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Œil de jade T2 : L’étreinte du tigre, Titine au bistrot, Gusgus T1 : Les rois du monde, Zapping génération T2 : Trop accro et Le livre des Amortels T3 : Le lieur de songes.

 

 

Cliquez sur l’appareil photo pour découvrir les couvertures des albums chroniqués.

 

 

 

Œil de jade, T2, L’étreinte du tigre, Patrick Weber, Emmanuelle Tenderini, Humanoïdes associés, 10,40 euros

 

 

 

Dans la Chine des dynasties mongoles, Wang, un ancien soldat devenu fonctionnaire de la justice impériale, s’impose dans une région isolée et dominée par les notables, grâce à des méthodes efficaces et à un étique rigoureuses. Aidé de son fils, il va dépasser les apparences pour élucider le meurtre d’un riche marchand tibétain.

 

 

 

Voici un album réussi à plus d’un titre. D’abord, parce qu’il restitue avec une vraie précision historique la vie dans la Chine du XIIIe siècle, reconstituant non seulement les environnements urbains et les ruraux, mais aussi les mentalités totalement respectueuses des hiérarchies sociales. Ensuite, parce que ce souci historique reste en arrière fond, au service d’une narration qu’il appuie sans jamais l’occulter. Enfin, par la finesse quasi diaphane du trait, précis et sobre, mais jouant d’un registre riche et nuancé. Au final, malgré des physionomies parfois un peu figées et des couleurs aux dominantes chromatiques un peu rébarbatives (le tout contribuant au demeurant à renforcer l’ambiance d’exotisme familier et à rendre la violence contenue de rapports très policés), ce tome, parfaitement conduit dans ses rebondissements et ses investigations complexes, achève avec efficacité un récit dépaysant autant par les psychologies et les rapports humains que par le cadre général.

 

 

 

Titine au bistrot, Lindingre, Fluide Glacial, 9,95 euros

 

 

 

Titine c’est Martine, la sœur de Bouffy, un goinfre de la pire espèce, décérébré, néo nazi, et totalement irresponsable. Martine elle passe ses journées entre l’ANPE et les Assedic, toujours prête à s’en jeter un, et plutôt dix fois qu’unu, au point de ne se rappeler de rien le lendemain. Que ce soit à la télé, au café des amis, ou à un vernissage, elle n’abandonne ni sa tenue de jogging, ni son vocabulaire cru ni surtout son obsession pour l’apéro.

 

 

 

La couverture donne le ton : où l’on voit une Martine, coiffure iroquois rouge et éternel survet mauve, en train de lécher à pleine langue la bière qui coule de son verre sur le comptoir, devant l’oeil égrillard d’une bande de bof comme on n’oserait même pas les imaginer … Assurément, Lindingre donne toute sa démesure dans une série ayant trouvé toute sa place dans le magazine Fluide glacial qui en assure la prépublication. Décrivant une population menacée par l’exclusion et totalement en marge de toutes les conventions sociales, il déploie en 9 nouvelles percutantes son sens de la satire et son humour décapant qui ne recule devant presque rien, excellant à placer ses personnages dans des situations improbables où ils ne cessent jamais de manifester leur incroyable sans gène et leur total irrespect des bonnes manières. Pourtant, par delà le rire devant tant de bêtise et de vulgarité, le regard du lecteur, guidé par un trait tout en rondeur et un sens aigu des dialogues, ne peut s’empêcher d’éprouver un certain attachement pour cette humanité au naturel. Un vrai régal d’humour hilarant non dénué de perspicacité sociale. A lire aussi bien au premier qu’au second degré.

 

 

 

 

 

Gusgus, t1, Les rois du monde, Jean-Luc Englebert, Christian Durieux, Dupuis, 13 euros

 

 

 

Quand Gusgus arrive dans sa nouvelle maison, les habitants du village sont pris de curiosité. Encore sont-ils loin de soupçonner que Gusgus est le fils d’un fantôme et qu’il possède lui-même de curieux pouvoirs, notamment celui de voler. Mais Gusgus est une enfant comme les autres, curieux d’aventures et de découverte. Or, lorsqu’il rejoint un copain dans la forêt, de mystérieuses trainées lumineuses se manifestent.

 

 

 

Voici, dans une nouvelle collection qui ne compte jusqu’à présent que des réussites, un sympathique récit qui introduit un merveilleux très contemporain dans une trame où la vie quotidienne exerce tous ses droits : ainsi voit-on un papa fantôme se livrer au délicat exercice de la vaisselle, mais aussi s’effrayer une fois la nuit venue dans la campagne (un comble pour un fantôme !), alors que toutes la famille vit à un rythme relativement normal malgré les particularités des ses membres. Le dessin, mis en planche de manière classique sait aller à l’essentiel sans saturer le jeune lecteur, alors que le récit, qui déroule des dialogues bien menés (souvent au rythme d’une bulle par case, ce qui donne une grande lisibilité à l’ensemble), multiplie les péripéties autour d’un suspense linéaire qui sait allier le dynamisme à la clarté. Un bon album pour jeune bédéphile qui semble tout à fait répondre à l’objectif de la série axée sur la lecture autonome.

 

 

 

Zapping generation, t2, Trop accro, Ernst, Janssens, Dupuis, 8,50 euros

 

 

 

Chien robot, poisson virtuel, lave-linge équipé d’un GPS et cabine visiophonique, le monde de Juju se trouve à la pointe de l’informatisation domestique. Mais tout cela ne va pas sans de nombreuses désillusions et dans cette famille de doux dingues branchés, seul le Papy semble avoir conservé quelque bon sens. Faire rire sur les nouvelles technologies n’est pas si facile et malgré la prolifération des albums sur ce thème, peu d’auteurs parviennent à tirer leur épingle du jeu. Celui-ci, qui présente pourtant un univers sympathique croqué dans le style de la nouvelle école gros nez, pêche pour certains de ses gags. Un album d’humour qui amusera néanmoins les petits.

 

 

 

 

 

Le livre des Amortels, t3, Le lieur de songes, Fred Juret, Anne Ploy, Dupuis, 13 euros

 

 

 

Les Amortels veillent pour empêcher que l’humanité ne retombe dans la barbarie. Ils sont ainsi amenés à s’unir pour contrer le druide Abred, possédé par la pouvoir du crane fauteur de guerres. Avec sa formation en sciences humaines, Anne Ploy excelle à dresser des univers à l’imaginaire étoffé, dominé par le syncrétisme mythologique et un langage poétique empreint de religiosité. Il en découle un récit dense mais complexe, que la composition en petites cases ne contribue pas à éclairer, malgré un trait simplifié et l’usage de couleurs primaires. Par delà l’originalité du thème et du dessin, qui au demeurant ne semblent pas vraiment en correspondance, cet album curieux et ambitieux, présentant un fil directeur en forme de quête qu’obscurcissent les références mythologiques, doit être abordé avec une vraie capacité d’analyse et de mise en correspondance.

 

 

 

Joël Dubos

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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