PLUS DE LECTURES DU 5 JUIN 2006

Voici encore 5 albums sélectionnés par nos soins : “ Kern T.1 : Médiapanel ” par Gabrion, “ L’arche de Zoé T.1 : Zoé sème la zizanie ” par Miniac et Delente, “ Un après-midi d’été ” par Le Floc’h, “ Koma T.4 : L’hôtel ” par Peeters et Wazem et “ Bonus ! ” par Robinson.

 


Un clic sur l’icone représentant un appareil photo, située en haut à droite, pour découvrir les couvertures des albums chroniqués


Kern T.1 : Médiapanel ” par Pierre-Yves Gabrion


Editions Soleil (9,45 Euros)


«Kern», c’est le retour BD réussi de Pierre-Yves Gabrion, l’auteur sensible de «L’homme de Java» et des «Rameaux de Salicorne». Son nouvel héros a 26 ans, il est amoureux d’une jolie Américaine et se paie ses études de cinéma en jouant à l’«audimateur» : c’est-à-dire qu’il teste différents programmes pour une société chargée de surveiller les émissions de télé, suite à une affaire où le monde de l’audiovisuel a trempé dans un scandale d’audimat truqué. Ses facultés à devenir un téléspectateur universel vont être extraordinairement développées, suite à un bug informatique : Kern va être désormais capable, à lui seul, de donner le même résultat que de coûteux sondages. Augmentations et privilèges vont alors lui être proposés, mais le jeune étudiant fini par s’apercevoir qu’il est inconnu des fichiers du service du personnel de cette grosse boîte ! C’est évident, dès la première page, et ceci malgré sa trop longue absence, Pierre-Yves Gabrion sait toujours aussi bien raconter les histoires. Rien d’étonnant puisqu’il enseigne, aujourd’hui, la narration graphique à l’université de Bordeaux 3. Son dessin, simple et efficace, n’est là que pour servir au mieux les intérêts de l’histoire et ses multiples rebondissements, lesquels sont fort bien amenés. L’univers des médias (et particulièrement celui de la télé) est intelligemment abordé, sans trop de moralisme, sous couvert d’une enquête aux confins du fantastique, laquelle est toutefois basée sur des théories scientifiques et technologiques existant vraiment.


 


L’arche de Zoé T.1 : Zoé sème la zizanie ” par Jean-François Miniac et Emmanuel Delente


Editions Des Ronds dans l’O (10,80 Euros)


Cette agréable nouvelle série de gags en une planche, destinés à la jeunesse, met en scène une petite fille de 9 ans, lassée des disputes incessantes de ses parents. Elle s’enfuit avec ses deux petits frères et, ensemble, sous des trombes d’eau, ils libèrent les animaux du zoo voisin. Puis, ils embarquent sur un vaisseau spatial pour un voyage interstellaire, reconstituant leur univers familial avec les animaux de la création qui les entourent désormais. Bien entendu, vous l’avez deviné, il s’agit d’une réinterprétation moderne et poétique du mythe de l’arche de Noé. Jean-François Miniac n’est pas un inconnu dans le monde de la BD : il a travaillé comme dessinateur, depuis le début des années 1990, pour diverses revues (de Mikado à Lanfeust Mag en passant par Tintin et Hello BD) et pour de nombreux éditeurs (Alpen, Soleil, Glénat, EP éditions…). Le voici aujourd’hui scénariste à travers l’écriture de cet ensemble de gags, très mignons, légèrement décalés, mettant en scène notre monde contemporain, avec ses portables, consoles et autres computers. Quant au graphisme d’Emmanuel Delente,  proche de l’école franco-belge, il se révèle très agréable à la lecture. Pour finir, signalons aussi l’autre axe éditorial prôné par les productions Des Ronds dans l’O : celui-ci consiste à rééditer des BD grand public, mais peu connues ou oubliées (comme celles de René Follet ou de Philippe Sternis). Voilà qui ne peut que nous encourager à soutenir leurs tentatives pour se trouver une place dans un secteur déjà bien encombré, tout en espérant qu’il ne s’agisse pas, de la part Des Ronds dans l’O, d’un  simple coup dans l’eau !


