PLUS DE LECTURES DU 19 JUIN 2006

Les vacances arrivent et voici 5 albums à acheter sans attendre pour consommer tout de suite ou, bientôt, sur la plage : “ La mémoire dans les poches T.1 ”, “ Le Stéréo Club T.3 : 21 juin ”, “ Trois artistes à Paris ”, “ Pascal Brutal T.1 : La nouvelle virilité ” et “ Le codex angélique T.1 : Izaël ”.

 


Cliquez sur l’appareil photo (en haut à droite de l’écran) pour découvrir les couvertures des albums chroniqués


La mémoire dans les poches T.1 ” par Etienne Le Roux et Luc Brunschwig


Editions Futuropolis (15,90 Euros)


L’enfer est pavé de bonnes intentions et Sidoine, le petit vieux, héros de ce formidable conte contemporain, va l’apprendre à ses dépens ! Arrivant dans un bar avec un bébé dans les bras et ayant du mal à expliquer les cris de faim de l’enfant, des soupçons se portent rapidement sur lui. Il commence alors à raconter sa vie et celle de sa famille, chamboulée par l’arrivée d’une jeune maghrébine. Sidoine subjugue son auditoire, tout en sortant régulièrement, de sa poche, des bouts de papiers qui l’aident à se souvenir… Il y a certaines bandes dessinées, à la fois belles et cruelles, qui vous laissent un sentiment de bien-être, après nous avoir pourtant asséné, tour à tour, de l’amour et une certaine violence au fil des pages. «La mémoire dans les poches» est de celles-là ! Une histoire simple et dense (86 planches !), dont l’originalité n’a rien à envier à l’efficacité, et où le scénariste Luc Brunschwig poursuit son exploration minutieuse de la vie des banlieues, parsemant son récit de nombreux rebondissements adroitement narrés. Cela fait beaucoup penser à la fraîcheur des films de Lubitch ou de Capra, cinéastes qui savaient parfaitement allier élégance, cruauté et humour. Pour parachever le tout, la finesse du dessin et la douceur des couleurs d’Etienne Le Roux, qui, pour l’occasion, a légèrement arrondi et peaufiné son style, collent admirablement au néoréalisme ambiant de l’album. Espérons que ce bel ouvrage consacrera enfin cet artiste, jusqu’à lors trop longtemps cantonné dans la SF et l’heroic-fantasy : il le mérite vraiment !


 


Le Stéréo Club T.3 : 21 juin ” par Rudy Spiessert et Hervé Bourhis


Editions Dargaud (9,80 Euros)


Parce qu’elle a rencontré un beau jeune homme qui a l’air d’avoir ses entrées dans l’industrie du disque, Pétra veut absolument que son groupe de rockeuses joue pour la fête de la musique, à partir de 17H, dans le Ve… Le lendemain soir ! Seulement, il y a des petits soucis d’organisation : le groupe n’a pas de nom, n’a pas de batteur, ne sait pas où répéter… L’impétueuse jeune femme amoureuse appelle son cousin Youri, pour le convaincre de la laisser répéter dans la cave du Stéréo Club. Or, le vieux propriétaire de cette boutique de disques, dépassé par l’arrivée du téléchargement de la musique et des changements culturels des consommateurs, va vendre les murs à l’agent immobilier du coin… Cette comédie humaine est d’un réalisme saisissant et accumule les situations cocasses, les références nostalgiques et les moments de tendresse, alors que les petits bouts de vie des protagonistes interfèrent les uns avec les autres. Le dessin, très «nouvelle ligne claire» (dans la lignée des Dupuy/Berberian, Christopher et autres Peyraud), contribue à l’ambiance drolatique de ces péripéties musicales très tendance !


