Le ciel lui tombe sur la tête – Astérix 33

On avait peur que l’album nous tombe des bras ! Finalement, à la lecture de cette nouvelle « aventure » d’Astérix , on ne saurait conclure par un laconique « c’est bien » ou un plus attendu « c’est nul », mais clairement par « c’est autre chose », et cette autre chose a un goût plutôt agréable (je sens que beaucoup de gens vont me tomber sur la tête !)

 

 

Faut-il parler du nouvel Astérix ? Vendu à 400.000 exemplaires le jour de sa sortie, alors que personne ne l’avait lu, on peut douter de l’utilité du propos. Le sujet n’est évidemment pas de faire la promotion – ou inversement – d’un album de plus,  mais simplement, parce qu’à notre avis, aucun ouvrage ne doit se placer au dessus des critiques – qu’elles soient bonnes ou mauvaises – d’en exprimer notre point de vue professionnel. Et ceci, même si il ne sert – commercialement parlant – à rien !

 

 

 

Ainsi donc, j’ai décidé de parler de Le ciel lui tombe sur la tête (clairement un des plus mauvais titres de la série, le titre flamand – L’arme secrète – convenant vraiment mieux dans ce cas). Bref, comme tout le monde (même ceux qui achètent les yeux fermés, vous avez remarqué ?), j’étais inquiet … « Ce n’est plus ça, évidemment …  » ronronnait le landerneau du neuvième art depuis de nombreuses années. A raison quelquefois (j’avoue ne pas avoir apprécié  La galère d’Obélix), à tort souvent. Même si le ton avait un peu changé depuis le décès de René Goscinny (un génie), l’esprit restait le même. Et il ne faut pas oublier l’immense talent d’Albert Uderzo, dans un style de dessin si détaillé, à la dimension semi-réaliste brillamment adaptée  aux récits humoristiques. Les visiteurs de l’exposition bruxelloises consacrée à Astérix ne pourront d’ailleurs que confirmer mes propos quand ils auront vu les planches originales de ce maître graphiste.

 

 

 

Mais revenons à nos moutons. L’histoire, vous voulez ? Un extra terrestre rejoint le village d’Astérix pour empêcher un autre extra terrestre de voler la potion magique. Comment, c’est tout ? Ah oui, il faut savoir que dans la convention cinématographique américaine, les extra terrestres sont un symbole des dangers futurs et si il y eu peu de films de ce genre dans les années 90, c’est pour cause de chute du mur de Berlin. Il n’y avait plus d’ennemi jusqu’à ce qu’on lui redonne un nom depuis le 11 septembre 2001 : terrorisme. Chez Albert Uderzo, si terrorisme il y a, il est très explicitement intellectuel et d’ailleurs, le méchant extra-terrestre est de la race des Nagmas (Mangas) alors que le gentil est un Tadsylwien (Walt Disney). Bien sur, ce dernier est à l’image de nos impérialistes amis d’outre Atlantique, décris avec leurs qualités mais aussi leurs défauts par Uderzo (la scène où les deux ennemis se mettent d’accord pour faire la paix en se partageant la potion magique est un excellent exemple du cynisme dont nos alliés savent parfois faire preuve).   Le reste n’est qu’aventure, mouvement et amusement.

 

 

 

Je ne suis finalement pas déçu par ce nouvel Astérix. Je suis simplement très surpris. Plus qu’une aventure finalement formatée de l’irréductible gaulois et relativement inconséquente, Albert Uderzo semble s’être fait plaisir. On s’y retrouve très peu en terme de conventions : pas de voyage, pas (ou presque) de pirates, pas de César, très peu de romains (juste pour un bataille finale, évacuée en une planche de quatre cases), pas (ou vraiment très peu) de calembours / Jeux de mots, quelques bagarres pour le folklore, deux banquets (!). Tous les codes de la série sont en effet utilisés plus comme des jolis décors distrayants que comme des éléments du récits. Jolis, certes. Mais inutiles ! C’est clair, la vérité est ailleurs. En jouant avec ses personnages (après tout il en est le créateur encore vivant) et même au risque de désarçonner ses plus fidèles lecteurs, Uderzo a décider de s’appuyer sur des thèmes qui lui tiennent visiblement à cœur, ceux de la création et de l’indépendance (la liberté aussi), et de s’offrir, par le biais d’un lectorat acquis d’avance, un auditoire (nombreux) . Ce dernier, lui, celui qu’on appelle le grand public,  risque pourtant d’être déconcerté et de ne pas comprendre la démarche de l’auteur. Quoique ? Il tient bien la route, en fait, cet Astérix. Pour les enfants surtout, répliqueront les plus anciens d’entre vous, encore nostalgiques de la période Goscinny. Et pourquoi pas, après tout ! Ce n’est pas honteux !

 

 

 

Laurent Turpin

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