« La Nouvelle-Orléans après le déluge » par John Neufeld

C’est il y a plus de six ans, fin août 2005, que l’ouragan Katrina, frappe Louisiane et Mississipi et s’acharne à détruire La Nouvelle-Orléans en s’attaquant aux digues du lac Pontchartrain. 80 % de la ville est inondée. Bien que 90% de la population ait été évacuée, la population pauvre et âgée reste sur place. Bilan : plus de 700 morts (1836, en tout) et des dizaines de milliers de personnes désormais sans abri. C’est ce que John Neufeld raconte dans « La Nouvelle-Orléans après le déluge »…

Un long préambule muet montre d’abord une ville côtière sage et ensoleillée, Biloxi (état du Mississippi) avec son « Casino Président » bien installé sur sa barge, puis le déchainement de l’ouragan - avec ce même casino qu’on retrouvera deux kilomètres plus loin à la place d’un hôtel complètement rasé – et des maisons noyées ou transportées par les flots. Puis c’est au tour de La Nouvelle-Orléans. L’auteur y met en scène plusieurs habitants : le couple Léo et Michelle, le fils d’un pasteur, un médecin local, une psychologue, le propriétaire d’une supérette… Les jours s’égrainent, l’ouragan menace et le maire, via la télévision, prépare les habitants à quitter la ville. Il y a ceux qui décident de partir et ceux qui s’entêtent à rester, notamment le patron de la superette et son associé qui n’en finiront pas de remonter les produits du magasin pour les protéger, tel Sisyphe. Le Pasteur espère, lui, que son église sera protégée par son Dieu tandis que les étages de la maternité sont assaillis par des habitants qui comprennent que les toitures de leurs maisons ne suffiront pas. Les autres iront s’entasser au Superdome, le stade de la ville, et dans les immeubles du quartier des affaires dans des conditions d’hygiène très vite innommables. Katrina fait la folle ! L’eau continue de monter tandis que l’eau potable manque. Les rats s’invitent. L’armée et les secours font ce qu’ils peuvent, mais ils sont dépassés par l’ampleur du désastre.

C’est ce que raconte plutôt bien cet ouvrage de près de 200 pages (format  roman)  en case monocolores (changement de teinte à chaque chapitre), puis bicolores in fine. Un dernier chapitre, « La diaspora » fait le point, un an et demi après, sur ce que sont devenus les différents protagonistes du récit tandis qu’une postface de l’auteur apporte photos et commentaires supplémentaires.

Au fil du récit, l’auteur montre à quel point la gestion de la situation par la police fût désastreuse mais on pourra regretter que l’auteur n’insistât pas davantage, et vigoureusement même, sur les discriminations ethniques constatées sur place (et que rappelle cet article, par exemple). Cela dit, ce livre témoignage fait incontestablement partie des « BD reportages » auxquelles mon collègue Laurent Lessous vient de consacrer une approche pédagogique et documentée. Le graphisme de Neufeld y est d’ailleurs d’un réalisme à l’américaine, aussi simple qu’efficace.

Cette Nouvelle-Orléans-là est évidemment loin de la ville jazzy et festive évoquée dans le dernier « Blacksad » (tome 4) par Guarnido et Diaz  !

 Alors, bon voyage.

 Didier QUELLA-GUYOT  ([L@BD->http://www.labd.cndp.fr/] et sur Facebook).

« La Nouvelle-Orléans après le déluge » par John Neufeld

Éditions  La Boite à Bulles (18 €) – ISBN : 978-2-84953-130-3

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