PLUS DE LECTURES DU 21 MARS 2005

Encore cinq albums dans notre rubrique hebdomadaire et ce n’est que du bon ! “ Le vent dans les sables T.1 : L’invitation au voyage ” par Michel Plessix aux éditions Delcourt, “ Taka Takata T.11 : Opération boomerang ” par Jo-Ël Azara et Vicq aux éditions Azeko, “ W.E.S.T T.2 : Century Club ” par Christian Rossi, Xavier Dorison et Fabien Nury aux éditions Dargaud, “ Féroce ” par Olivier Supiot et Eric Omond aux éditions Glénat et “ Luna Almaden ” par Clarke et Denis Lapière aux éditions Dupuis sont vraiment incontournables pour tout amateur de BD digne de ce nom !

 


Le vent dans les sables T.1 : L’invitation au voyage ” par Michel Plessix


Editions Delcourt (8,90 Euros)


Après son adaptation réussie du célèbre et attachant roman pour la jeunesse de l’anglais Kenneth Grahame («Le vent dans les saules», publié en 1908), Michel Plessix a eu envie d’imaginer un nouveau voyage pour ce sympathique monde animal vivant au bord d’une rivière. Lors d’un dîner, Rat raconte une rencontre avec un marin bourlingueur et tatoué. Il n’en fallait pas moins pour que Crapaud sente le vent de l’aventure le pousser à nouveau et ce dernier décide, dans l’instant, de mettre les voiles. Ses amis Rat et Taupe suivent ses traces et se retrouvent sur un navire qui appareille pour un long voyage vers l’Orient… Comme pour le premier cycle (cinq titres parus également chez Delcourt Jeunesse, à partir de 1996), le dessinateur d’origine bretonne a su rendre de belles ambiances colorées qui embellissent ce récit poétique et dense. Toutes les anecdotes et les à-côtés qui ponctuent l’histoire principale donnent de nouveaux éléments pour faire travailler l’imagination du lecteur, qu’il soit enfant ou adulte. Car c’est là la grande force du style animalier arrondi et rempli de détails de Michel Plessix (lequel rappelle un peu celui de Loïc Jouannigot son compatriote spécialisé dans l’illustration pour enfants ou, tout simplement, celui de la fameuse Béatrix Potter) : tout en remplissant le plus possible l’espace graphique et narratif, il laisse quand même, à notre âme d’enfant créatif, de fort bienvenues plages de liberté !


 


Taka Takata T.11 : Opération boomerang ” par Jo-Ël Azara et Vicq


Editions Azeko (9,50 Euros)


L’honorable Taka Takata, soldat de l’armée nippone, a été créé dans les pages de l’hebdomadaire Tintin en 1965 : cela fait tout juste 40 ans ! Pour l’occasion, son créateur graphique, Jo-Ël Azara, réédite des gags et épisodes courts (encore inédits en albums) de ce pacifiste et gaffeur troufion. Pour célébrer comme il se doit ce onzième opus, une trentaine d’auteurs (de Moebius à Juillard en passant par Arleston, Batem, Boiscommun, Carrère, Ernst, Geluck, Grenson, Hausman, Luguy, Michetz, Pétillon, Plessix, Rodrigue, Rosy, Tibet, Toppi, Walthéry…) ont tenu à soutenir cette initiative en livrant un dessin ou un texte de circonstance. Notons qu’en 1995, le tome 3 de la série («Kamikaze cycliste») célébrait de la même façon les 30 ans de cette amusante BD aux décors soignés et évocateurs : à l’époque, les dessins étaient signés Uderzo, Greg, Franquin, Dany, Caza… Excusez du peu ! Donc, pour passer un bon moment et pour aider l’auto-édition de ce dessinateur adepte de la ligne claire, trop méconnu à notre goût, ruez-vous sur cette sympathique BD à découvrir (ou à redécouvrir pour les plus anciens) : elle n’a pas vieilli d’un poil !


