PLUS DE LECTURES DU 3 DECEMBRE 2007

Notre sélection de la semaine : “ Les années ventoline ” par Farid Boudjellal, “ D’Algérie ” par Morvandiau, et “ Transports sentimentaux ” par un collectif BD Boum.

Cliquez sur l’appareil photo pour découvrir les couvertures des albums chroniqués


Les années ventoline ” par Farid Boudjellal


Editions Futuropolis (15 Euros)


Farid Boudjellal continue de nous raconter, en bandes dessinées, la saga des Slimani ou le quotidien d’une famille d’émigrés algériens dans le sud de la France. Anti-raciste engagé, il s’illustre une fois de plus dans cette oeuvre d’inspiration largement autobiographique, puisque le jeune Mahmoud alias «Petit Polio», qui ici (en 1973) a bien grandi depuis ces précédentes aventures rééditées en 2 volumes chez Futuropolis, lui ressemble énormément ! En effet, le grand frère du patron des éditions Soleil a su, une nouvelle fois, toucher le coeur des lecteurs avec la retranscription de l’adolescence de son héros toulonnais atteint désormais d’une nouvelle maladie : un asthme allergique carabiné qui l’empêche de respirer librement. Pour le soulager, on lui prescrit de la ventoline, médicament miracle dont il a tendance à abuser. Frôlant l’arrêt cardiaque, il est envoyé dans un établissement spécialisé à Nice et se lie d’amitié avec une bande d’enfants issus de milieux sociaux et culturels bien différents… L’humour et la tendresse ne sont jamais absents dans ce bel ouvrage où Mahmoud s’initie à la BD (avec Charlie Mensuel), à la sexualité, à la vie, tout simplement…, sans nostalgie excessive car les allusions au temps présent sont sous jacentes !


 


D’Algérie ” par Morvandiau


Editions Maison Rouge/L’œil électrique (20 Euros)


Croisant autobiographie, histoires familiales, et l’Histoire avec un grand H, Luc Cotinat, plus connu sous le pseudonyme de Morvandiau, s’est lancé ici dans une quête personnelle, se questionnant sur ses origines, sur l’histoire de la colonisation, sur la guerre d’indépendance algérienne, mais aussi sur les conditions d’élaboration du récit lui-même : en effet, sans scénario pré-écrit (juste une ligne directrice globale), le mode d’élaboration continu qu’il a choisi se veut un reflet de l’évolution du regard de l’auteur vis-à-vis de son sujet, qu’il n’est, certes, pas le premier à explorer (de Jacques Ferrandez à Frank Giroud et Lax, en passant par Farid Boudjellal ou Kamel Khélif, nombreux sont les auteurs résidant en France qui se sont penchés sur les rapports singuliers qu’ont toujours entretenus la France et l’Algérie). N’hésitant pas à se référer à des livres tels que le «Maus» d’Art Spiegelman ou «La guerre d’Alan» d’Emmanuel Guibert, Morvandiau a tenté de développer récit et écriture, au fur et à mesure, avec, pour squelette, une chronologie croisée de l’Histoire et des événements vécus par sa propre famille (de 1830 à 2004), pour –je cite- «mettre en abîme le travail de création lui-même, son élaboration et ses interactions avec la vie de l’auteur». Pour ce faire, il délaisse le registre humoristique et sarcastique auquel il nous avait habitués avec ses différents travaux pour des revues alternatives comme Jade, Spoutnik, Ferraille, L’Eprouvette, Lapin ou encore Ego comme X et L’œil électrique (alors que ces 2 maisons d’éditions n’étaient encore que des périodiques diffusés, sporadiquement, en librairies). On peut aussi retrouver son trait expressif (à défaut d’être virtuose), et son ironie cruelle, dans plusieurs ouvrages publiés par Treize étrange, Rackham et Les Requins Marteaux, ou dans des magazines nationaux comme Les Inrockuptibles, Rock & Folk, Jazzman, Marianne, ou feu Capsule Cosmique : supports où il n’hésite pas à déclarer, à ceux qui veulent l’entendre : «J’aime ceux qui créent un univers singulier. Soit ça fait marrer, soit pas du tout.» Si, personnellement, j’apprécie aussi les univers singuliers, il se trouve, qu’en ce qui concerne son œuvre, je me trouve plutôt dans le deuxième cas de figure : en effet, je n’ai jamais été enthousiasmé par les propos de cet auteur que d’autres trouvent certainement génial ! Cependant, j’ai essayé de faire abstraction de cette déroute que suscitent en moi son style graphique naïf et sa narration caustique. Finalement, j’ai réussi à être touché par certaines scènes, même si d’autres m’ont laissé totalement coi ! Vu qu’il en faut pour tous les goûts (tant que l’on ne tombe pas dans le médiocre), j’ai quand même tenu à mettre en avant cet ouvrage de 120 pages en noir et blanc qui ne m’a pas totalement convaincu, mais qui correspond bien au personnage, par ailleurs cofondateur et animateur des rencontres de la bande dessinée d’auteur et de l’édition indépendante «Périscopages», à Rennes, sa ville natale !


 


Transports sentimentaux ” par un collectif BD Boum


Editions La Boîte à Bulles (13,90 Euros)


Quelle bonne idée que ce petit livre qui rassemble les histoires courtes réalisées par différents auteurs pour le festival «BD Boum», en partenariat avec la société qui gère les transports urbains municipaux de Blois, depuis 18 ans ! Chacune de ces 5 planches annuelles, sur le thème des transports en commun, était exposée pendant l’évènement blaisois (de façon itinérante dans un bus) : elles ont été publiées, à l’origine, sous forme d’un petit fascicule distribué gratuitement. Force est de constater qu’aucune d’elles n’a vieilli et que c’est un réel plaisir que de les revoir compilées ici, d’autant plus que certains noms comme François Boucq ou Dupuy &Berberian peuvent vous allécher. Si leurs prestations sont d’ailleurs excellentes (quoique déjà vues dans d’autres supports), elles n’éclipsent pas la qualité de celles effectuées en résidence de création par Frédéric Bézian, O’Groj & Corcal, Philippe Bertrand, Marc N’Guessan, Alberto Varanda & Ange, Olivier Supiot & Eric Omond, Sylvain Savoia, Etienne Le Roux et Luc Brunschwig, Sébastien Gnaedig & Philippe Thirault, Christophe Gaultier & Sylvain Ricard, Jean-Philippe Peyraud, ou Pascal Bertho & Lucie Albon : une «auteure» déjà remarquée dans le catalogue éclectique et digne d’intérêt de La Boîte à Bulle !


 


Gilles RATIER


 

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