture de l’Escola Panamericana de Arte à Sao Paolo dirigée par Enrique Lipszyc avec des enseignants comme Hugo Pratt et Alberto Breccia et l’arrivée sur le marché des personnages créés (Monica, Cebolinha, Cascao, Magali, Bidu, Pélé) par Maurizio de Sousa (1959) qui ouvre quelques mois plus tard un studio et une agence de distribution devenant une sorte de Walt Disney brésilien.

 

 

 

Malgré tout le Brésil est le pays qui, le premier, a réalisé le 18 juin 1951 la Première Exposition Internationale de bandes dessinées (organisée par Alvaro de Moya, Reinaldo de Oliveira, Jayme Cortez Martins, Syllas Roberg et Miguel Penteado) sous le nom de Studiarte, qui s’est tenue dans le Centro Cultura y Progreso de Saõ Paolo. Milton Caniff, Al Capp, Alex Raymond, Hal Foster, Will Eisner furent contactés ainsi que des maisons d’éditions, des syndicates et des revues du monde entier. On y exposa des originaux de George Herriman (Krazy Kat), Alex Raymond (Rip Kirby et Flash Gordon), Milton Caniff (Steve Canyon) Al Capp (Li’l Abner), Hal Foster (Prince Valiant) George Wunder (Terry and the Pirates) et des reproductions de revues et de BD importantes. On y exposa la genèse et le développement des comics. On y réalisa une analyse de The Spirit de Will Eisner, et aussi des critiques à des maisons d’édition et aux plagiats de dessin de BD.

 

On y critiqua aussi les restrictions dues aux soi-disantes mauvaises influences de la BD sur les enfants. Des articles parurent dans les journaux et il y eut des débats sur le sujet à la radio et à la télévision. On lutta contre des professeurs d’école, des éditeurs et des critiques d’art ; on essaya de convaincre parents et autorités et les discussions allèrent contre la droite qui les définissait de communistes et contre la gauche qui les accusait de promouvoir la décadente culture impérialiste.

 

On se battit aussi pour la nationalisation de la BD et on fonda l’Association Paulista de Dessinateurs, avec la création de nouveaux cadres de dessinateurs et en ouvrant de nouveaux chemins à la production brésilienne. Sans aucun doute tout ce qui s’en suivit dans la BD brésilienne dépend en grande partie de ce mouvement.

 

Jayme Cortez, maître subtil et promoteur des jeunes dessinateurs brésiliens (portugais de naissance, résidant au Brésil) mit ses connaissances dans un livre : A Técnica do desenho (1964), une anthologie des dessinateurs brésiliens. Finalement, en 1965, avec l’Institut de Pédagogie de l’Université de Rome, Institut des Sciences de la Communication des Masses et le CELEG de Paris, on transféra l’exposition de Bordighera à la VIII biennal de São Paulo, avec la visite de Romano Calisi. En 1966 le Brésil participa à Lucca au Salon international de la BD : Alvaro de Moya, Jayme Cortez Martins, Mauricio de Souza, Sergio Lima et Leila Lima y participèrent

 

Bien que le monde éditorial soit sensibilisé par l’intérêt que porte le public à la BD, les éditeurs continuent à publier du matériel étranger, ce qui amène des auteurs comme Sergio Macedo, Alain Voss a émigrer en France, Jo Oliveira et Miguel Paiva en Italie, pour ne citer que quelques-uns.

 

 

 

Ziraldo, (Ziraldo Alves Pinto), lance, A Tunna do Perere. la première revue en BD (1960) réalisé par un seul auteur Durant la dictature militaire (1964-1984) il crée avec d’autres humoristes O Pasquim, un magazine anti-conformiste qui fera école.

 

 

 

En 1983, une loi est promulguée obligeant les éditeurs brésiliens à publier cinquante pour cent de matériel national.

 

Les maisons d’édition de niveau international sont de grande qualité technique. On peut citer : Manchete, Fatos e fotos, Realidade, Veja, Claudia, Jóia, Manequim, Capricho, Fairplay, Quatro rodas, O Cruzeiro, Visao, Rassegna, Maquinas e Metais, Trasporte Moderno, O dirigente, et bien d’autres. Dans le secteur de la BD, la maison d’édition Brasil América, l’une des plus grandes du monde, spécialisée dans le genre, publie Batman, Tarzan, Superman, Super herois, Tom et Jerrry, Os Justicieiros et d’autres encore, et lance deux revues du genre comic book par jour avec des tirages qui varient entre 70 000 et 100 000 exemplaires chacune.

 

Editorial Abril publiait en 1999, les œuvres de Walt Disney : parmi les revues hebdomadaires Pato Donald y Zé Carioca (José Carioca) et les mensuelles Tio Patinhas et Mickey. Rio Grafica Editora distribue O Fantasma, Mandrake, Flash Gordon, Ferdinando (Li’l Abner), Nick Homes (Rip Kirby), Jim Gordon (Buz Sawyer), Recruta Zero (Beetle Bailey) et d’autres encore. O Cruzeiro publie Luluzinha (La petite Lulu) Bolinha (le petit gros copain de Lulu), O guri etc. D’autres maisons d’édition de moindre importance publient des histoires de terreur et de guerre. Un accord récent entre la King Feature syndicate et les éditions Cokrane du Chili grâce aux avantages d’importation de l’ALALC, a produit une invasion de revues imprimées en portugais au Chili, importées au Brésil.

 

Claude Moliterni

 

 

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