 


W.E.S.T T.2 : Century Club ” par Christian Rossi, Xavier Dorison et Fabien Nury


Editions Dargaud (13 Euros)


Ce deuxième volume se situe dans l’Amérique urbaine du tout début du XXème siècle (en 1901 exactement) et continue de mettre en scène une équipe de parias enquêtant sur une vague de crimes et de suicides. Dans cet épisode, ils vont même affronter Aleister Crowley, un passionné d’occultisme. L’un des membres de cette équipe hors du commun va approcher une jeune psychiatre tout juste revenue d’Europe et dont le sénateur de père semble lié à l’affaire. Cette BD, qui plonge le lecteur au cœur de la face cachée des Etats-Unis modernes, semble avoir trouvé son public et ce n’est que justice quand on voit le dessin sublime de Christian Rossi. C’est un de nos meilleurs dessinateurs réalistes et son immense talent graphique n’était, jusque-là, uniquement reconnu que par le milieu. Belle récompense également pour le scénario riche et complexe de Fabien Nury et Xavier Dorison (des habitués aux séries à succès avec « Je suis légion » aux Humanoïdes associés pour le premier et « Le troisième testament » chez Glénat ou « Sanctuaire » et « Prophet« , encore aux Humanos, pour le second). Le découpage cinématographique, la construction habile et dynamique, la luminosité du dessin permettent d’accéder aisément à cette œuvre dense et remplie de références.


 


Féroce ” par Olivier Supiot et Eric Omond


Editions Glénat (14,99 Euros)


Le viking Bödvar erre seul, armé et sans but sur la banquise. Soudain, un ours blanc l’attaque et le combat entre l’homme et la bête va durer jusqu’à ce que le fier guerrier l’emporte, mais mortellement blessé. Il est recueilli par un enfant et soigné par un shaman qui sent qu’un esprit mauvais suit les pas du viking. Pour l’aider à l’exorciser, il va lui faire raconter sa vie faite de combats, de violence, de sang et de morts. Les esprits l’incitent à trouver et à tuer l’ours de cendre pour qu’il soit libéré de sa malédiction. Ainsi, Bödvar, accompagné de l’enfant qui l’a sauvé, entame sa quête… Si ce nouveau «one-shot» composé spécialement pour le format original de la collection «Carrémént BD» est un peu moins impressionnant que le précédent «Dérisoire» des mêmes auteurs, il n’en demeure pas moins aussi explosif et aussi ambitieux. La barbarie de la civilisation est opposée à l’immensité et à la sérénité des glaces éternelles du grand nord dans des aventures un peu oniriques qui laissent surtout la part belle au pinceau habile et aux chaudes couleurs d’Olivier Supiot, le talentueux dessinateur de «Marie Frisson».


 


Luna Almaden ” par Clarke et Denis Lapière


Editions Dupuis (12,94 Euros)


Même si certains le trouveront un peu léger et rapide pour un «Aire libre», ce polar sensible et pudique est très agréable à lire et confirme, si besoin en était, le talent de scénariste de Denis Lapière, lequel a choisi, ici, de raconter l’histoire du point de vue de la victime. Par contre, on ne s’attendait pas à une telle performance de la part du dessinateur Clarke qui a opté pour un style réaliste bien éloigné de celui de ses «Mélusine» et autres «Histoires à lunettes» qu’on lui connaît habituellement. Ce dessinateur participe ainsi à l’ambiance angoissante et maîtrisée qui englobe cette histoire de jeune femme aveugle, empêtrée dans des relations familiales difficiles… Malgré sa cécité, Luna Almaden vit seule dans son appartement et organise parfaitement sa vie, entre la sculpture, la lecture de romans en braille et les visites de quelques amis bien intentionnés. Elle réussit même à rendre des petits services à sa mère, riche veuve excentrique, qui lui verse une rente régulière. Cette vie calme et réglée va être bouleversée le jour où l’on découvre l’assassinat de sa génitrice et où tous les soupçons vont se porter sur la jolie handicapée…


 


Gilles RATIER


 


 

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