L’édition réactualisée du Filippini chez Bordas

Après Omnibus (BD Guide 2005) et Larousse, les éditions Bordas proposent à son tour une version actualisée de leur dictionnaire de la BD.

 

 

Le « Filippini » nous revient ici dans une version étoffée pour répondre à la croissance du genre enregistrée depuis sa dernière parution en 1989. Il passe de ce fait à 2000 illustrations, doublant le nombre de revues et d’auteurs cités et gagnant 180 pages, pour traiter de 2000 créateurs et de 1000 héros de bd.

 

            Mais comme on n’abandonne pas une formule qui a fait ses preuves, la forme a conservé son côté méthodique et tout à fait pratique : après un précis mais synthétique historique qui s’attache à présenter les grandes évolutions éditoriales du genre depuis sa naissance (que l’auteur ?décidément très sensible à la dimension populaire et à la diffusion massive du support plutôt qu’aux origines artistiques ponctuelles du genre? situe strictement aux Etats-Unis à la fin du XIXe siècle, quand des récit mis en images avec du texte inscrit dans des bulles ont été édités à grand échelle), s’ouvre le premier dictionnaire proprement dit, celui des héros. La grande force de cette édition repose d’abord sur l’extrait de planches, le plus souvent en couleurs, qui est invariablement présenté pour chaque personnage (le plus souvent un strip de deux ou trois cases révélatrices de l’ambiance de la série). Second point fort, la rédaction synthétique et systémique des articles : un résumé présente le héros, suivi d’une courte mais pertinente étude stylistique, puis d’un historique des parutions. Enfin, il faut noter l’ampleur du travail, minutieusement mis à jour, et la volonté d’aborder le genre sous des éclairages complémentaires mais non exclusifs. L’auteur ne se refuse pas ainsi d’aborder les héros étrangers, bien entendu, ou de faire d’éclairantes incursions parmi les meilleures productions de la bd underground ou érotique.

 

            Un second dictionnaire aborde, dans une présentation sobre sans illustrations, le monde des créateurs, c’est-à-dire exclusivement des scénaristes et des dessinateurs, Filippini ayant pris le parti d’exclure les responsables d’édition et les critiques. Privilégiant les titres aux auteurs, le dictionnaire comporte encore deux bons outils, avec un index des journaux et magazines puis une bibliographie sélective au classement alphabétique par titres.

 

            Le produit final frappe par son ouverture éditoriale et sa plasticité commerciale : avec sa présentation soignée et efficace, ses textes fluides, justes, toujours intéressants, et par dessus tout son maniement extrêmement pratique et ses outils parfaitement actualisés, il peut s’adresser à un large public mû par des motivations tout fait variées. L’ensemble convient de fait parfaitement aux divers usages qu’en fera un acheteur éclectique, du professionnel, séduit par l’érudition et le maniement commode de l’ouvrage, à l’amateur qui trouvera dans les index et les références bibliographiques d’utiles précisions culturelles, ou aux curieux qui pourra découvrir les oeuvres grâce aux illustrations. Assurément et définitivement indispensable.

 

 

 

Joël Dubos

 

 

 

Dictionnaire de la bande dessinée par Henri Filippini, chez Bordas, 912 p, 49 euros.

 

 

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