Encore plus de lectures – Janvier 2007

Grapholexique du manga, Les chroniques de Sillage, t4, Insiders, t5, La brigade de l’étrange, t3

 

 

Parabd : Den Siga, Grapholexique du manga Comprendre et utiliser les symboles graphiques de la bd japonaise, Eyrolles, 17euros

 

Après avoir posé cet ouvrage admirable, on se demande comment on pouvait bien prétendre comprendre les mangas avant d’avoir lu Den Siga. Se présentant comme un décodeur de symboles graphiques, c’est-à-dire d’éléments récurrents à forte teneur narrative, l’auteur a mis en œuvre une méthodologie sans faille : repérant au cours de ses lectures les éléments symboliques utilisés par les mangakas, il a ensuite mené des recherches pour vérifier si ces occurrences se retrouvaient chez d’autres auteurs, avant d’en modéliser le mode d’emploi. Ce livre, qui regroupe en fait une série d’articles présentés dans le magazine Animeland consacré aux dessins animés japonais, présente 32 symboles très explicites pour le lecteur japonais mais souvent imperceptibles à l’amateur d’album franco-belges : si certains de ces codes semblent maîtrisés depuis la percée des dessins animés japonais à la fin des années 1970 (les yeux vides évoquant la perte de contrôle ou la possession, les dents représentées à la façon d’un animal pour montrer la fureur bestiale, voire les yeux étoilés évoquant les larmes), d’autres échappent totalement à la compréhension intuitive (le saignement de nez qui apparaît devant une vision érotique, l’absence d’yeux des personnages sans importance, ou les spirales de candeur ou de K.O. pour ne retenir que quelques exemples dans la riche série présentée) de nombreux lecteurs et dessinateurs. Car le but de Den Siga s’apparente aussi quelque peu à de l’espionnage industriel destiné aux professionnels hexagonaux, puisqu’on peut voir dans l’ignorance de ces codes l’une –sinon la principale- raison de l’échec des mangas européens au pays du soleil levant. Bref, un livre indispensable qui fait regarder la bd japonaise avec une intelligence nouvelle.

 

JD

 

 

 

Les chroniques de Sillage, t4, collectif, Delcourt, 12,90 euros

 

En parallèle de la série éponyme, se poursuivent ces chroniques formées de courts récits narrant la jeunesse de Navis ou rapportant des épisodes inconnus qui se glissent entre les albums initiaux. Où l’on découvre de nouveaux traits de personnalité de Navis enfant (et sujette à des frénésies d’achat quasi compulsives), qu’il existe un film (pardon un feuilleton holoprogrammé) inspiré des exploits de la terriennes, ou encore que ces anciens ennemis, confiant dans sa droiture, se sont tournés vers elle pour mettre fin à leur situation abusive. L’ensemble, quoique sympathique et amusant, mais aussi inégal et léger, est d’abord à réserver aux fans les plus acharnés de la série.

 

JD

 

 

 

Insiders, t5, OPA sur le Kremlin, Bartoll, Garreta, Dargaud, 9,80 euros

 

Chargé par le cabinet du président des Etats-Unis d’infiltrer le grand conseil de la mafia mondiale, Najah sauve la vie du milliardaire Sam Natchez qui l’affranchit peu à peu sur la face cachée de son business. Mais prise entre les divers protagonistes, elle se trouve rattrapée par son passé tant tchétchène que colombien.

 

 

 

Nouvel épisode bien mené pour cette série marquée par les enjeux internationaux actuels, notamment autour des hydrocarbures de Russie et d’Asie centrale. De quoi alimenter un bon récit d’espionnage et d’aventures. Les auteurs ne s’en privent pas, sacrifiant aux normes du genre : trait réaliste, mise en page classique, scénario à tiroirs, avec multiplication des épisodes et jeux des souvenirs, convocation des grands de ce monde et références très contemporaines. Comme il se doit dans tout bon roman d’espionnage, on se perd parfois un peu dans les méandres d’une géopolitique labyrinthique mettant aux prises services secrets de trois ou quatre puissances, mafias en tout genre et autres oligarques, aux frontières de la politique et de la finance. Il reste l’un des portraits les plus complexes d’héroïnes féminines récentes : superbe, intelligente et pleine de ressources, mais en dernier lieu dépendante de ses commanditaires, Najah conserve le charme d’un personnage ambiguë dont on ne saurait à vrai dire évaluer la morale. Malgré une intrigue complexe et des références au passé pas toujours exploitées, l’ensemble se lit agréablement et initiera les adolescents aux réalités stratégiques de notre monde complexe.

 

JD

 

 

 

La brigade de l’étrange, t3, Le mystère des hommes sans tête, Philippe Chanoinat, Frédéric Marniquet, Albin Michel, 13,90 euros

 

 

 

Rocamadour, 1882. Un homme est mystérieusement assassiné : il a été décapité mais on ne trouve dans la neige alentours aucunes autres traces que celles d’un gros chien. La brigade de l’étrange, emmenée par Louis Carette, part sur le champ, d’autant que d’autres notables trouvent la mort de la même manière.

 

 

 

Ces enquêtes, modernes dossiers X rappelant certaines aventures de Sherlock Holmes, de Rouletabille ou d’Arsène Lupin, sont traités dans un style triplement rétro : à la mode des best sellers du XIXe siècle mêlant fantastique et policier en ce qui concerne la narration, façon ligne claire réaliste et modernisée au plan du dessin, et enfin, sur un papier épais et rugueux à l’ancienne, avec encrage en aplats de couleurs franches, pour la partie technique. L’essentiel du récit, découpé selon une dominante de plans américains, fait la part belle aux dialogues, échanges d’hypothèses et autres investigations policières, émaillées de coups de théâtres tragiques et d’un dénouement qui ne l’est pas moins. Du coup, l’album présente un texte dense et spéculatif, qui n’est pas sans évoquer les aventures de Blake et Mortimer. On prendre donc ce récit bien mené comme une référence aux maîtres du passé, ne sacrifiant pas les dialogues aux scènes d’action, et mettant en lumière la perspicacité de personnages sympathiques et franchement campés. De l’aventure sobre, dense et efficace.

 

JD

 

 

 

 

 

 

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