 


Un après-midi d’été ” par Bruno Le Floc’h


Editions Delcourt (14,95 Euros)


Même si «Une Après-midi d’été» est annoncé comme la suite de «Trois éclats blancs» (qui reçu le Prix René Goscinny 2004, prix récompensant un jeune scénariste) car on y retrouve certains personnages du premier livre, ici meurtris par la Guerre de 14/18, ce nouvel album peut se lire séparément : la première Guerre mondiale vient donc de se terminer et, dans un petit port de pêche breton, Nonna sculpte à vif ses souvenirs des tranchées, dans son atelier. Il a laissé son métier de marin pêcheur pour s’enfermer dans le silence et le mutisme, alors que son amie attend qu’il honore sa promesse de mariage : mariage qu’ils avaient prévu de célébrer une fois les beaux jours revenus. Or, aujourd’hui, en cette après-midi de fin d’été où le soleil donne sur les quais, son aimée marche d’un pas déterminé à la rencontre de cet homme meurtri… Avec un trait ligne claire, sans fioriture, et une narration très fluide, ample et bien charpentée, le Breton Bruno Le Floc’h nous propose une histoire prenante et émouvante, tout en soignant particulièrement les diverses personnalités de tous les protagonistes.


 


Koma T.4 : L’hôtel ” par Frederik Peeters et Pierre Wazem


Editions Humanoïdes associés (9,45 Euros)


Chaque tome des tribulations d’Addidas est un pur bonheur ! Cette charmante petite fille a enfin retrouvé son papa mais, leur vie ayant été fort chamboulée lors des 3 précédents épisodes, il n’est plus question pour eux de reprendre leur activité de ramoneur. Revenus des profondeurs, accompagnés par un mystérieux monstre, ils se retrouvent pourchassés par les autorités et atterrissent dans un drôle d’hôtel avec 3000 chambres, planté au milieu de nulle part. Après avoir mis un point final (?) à son formidable «Lupus» (chez Atrabile) qu’il a scénarisé et dessiné lui-même, le Suisse Frederik Peeters continue sa collaboration exemplaire avec Pierre Wazem. Ce dernier, qui écrit le scénario tome par tome, concocte des dialogues parfaitement ciselés, qu’ensuite, son compatriote découpe et dessine. Si le résultat peut paraître moins original et moins expérimental que leurs autres œuvres qu’ils réalisent seuls, l’histoire de «Koma» contient son lot de surprise : on peut même dire que les auteurs ont parfaitement su s’adapter au formatage du «46 pages couleur», un modèle pourtant fortement décrié, ces temps-ci, par certains ayatollahs alternatifs !


 


Bonus ! ” par Alex Robinson


Editions Rackham (11 Euros)


En 2004, grâce aux éditions Rackham, les lecteurs français ont pu découvrir «De mal en pis», un énorme et complexe pavé (pratiquement 600 pages !) qui était aussi la première œuvre majeure du New-yorkais Alex Robinson. Plébiscité par la critique et par une partie du lectorat, ce copieux roman graphique et d’initiation nous avait séduit par son graphisme original, où le noir joue malicieusement avec le blanc, les trames et les grisés, mais surtout par la psychologie approfondie de ses nombreux personnages : des étudiants attachants qui font leurs premières armes dans le monde du travail. On les retrouve tous dans ce petit supplément, lequel est ponctué de questions aussi décalées qu’existentielles. Ces 51 pages de bonus, à la narration digne des grands maîtres du comic-book, sont complétées par une histoire de 24 pages, réalisée en 24 heures et réalisée à l’initiative du dessinateur et critique Scott Mc Cloud : un petit bijou de subtilité qui vous permettra d’attendre patiemment le prochain opus d’ Alex Robinson : «Tricked», lequel est annoncé pour octobre, et, bien entendu, ça sera toujours chez Rackham !


 


Gilles RATIER


 

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