PLUS DE LECTURES DE BD DU 3 JUILLET 2006

Ca y est, les vacances sont là, alors n’hésitez pas à apporter ces 5 albums pour lire sur la plage, ou à la montagne : “ Aven T.2 : L’affût ” par Laurent et Stefan Astier, “ H.H.Holmes T.1 : Englewood ” par Fabrice Le Hénanff et Henri Fabuel, “ Achevé d’imprimer ” par Rémy Mabesoone et Olivier Mau, “ James Dieu T.1 ” par Fred Pontarolo et “ Protecto T.1 : La fabrique des mères éplorées ” par Matteo et Zidrou.

Cliquez sur l’appareil photo, en haut à droite, pour découvrir les couvertures des albums chroniqués.


Aven T.2 : L’affût ” par Laurent et Stefan Astier


Editions Vents d’Ouest (9,40 Euros)


Depuis 1947, les prétendants au suicide se pressent sur le pont de Saint-Jean-en-Aven ; ceci afin de se lancer dans le vide et effectuer une chute mortelle de 468 mètres… Comme la gendarmerie locale, lassée de ces suicides à répétition, ne se déplace plus, c’est un jeune policier de la PJ de Paris qui est détaché pour enquêter sur les deux dernières victimes. Il faut dire que c’est la première fois que des figures locales, de ce petit bourg montagnard, se jettent de ce pont à la bien mauvaise réputation ! Les investigations le mènent au maire du village, propriétaire d’une source d’eau minérale célèbre et aux comportements plutôt étranges, pour ne pas dire suspects… Ce deuxième tome d’un triptyque intriguant nous propose une histoire bien ficelée, dans une ambiance fin des années 1960, relevée par une once d’absurde et de fantastique, et par des personnages hauts en couleurs. Même si le lecteur n’est pas plus avancé qu’à la fin du 1er tome, il se délectera pourtant de cette intrigue prenante et pesante où le dessinateur Laurent Astier excelle, adoptant un style plus classique que sur ses autres réalisations.


 


H.H.Holmes T.1 : Englewood ” par Fabrice Le Hénanff et Henri Fabuel


Editions Glénat (12,50 Euros)


Voici encore une BD qui s’inspire de l’histoire de Jack l’éventreur et le résultat est, une fois de plus, très intéressant. Alors qu’une nouvelle prostituée est retrouvée morte et sauvagement mutilée, un certain Dr Holmes quitte Londres pour les Etats-Unis où il s’installe comme pharmacien. Et voilà que de nombreux corps de femmes sont découverts, leurs mutilations rappelant la technique du célèbre tueur en série anglais. Cette biographie de celui qui fût considéré comme le premier serial killer américain (suspecté d’avoir commis entre 50 et 200 meurtres) est mise en images par le dessin surprenant du Breton Fabrice Le Hénanff. Son style sombre et très graphique (même s’il y a quelques améliorations à apporter, cela sort vraiment du lot), conforté par des couleurs très efficaces, renforce la complexité du scénario émouvant d’Henri Fabuel (Toulousain issu d’une famille d’immigrés espagnols), tout en rendant les personnages très attachants. Après leur coup d’essai (déjà fort concluant !) sur «Les Caméléons» (chez Casterman), les deux artistes ont reformé leur duo créatif, brouillant allégrement les pistes narratives, sans concessions !


 


Achevé d’imprimer ” par Rémy Mabesoone et Olivier Mau


Editions Casterman (14,95 Euros)


Ce premier album étonnant, qui ne lésine pas sur l’hémoglobine (même si les pages sont en noir et blanc !) est dû à un dessinateur qui vient du dessin animé (Rémy Mabesoone, dont le style fait beaucoup penser à celui de Jeff Pourquié) et à un auteur de livres pour la jeunesse et de polars (Olivier Mau). Il nous raconte le sanglant road-movie d’un jeune écrivain frustré, qui peine à se faire publier et qui vit aux crochets de son grand-père antisémite. Ses parents sont morts dans un accident de voiture dont il a été le seul rescapé : coincés sur un passage à niveau, ils ont été déchiquetés sous ses yeux. On serait traumatisé à moins, et notre écrivaillon paranoïaque va déraper, suivant l’inspiration de ses fantasmes, un couteau de boucher dans une main et un stylo dans l’autre. Ce jeu de massacre, mené tambour battant et jonché d’humour noir de bon aloi, peut nous permettre de croire dans le potentiel de ces deux nouveaux venus dans le monde de plus en plus vaste du 9ème art !


