PLUS DE LECTURES DU 26 MAI 2008

Notre sélection de la semaine : “ Nuit de fureur ” par Miles Hyman et Matz [d’après Jim Thompson], “ Coupures irlandaises ” par Vincent Bailly et Kris et “ Sarah T.1 ” par Stephano Raffaele et Christophe Bec.

 


Cliquez sur l’appareil photo pour découvrir les couvertures des albums chroniqués.


 


Nuit de fureur ” par Miles Hyman et Matz d’après Jim Thompson


Editions Casterman (15,95 Euros)


Jim Thompson est l’un des auteurs emblématiques de la célèbre collection de romans policiers : « Rivages/Noir », dirigée par François Guérif. Quand ce dernier s’est associé avec les éditions Casterman pour lancer des adaptations, en bandes dessinées (et sous la direction du scénariste Matz), des polars qu’il publiait, le nom de Thompson a été tout de suite mis sur la table des négociations. Une fois le titre « Nuit de fureur » choisi, c’est Matz lui-même (de son vrai nom Alexis Nolent, il est surtout connu pour les séries « Le tueur » et « Shandy ») qui propose de s’y coller ! Il ne restait plus qu’à trouver un dessinateur à la hauteur de ce récit bien noir, ultra codifié, sorte d’archétype du genre : et vint l’illustrateur Miles Hyman, dont on retrouve régulièrement la signature dans The New Yorker, Le Monde, The International Herald Tribune, Libération… Ce dernier n’avait fait pourtant, jusque-là, que quelques rares incursions dans le monde du 9ème art, mais il a complètement imprégné  cette histoire de sa patte graphique. Son travail en aquarelle, totalement adapté à l’ambiance, est magnifique, collant parfaitement aux années quarante…. Un tueur à gages vient préparer, dans une petite ville tranquille de l’Amérique profonde, la liquidation d’un escroc repenti qui s’apprête à livrer, à la justice, tous les noms de ses anciens complices. Le malfrat se laisse dépasser par les évènements et par une femme fatale peu farouche, rajoutez quelques cadavres pour épicer le tout, et vous obtenez un remarquable album d’une totale noirceur : Matz ayant réussi à très bien dialoguer l’intrigue créée par Thompson et à mettre en évidence le charisme des principaux personnages.


 


Coupures irlandaises ” par Vincent Bailly et Kris


Editions Futuropolis (16 Euros)


Après son excellent « Un homme est mort », illustré par Etienne Davodeau, Kris sort, coup sur coup, deux ouvrages (aux éditions Futuropolis) qui s’appuient sur son propre vécu. Si « Les ensembles contraires » raviront les amateurs d’autobiographies en bandes dessinées (le scénariste brestois et son ami libraire Eric Thomas y racontent, avec pudeur, les moments de leur vie qui ont scellé leur indéfectible amitié), « Coupures irlandaises » nous plonge dans la guerre de l’Ulster à travers les yeux de deux adolescents français. Engagé et combatif, Kris parle bien sûr de lui mais, avant tout, il témoigne à vif, mêlant fiction, histoire et politique, sans recul, en nous racontant ses vacances dans une famille d’accueil à Belfast, pendant l’été 1987. L’enfant qu’il était, va prendre en pleine face le conflit entre les protestants et les catholiques, et va avoir la peur de sa vie : peur qu’il faudra surmonter pour devenir adulte… Cette expérience extrapolée vous remuera les tripes grâce, bien entendu, à une narration sans faille, mais aussi aux dessins expressifs de Vincent Bailly. Jusque-là cantonné dans l’heroic-fantasy, le talent de ce dernier explose véritablement avec cette aventure humaine bien documentée (elle est d’ailleurs complétée par un dossier de 16 pages dû à des historiens spécialistes de l’Irlande du nord). Ceci nous permet de souligner le fait que Futuropolis réalise, à chaque fois, de très beaux livres (autant du point de vue du contenu que du contenant), et que leur politique éditoriale se poursuit sans aucune fausse note. La preuve, ils viennent également de sortir un remarquable essai en BD, dans la lignée du « Rural » de Davodeau : « La communauté », où Hervé Tanquerelle interviewe son beau-père Yann Benoît (voir la chronique de Laurent Turpin : http://bdzoom.com/index.cfm?page=alaune).


 


Sarah T.1 ” par Stephano Raffaele et Christophe Bec


Editions Dupuis (13 Euros)


Christophe Bec serait-il le Stephen King de la bande dessinée européenne ? On pourrait le croire à la lecture de ses jubilatoires dernières productions. « Sarah », dont la première partie vient de paraître dans la collection « Repérages » des éditions Dupuis, ne fait pas exception à cette règle. Cet auteur complet, de plus en plus attiré par le scénario, y retrouve, pour le plus grand bonheur des lecteurs, son complice Stefano Raffaele, l’illustrateur italien de son « Pandemonium » dont on attend la suite avec impatience, tellement les deux auteurs avaient, là aussi, réussi un coup de maître (aux dernières nouvelles, alors que le premier tome était paru aux Humanoïdes Associés, le 2ème  devrait être édité chez Soleil, en septembre prochain). En effet, le trait raffiné de Raffaele est idéal pour mettre en image ce genre de thriller d’horreur où l’on sent la peur monter page après page. La narration de Bec est aussi très efficace car ce dernier sait parfaitement rendre son récit réaliste tout en suggérant l’épouvante, comme peu de scénaristes savent le faire… Une jeune citadine dépressive, ayant subi le traumatisme d’un viol à l’âge de six ans, finit par accepter de rejoindre son mari en mission dans une petite ville forestière de Pennsylvanie, et s’installe dans un chalet isolé. Une nature sauvage, une cave, un souterrain, une créature sanguinaire…, et nous voici parti pour le grand frisson !!!


 


Gilles RATIER


 


 


 

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