Coyote (« Litteul Kevin »), auteur biker au grand coeur

Pour fêter les 20 ans de son jeune héros espiègle, inspiré lors de sa création par son propre fils, l’auteur de « Litteul Kevin » publie un recueil chronologique, année par année, de souvenirs professionnels et intimes agrémentés d’illustrations ; avec un peu de « Mammouth et Piston », des « Voisins », beaucoup plus de « Litteul Kevin », plein de pin-ups et, évidemment, des tonnes de motos !

Pas question de s’associer à un journaliste pour la circonstance : « je n’ai pas besoin d’un biographe personnel, je suis un auteur complet et il n’y avait que moi, qui possède l’historique en tête, pour pouvoir écrire cet ensemble d’anecdotes précises et intimes », nous explique Coyote.  Il faut dire que l’auteur sort rarement de son repaire toulousain et ne souhaite pas particulièrement être mis en avant par autrui : « Ça me gène qu’on parle de moi. Je suis très timide et je n’aime ni le coté « roi de la fête », ni qu’on me reconnaisse dans la rue. Normalement, je me fais aimer de chez moi à travers mon travail. Si j’accepte de jouer le jeu de la promotion, c’est  pour éviter que mon ouvrage soit noyé dans la masse des nouveautés qui paraissent, mais je n’en tire aucune fierté particulière. »

Coyote ne se comporte pas pour autant comme un ours, au contraire « je me lie dans tous les milieux, je préfère rester un électron libre » ; mais il privilégie, à l’encontre du paraître généré par personnes ou médias interposés, la découverte liée à la dimension humaine des rencontres directes : « Le seul moment où je monte sur scène, nous indique-t-il, est celui de la dédicace. Je passe un minimum de 12 minutes avec chaque personne et j’aime les découvrir. Leur regard, qu’il soit positif ou négatif, sur mon travail, m’intéresse. » Un moment qu’il savoure, sauf dans le cadre des gros festivals, où le plaisir se transforme en épreuve : « il m’est arrivé de boire 2 ou 3 whiskys avant de rentrer dans l’arène d’Angoulême. »

Car Coyote, sous un impressionnant physique de biker à gros muscles, est avant tout un être d’une sensibilité extrême.  Il aime ses personnages comme il aime l’humanité et ses récits abordent toujours les aspects caricaturaux de notre société sous un angle humoristique tendre et bon enfant : « Je me pose des barrières, car on ne peut pas vraiment rire de tout et en tout cas pas avec n’importe qui. Je m’interdis d’aborder tout ce qui peut faire mal aux autres. La gentillesse est un peu mon fond de commerce, j’ai un vrai coté Peace & Love », nous dévoile-t-il. « Si je n’avais qu’un message à faire passer, ce serait celui de l’acceptation des autres, comme ils sont. » Coyote nous révèle d’ailleurs que, dans cet esprit, quelques aménagements, suppression d’un récit, réécritures de textes, seront apportées aux futures nouvelles éditions en couleur des premiers « Litteul Kevin » : « Plus je vieillis, plus je me veux grand public » souligne-t-il.

Ce fond tendre transparaît dans ce nouvel ouvrage, qui célèbre les 20 ans de « Litteul Kevin », ce qui explique que les débuts du dessinateurs, aux 23 ans de carrière, n’y figurent pas ; tout comme le fait que la place réservée à ses autres séries, « Diego de la SPA » ou « Les Voisins », soit portion congrue de l’ouvrage. À propos de cette dernière série citée, 3 albums unitaires « spin-off » devraient voir le jour, dont l’un d’entre eux pourrait être dessiné par Yoann, l’actuel dessinateur de « Spirou et Fantasio ».

Un peu plus de place est consacré au « Petit Pilou », une série au style minimaliste de gags en une ou deux pages mettant en scène un petit gamin qui ne se sent pas bien dans ce monde.  Fluide Glacial n’en a pas voulu pour des raisons que l’auteur n’admet pas, entraînant son départ  du magazine d’Umour et Bandessinées : « Un des jours les plus triste de ma vie, nous raconte le scénariste de « Diégo de la SPA ». C’était mon rêve de dessiner à Fluide Glacial. Au début de ma carrière, je m’étais donné 5 ans avant de contacter la rédaction, mais les choses se sont précipitées quand Jean-Christophe Delpierre m’a contacté. »  Avec « Litteul Kevin », mettant en scène, dans un humour très bon enfant, les péripéties quotidiennes d’un petit garçon et de ses proches « hauts en couleur » (ses parents, leurs amis bikers, sa baby sitter, sa grand-mère ou encore son petit chien), Coyote s’est rapidement imposé comme un pilier du magazine. Les changements de rédacteur en chef et quelques mauvaises répartitions de rôle auront eu raison de ce rêve, auquel il n’entend pas forcément renoncer définitivement,  : « Fluide, c’est comme la légion. On ne la quitte pas vraiment et je me vois bien faire quelques retours épisodiques dans le magazine. Y revenir avec « Le petit Pilou », ce serait laver mon honneur ! ».

En attendant cet éventuel come-back, Coyote trace sa route. Le prochain « Litteul Kevin » devrait paraître aux alentours du printemps 2012, avant que reviennent les « Voisins », plus long à réaliser car en couleurs directes. Et Coyote se verrait bien confier « Mammouth et Piston » à un dessinateur repreneur : « mais ce n’est pas simple car mon style graphique, rempli de défauts, est difficilement reproductible ! ». Mais il ne cédera jamais la destinée de « Litteul Kevin » à un autre, tout en assurant ne pas se voir le dessiner toute sa vie : « j’ai tellement pleins d’autres projets à réaliser ». VRaooouum …

Laurent TURPIN

« Coyote et Litteul Kevin » par Coyote

Éditions Le Lombard (11,95 euros) – ISBN 978-2-8036-3023-3

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