 


Trois artistes à Paris ” par Oscar Zarate et Carlos Sampayo


Editions Dupuis (14 Euros)


Curieuse histoire que cette interrogation sur la création due au scénariste argentin Carlos Sampayo, habituellement associé au nom de José Antonio Muñoz sur «Alack Sinner». Ici, il s’est acoquiné avec un autre de ses compatriotes exilés : Oscar Zarate, dont les pastels expressionnistes avaient illustré quelques œuvres mineures d’Alan Moore, et, le moins que l’on puisse dire, c’est que le résultat est ambigu et étonnant. En retrouvant un dessinateur avec lequel il avait déjà collaboré, furtivement, dans le passé et avec lequel il partage une tradition culturelle très latine et une solitude nostalgique, Sampayo réussi à transcender sa narration tellement particulière, toujours aussi engagée et remplie d’allusions à l’actualité politique, tout en dotant ses personnages d’une incontestable épaisseur humaine. Invités à Paris pour recevoir les prestigieuses bourses de la B.I.N., un pianiste, un peintre et un écrivain vont être interviewés, à tour de rôle, par une journaliste fascinée par les secrets de la création artistique. Les traumatismes, les scandales, la culpabilité et la mémoire d’une souffrance collective sont-ils des maux nécessaires pour pondre des chefs-d’œuvre ?


 


Pascal Brutal T.1 : La nouvelle virilité ” par Riad Sattouf


Editions Fluide Glacial (9,95 Euros)


Riad Sattouf est l’un des prolifiques nouveaux tenants de la vague actuelle, proche des Sfar et autres Trondheim. Après avoir intégré l’école d’animation des Gobelins, il débute dans la BD comme simple illustrateur (dans un style plus réaliste) des textes fantastiques de Corbeyran chez Delcourt («Petit Verglas», en 2000). Deux ans plus tard, sous l’influence de ses copains de la «nouvelle BD», il change carrément de style et passe chez Dargaud («Les pauvres aventures de Jérémie» ou «No sex in New York»), s’appropriant un trait humoristique assez «gros nez» empreint de vécu et de tendresse tout en étant, quand même, assez éloigné de l’école Belge. Sa verve dialectique se retrouve aussi dans des témoignages très réussis comme «Manuel du puceau» et «Ma Circoncision» chez Bréal Jeunesse ou «Retour au collège» chez Hachette Littératures : rien d’étonnant, donc, à ce qu’il soit approché par les nouveaux dirigeants du mensuel Fluide Glacial (en l’occurrence Albert Algoud, à l’époque) qui désiraient renouveler leur «cheptel». Son propos et son dessin étant proche de l’humour prôné par le magazine, il y propose uns suite de récits complets ayant pour héros une grosse brute décérébrée portant bouc, gourmette, basket torsion et tee-shirt blanc, évoluant dans une France au fond du futur, dirigée, depuis bientôt 21 ans, par Alain Madelin : cynique mais complètement en phase avec les travers sociaux de son époque !


 


Le codex angélique T.1 : Izaël ” par Mikaël Bourgoin et Thierry Gloris


Editions Delcourt (12,90 Euros)


Pour un premier album, c’est vraiment surprenant de maîtrise et de profondeur ! Bien entendu, tout n’est pas parfait mais la qualité de la narration et l’originalité du scénario n’ont rien à envier à celles du graphisme, lequel séduit au premier coup d’œil, en particulier grâce à une habile et adéquate mise en couleurs. Cela commence dans le Paris de la Belle Epoque où un tueur en série, qui nous rappelle Jack l’éventreur, fait les choux gras de la presse, alors qu’un jeune homme ne pense qu’à sa mère, terrassée par un arrêt cardiaque 20 ans plus tôt. Son oncle, inventeur de l’hibernation artificielle, la maintient dans sa splendeur d’antan, espérant la faire revivre grâce à quelques incantations prélevées dans un ouvrage de sciences occultes : «Le codex angélique». Notons qu’outre la maîtrise graphique et narrative de cet ébouriffant premier volume, l’univers historique est particulièrement bien rendu : rien d’anormal à cela, le jeune scénariste a un DEA en Histoire et reconnaît que l’Histoire demeure l’une de ses principales sources d’inspiration.


 


Gilles RATIER


 

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