PLUS DE LECTURES POUR LES FÊTES

Avec l’arrivée de la Noël, nous avons choisi de revenir sur quelques albums qui, hors des sentiers battus des grandes maisons d’édition et du battage médiatique, feront néanmoins de très jolis cadeaux, chacun dans leur créneau éditorial.

 


Cliquez sur l’appareil photo pour découvrir les couvertures des albums chroniqués


 


Les grandes vacances, de Pascal Davoz et Anne Hofer, chez Clair de Lune, 12,90 €


Thomas et Pierre sont deux garçonnets qui ont perdu leur maman et dont le papa se trouve très loin. Les grandes vacances s’annoncent bien dans le grand château de leur grand-mère, la baronne de Jellesac, entre partie de pêche et disputes d’enfants, lorsque Pierre surprend une conversation qui bouleverse tout : leur grand-mère prévoit en effet de les envoyer séparément ailleurs. Les enfants décident alors de partir à Paris à la recherche de leur père.


 


Ce récit d’aventures enfantines, traité de manière volontairement classique et avec une grande fraicheur, présente une réelle unité de ton né de la correspondance parfaite entre le scénario de Pascal Davoz, évoluant entre Les petites filles modèles de la comtesse de Ségur et Le pays où l’on n’arrive jamais d’André Dhotel, et un univers pictural développé sur un mode graphique rétro par Anne Hofer, qui fut la décoratrice de L’île aux enfants. Avec délicatesse et poésie, les auteurs nous entraînent dans un voyage plein de fantaisie, riche en surprises et en rebondissements, restituant toute la magie d’autrefois, quand le cirque, un voyage en ballon ou l’arrivée dans la capitale sonnaient comme autant d’expériences exotiques et de sources d’émerveillements.


Avec son trait réaliste et subtil, allié à une mise en page et une composition moderne, des effets vaporeux renforcés par une lumière douce et des couleurs pastel, ce bel album empreint de nostalgie fonctionne comme un conte de fées moderne trouvant une heureuse conclusion à des aventures aimablement rocambolesques.


Un joli cadeau qui aura tout pour plaire aux petits mais aussi à leurs parents.


 


Lucy, de Tanino Liberatore et Patrick Norbert, chez Capitol Editions, 24,90 €


Vallée de l’Afar, il y a plus de 3 millions d’années, un enfant australopithèque marche dans les traces de ses parents. Sa mère, Lucy, est enceinte. Après qu’un violent orage l’a isolée de son clan, elle rencontre un autre marginal et vit ce qui peut apparaître comme l’une des plus anciennes histoires d’amour.


 


Voici un album qui attire l’œil et retient l’attention. D’abord par son grand format et sa présentation extrêmement soignée. Ensuite par son thème et son traitement, sur un sujet a priori peu romanesque. Dans la plus totale précision scientifique (garantie par les conseils prodigués par Yves Coppens), Patrick Norbert, scénariste de cinéma, développe une fresque fascinante et pleine des rebondissements sur la vie quotidienne de nos ancêtres telle qu’on peut la reconstituer au sein d’une nature souveraine.


Par ailleurs, il importe de souligner l’esprit qui sous-tend le récit. Dès la première page, l’image saisissante de Lucy prenant la main de son enfant apeuré donne le ton, que confirme le commentaire en voix off insistant d’emblée sur le parti pris des auteurs : révéler l’humanité de Lucy qui nous est commune, par delà près de 4 millions d’année d’évolution. On suit ensuite au quotidien le destin à la fois magnifique, tragique et finalement terriblement humain d’une Lucy qui dégage peu à peu de sa condition animale les interrogations, les transports et la perspicacité d’une humanité en devenir.


Les magnifiques vignettes de Tanino Liberatores, traitées en style hyperréaliste, imposent avec force leur beauté prégnante et souvent lourde de méditation, comme cette vision digne de l’Odyssée de l’espace de Kubrick, de Lucy serrant son bébé contre elle en regardant fascinée les étoiles.


Au final, un magnifique album, navigant entre romanesque et reconstitution scientifique, qui fera un somptueux cadeau.


 


 


Garfield duo deux albums : Garfield, ma saison préférée, et Garfield aime les cadeaux, de Jim Davis, chez Via Media, le duo 23 €


 


Fainéant, goinfre, égoïste et facétieux, on ne présente plus Garfield, l’une des célébrités mondiales de la bd. Sur le thème de Noël et des fêtes de fin d’année (de quoi inspirer le glouton à moustache…, le seul a commander au père Noël trente kilos de lasagnes, mais aussi le seul capable de dévorer le gâteau posé au pied du sapin pour ledit Père Noël), ces deux albums présentent plus de 150 pages de gags en présentation classique (strips de trois, parfois quatre, cases avec quelques dessins de bas de page) mais aussi, en fin de volume, des dossiers humoristiques (faux articles de journaux, « les douze en-cas de Noël », « Petites astuces pour les fêtes », « Si Garfield remplaçait le Père Noël », etc.). Pour tout savoir des cadeaux préférés du matou, sur fond d’avidité féline typiquement humaine. Humour garanti sous toutes ses déclinaisons.


 


Le petit monde de Père Noël, Thierry Robin, Alexandre Révérend, Dupuis, 9,50 €


C’est le grand soir de la distribution des cadeaux de Noël et le père Noël est attendu avec impatience par une petite fille qui entend bien le photographier à sa descente de cheminée. Et puis, à la réflexion, l’occasion se présentant, elle grimpe dans le traineau et fait ainsi irruption dans le monde protégé de Noël. Elle ne tarde pas à y mettre une certaine pagaille.


Revoici le sympathique personnage du Père Noël au chapeau en zigzag, créé par Trondheim et Robin, dans un récit plein de péripéties, de tendresse et de facéties. Le tout sans aucun texte -mais pourtant sans aucune ambiguïté- ainsi que le veut la loi de la série qui reste muette et peut ainsi convenir à un très large public.


Grâce à un scénario simple mais drôle et espiègle, porté par un dessin expressif, qui sait aller à l’essentiel sans s’appauvrir ni ennuyer (notamment par la richesse des plans et des angles qui introduit vivacité et créativité dans la mise en page ultra classique d’un rassurant gaufrier très rarement pris en défaut), cet album peut jouer sur plusieurs tableaux : il distrait et initie au déchiffrement du récit en images, tout en habituant l’enfant à revenir sur sa lecture qu’une nouvelle observation enrichit d’un sens neuf ou de la signification d’un détail tout juste découvert.


En outre, quand on se penche sur le mécanisme de narration, on s’émerveille de la précision d’un découpage minutieux dans lequel aucune vignette n’est superflue.


Une jolie réussite qui s’inscrit parfaitement dans l’esprit et la forme de la série, pour une collection dont la qualité ne se dément pas.


 


Joël Dubos


 


 


 

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