Quel plaisir, après des années et des années de chroniques sur les nouvelles parutions concernant le 9e art, de continuer à découvrir des auteurs prometteurs qui, d’emblée, semblent vraiment maîtriser les codes narratifs et graphiques de la bande dessinée ! C’est d’autant plus méritoire quand il s’agit d’un premier album en ce domaine : ce qui est le cas de Pierre Alexandrine avec son « Amourante ». Ce dense ouvrage de 230 pages, édité chez Glénat, nous propose un voyage aussi palpitant qu’amusant à travers les époques et les lieux, en remettant en question notre obsession tout à fait compréhensible de plaire perpétuellement et de ne pas mourir…
Lire la suite...Des mots dans les mains de Bénédicte Gourdon et Malika Fouchier

« Je m’appelle Arthur, j’ai 6 ans, je ressemble à tout le monde » : ainsi commence le récit à la première personne que nous livre un petit garçon attachant qui adore sa maman, va à l’école et possède un super copain avec lequel il joue et parfois se dispute.
Bref, un enfant comme les autres, si ce n’est qu’Arthur est sourd, ce qui rend tout de même sa vie un peu particulière.
Evitant la dramatisation bienpensante ou l’édulcoration politiquement correcte, cet album va au fond des choses, sur un ton vif et gai, à l’image de son petit héros. Le trait qui intègre la technique et le langage du manga sous un format et un découpage à l’européenne, renforce l’impression de dynamisme irrésistible et d’énergie communicative qui se dégagent de chaque vignette, encrées en couleurs vives à dominantes de roses, orangers et jaunes. Grâce à un scénario mené à cent à l’heure sur les traces du trépidant héros que l’on suit l’espace d’une journée riche et réussie, l’histoire prouve combien la différence ne suffit pas à isoler celui qui en refuse la fatalité. Sans chercher pour autant à enjoliver la réalité, sans se détourner des problèmes que rencontrent Arthur, le récit parvient à restituer sa richesse de caractère et la vitalité qui est en lui. Arthur ne saurait être réduit à son infirmité, et personne autour de lui n’y songerait. Voici la teneur du message fort que délivre cet album capable de donner aux jeunes lecteurs une autre image du handicap, comme une particularité ni anodine ni pour autant définitivement discriminante. Un excellent moyen de combattre l’exclusion.
Joël Dubos