 


James Dieu T.1 ” par Fred Pontarolo


Editions Futuropolis (4,90 Euros)


La collection 32 des nouvelles éditions Futuropolis continue à nous égrener son lot de bonnes surprises, et cette série de Fred Pontarolo en fait partie ! Mexicain au chômage, Juanito se focalise sur une cannette de Coca-Cola toute pourrie, alors que sa pauvre femme a de quoi déprimer : bonne à tout faire d’un vieux lubrique, elle est aussi harcelée régulièrement par un gigolo de prof de sport. Son bougre de mari s’est mis en tête que Dieu, sous l’apparence d’un Elvis Presley en fin de carrière (obèse et alcoolique), vit dans cette bête cannette vide et toute cabossée, depuis, qu’ayant bu un mauvais whisky, il a vomi toute l’humanité. Il ne reste plus, à notre couple désargenté, qu’à définir le meilleur moyen de tirer profit de cette situation… Ce premier tome, d’une histoire prévue en 9 albums (de 32 pages, bien entendu), est complètement déjanté ! Jusqu’à présent tourné uniquement sur la science-fiction, le talentueux auteur de «Naciré et les machines» change complètement de registre (quoique…) et s’offre ici une grande liberté dans la variation des plans pour nous faire entrer, de plain-pied, dans une histoire haletante dont nous n’aurons la suite qu’en octobre ! Notons l’excellente utilisation des couleurs qui baignent dans le rouge et le jaune pisseux et qui s’accordent parfaitement avec la fraîcheur de son dessin très expressif et avec l’efficacité d’un scénario décalé et rentre-dedans, lequel critique habilement la société américaine.


 


“ Protecto T.1 : La fabrique des mères éplorées ” par Matteo et Zidrou


Editions Dupuis (13 Euros)


Au début était «Mèche rebelle», 2 formidables albums de la collection «Repérages» (repris en un seul volume sous le titre «Protecto : la génèse» où l’on découvrait Kim, fillette de 15 ans au charme irrésistible, bénéficiant de la protection discrète d’un ange gardien. Hélas, les «Anges de la Mort», dirigés par la cruelle «Madame», se sont trompé de cible et ont blessé mortellement l’insouciante Kim. C’est grâce à l’intervention de sa boulotte de sœur, Alicia, seul témoin de l’accident, qu’elle va échapper une première fois aux griffes de ces forces supérieures qui ne veulent pourtant pas rester sur un échec. Revoilà donc ce passionnant thriller fantastique et paranoïaque, intégrant désormais le label «Empreinte(s)», au plus grand format. La série en profite pour devenir plus noire, plus dure et plus ironique, et le personnage de la Mort, plus omniprésent. Ce dernier, aussi séduisant que cruel (sous les traits de «Madame»), donnera même son nom à la seconde partie de ce diptyque cynique, à paraître en janvier. En attendant, nous retrouvons Kim adulte avec un mari attentionné, deux adorables petites filles et un métier de rêve (top-model) : mais elle n’aurait pas dû contrarier «Madame»… Ce scénario réaliste, aussi dynamique qu’efficace, d’un auteur catalogué comme gagman (Zidrou est à l’origine de séries comme «L’élève Ducobu», «Les Crannibales», «Sac à Puces», «Le Boss»…), est une réussite. Quant au trait mature de l’Italien Matteo (dont c’est la première série), s’il rappelle l’école classique du réalisme franco-belge, il n’en est pas moins étonnant de vitalité et de virtuosité !


 


Gilles RATIER


 


 

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