PLUS DE LECTURES DU 22 OCTOBRE 2007

Notre sélection de la semaine : “ Tanâtos T.1 : L’année sanglante” par Jean-Yves Delitte et Didier Convard, “ Happy Living ” par Jean-Claude G?tting, et “ Amère patrie ” par Frédéric Blier et Lax.

 

 

Cliquez sur l’appareil photo pour découvrir les couvertures des albums chroniqués.

 

Tanâtos T.1 : L’année sanglante” par Jean-Yves Delitte et Didier Convard

 

Editions Glénat (12,50 Euros)

 

En ressuscitant le style «roman-feuilleton» que pratiquaient, avec talent, des auteurs populaires comme Gaston Leroux, Gustave Le Rouge, Maurice Leblanc, Eugène Sue, ou Pierre Souvestre et Marcel Allain, tout en utilisant évènements et personnages ayant marqué l’avant Première Guerre mondiale, l’imagination fertile et diabolique du concepteur du «Triangle secret» fait mouche : une fois encore ! Réincarnation de «Fantômas» et d’«Arsène Lupin» en un seul être malfaisant, «Tanâtos», surnommé «L’homme aux mille visages», prend l’identité et la voix d’un député proche de Jean Jaurès, afin de déstabiliser le clan des pacifistes, ceci grâce à sa science du déguisement et à des moyens illimités. Usurpations et conspirations sont donc les clés de voûte de cette nouvelle série prometteuse, où un ancêtre de «Nestor Burma» (un brillant détective de l’agence Fiat-Lux) se dresse, avec courage, contre celui qui prétend devenir le Maître du Monde !!! Si l’efficacité de Didier Convard est l’un des atouts de ce passionnant premier tome, il serait injuste d’oublier la virtuosité et la minutie du dessinateur Jean-Yves Delitte qui, nageant dans cette ambiance comme un poisson dans l’eau (d’autant plus que l’époque lui est familière, l’ayant maintes fois mis en images dans «Neptune» ou dans «Les brigades du Tigre»), peaufine son trait réaliste et truculent à la fois. D’autant plus qu’il est soutenu, ici, par les couleurs lumineuses de Frédérique Avril, dont le travail, très respectueux de l’atmosphère voulue par les deux compères, est entouré d’un bandeau noir fort approprié.

 

 

 

Happy Living ” par Jean-Claude Götting

 

Editions Delcourt (14,95 Euros)

 

Décidément, Jean-Claude Götting (surtout connu pour être l’illustrateur des couvertures des romans d’«Harry Potter»), a vraiment réussi son retour en bande dessinée. Alors qu’il avait plus ou moins abandonné le genre, lui préférant d’autres modes d’expression comme la peinture, on a eu le plaisir de retrouver sa patte élégante et sa narration de plus en plus travaillée sur «La malle Sanderson», magnifique «one-shot» publié, en 2004, dans la même collection : «Mirages». Après avoir joué sur l’envers du décor et sur différents nivaux de lecture avec sa narration limpide, il nous propose ici un formidable roman graphique de 130 pages, encore plus subtil et plus crédible, où son trait, brut et stylé à la fois, fait merveille. Un jeune journaliste, en train de préparer son premier livre sur les succès musicaux du siècle dernier, rencontre le compositeur de l’un d’eux. A la fin de l’interview, ce dernier lui avoue avoir volé la mélodie à un musicien, alors fortement alcoolisé. Rongé par le remords, et sentant sa mort approcher à grands pas, il demande à l’écrivain de retrouver le véritable auteur, ou, à défaut, ses héritiers. Passionné par cette musique, Jean-Claude Götting se plonge dans l’histoire du jazz et balade son héros de New York à la côte ouest des USA… Précision et finesse sont au rendez-vous de ce récit tout en nuance, ponctué par les paroles de nombreux standards et par des dialogues marquants : «On se croit une beauté dans son patelin, et arrivée ici on s’aperçoit que la liste des prétendants est au moins aussi longue que la population de Middletown» ou encore «Vous aviez envie d’être célèbre, monsieur Merlot ?… Non. Simplement qu’on remarque mon travail.» : des mots qui, au bout du compte (ou du conte), créent une musique entêtante !

 

 

 

Amère patrie ” par Frédéric Blier et Lax

 

Editions Dupuis (13,50 Euros)

 

Alors qu’il n’avait que quelques planches à son actif, Frédéric Blier, jeune dessinateur fraîchement sorti de l’école Emile Cohl de Lyon (où son scénariste et référence graphique, Lax, est professeur), a réussi à être publié dans la prestigieuse collection «Aire Libre» ; et il nous surprend par la maîtrise de son style réaliste et caricatural à la fois, lequel lui permet de donner de vraies tronches à ses personnages. Quant au scénario, bâti par le dessinateur d’ «Azrayen», des «Oubliés d’Annam» ou de «La fille aux ibis», il nous rappelle les meilleures sagas historiques romanesques. Nous sommes à la veille de la Première Guerre mondiale et deux jeunes gens qui n’ont, a priori rien à voir, vont être reliés par le destin. L’un est un chasseur sénégalais qui tente de protéger sa sœur des cruelles lois tribales de son défunt mari, l’autre est un habile braconnier de la Haute-Loire qui fait tout ce qu’il peut pour sauver la ferme familiale, après l’accident du père. Leurs univers radicalement différents vont converger au fil des événements, pendant cette période troublée… Lax se révèle un narrateur hors pair et a trouvé en Frédéric Blier (soutenu par les couleurs adéquates de Meephe, une autre débutante), un comparse de premier ordre. Ceux qui ont aimé son humanisme et ses prises de positions dans ses précédentes œuvres réalisées en solitaire («L’aigle sans orteils», «Le Choucas», «Chiens de fusils», «Des maux pour le dire»…) ne seront pas étonnés de son évident savoir faire. Et tous attendront la suite de ce diptyque, ainsi que son prochain scénario pour Jean-Claude Fournier, avec impatience…

 

 

 

 

 

Gilles RATIER

 

 

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