PLUS DE LECTURES N°48 DU 13 SEPTEMBRE 2004

Pour s’y retrouver au milieu des innombrables nouveautés BD, voici votre régulière chronique du lundi ; avec cette semaine : « Fishermen Story T.1 : En attendant Hemingway » par Irek Konior aux éditions Caravelle, « Rock Mastard T.1 : Echec à la Gestapo » par François Boucq et Karim Belkrouf aux éditions Lombard, « Spirou et Fantasio T.47 : Paris-sous-Seine » par José-Luis Munuera et Jean-David Morvan aux éditions Dupuis, « Nova Genesis T.2 : Grand Canyon » par Eric Chabbert et Pierre Boisserie aux éditions Glénat et “ MW T.1 à 3 ” par Osamû Tezuka aux éditions Tonkam.

Cliquez sur l’appareil photo pour découvrir les couvertures des albums chroniqués


« Fishermen Story T.1 : En attendant Hemingway » par Irek Konior


Editions Caravelle (12 Euros)


La nouvelle filiale des éditions Glénat (dont l’équipe décisionnelle est belge et est installée dans les bureaux de Glénat Benelux) propose des collections, telle celle-ci qui s’appelle «Migration», axées sur des thèmes comme la ville et le voyage. Pour rester cohérente avec ces axes, Caravelle s’ouvre à des auteurs de diverses nationalités à l’instar du polonais Irek Konior dont c’est le premier album. Issu du jeu vidéo et de l’illustration jeunesse, son style en couleurs directes mélange allégrement la caricature, le dessin d’animation et un réalisme du meilleur cru. Son récit humoristique et fantastique se rapproche un peu du «Vieil homme et la mer », le roman d’Hemingway, lequel intervient miraculeusement dans cette histoire absurde de poissons devenus gigantesques : deux pêcheurs isolés sont dépassés par les évènements et sont contraints de fuir le littoral. C’est un premier essai très convainquant et émouvant qui donne envie de lire très vite les autres œuvres de cet héritier graphique de Franquin et de De Crécy !


 


« Rock Mastard T.1 : Echec à la Gestapo » par François Boucq et Karim Belkrouf


Editions Lombard (9,45 Euros)


Pour son premier album au Lombard, Boucq ressort du placard un héros décapant créé dans les pages de Fluide Glacial en 1981, sur scénario de Philippe Delan ; ce dernier a également participé à l’aventure mais a laissé la place de scénariste en chef à Karim Belkrouf (connu aussi sous son simple prénom dans le bon ordre ou inversé, c’est à dire Rimka, pour quelques BD dans Spirou). Nous avons droit ici à une parodie farfelue et déjantée des vieux films d’aventures hollywoodiens : à la fin de la deuxième guerre mondiale, un bombardier nazi porteur d’un mystérieux chargement est perdu au fin fond de l’Amazonie et un groupe de fidèles Hitlériens s’attache les services d’un pilote aventurier (Rock Mastard) flanqué de son inséparable mécanicien (interprété par Jérôme Moucherot, une autre création bien connue des lecteurs des BD signées Boucq). Sur ce canevas classique, les auteurs ont conçu une véritable superproduction à l’américaine (avec stars, grand spectacle, effet spéciaux…) complètement loufoque et absurde où le dessin caricatural et explosif de Boucq fait merveille, même si nombreux sont ceux qui préfèrent sa veine réaliste («La femme du magicien», «Bouche du diable» ou encore «Bouncer»).


 


« Spirou et Fantasio T.47 : Paris-sous-Seine » par José-Luis Munuera et Jean-David Morvan


Editions Dupuis (8,20 Euros)


En modernisant la grande tradition de l’école franco-belge avec des embruns de manga et de SF, deux auteurs tendance «nouvelle BD» réussissent ici une reprise de série fort délicate : car passer après Franquin, Fournier ou Tome & Janry, ce n’est pas une mince affaire ! Nous retrouvons nos pétillants héros confrontés à la nouvelle invention du comte de Champignac, laquelle est destinée à transporter de grandes quantités d’eau vers les pays asséchés mais tombe entre les mains d’un ennemi implacable qui veut inonder la capitale française !


 


« Nova Genesis T.2 : Grand Canyon » par Eric Chabbert et Pierre Boisserie


Editions Glénat (12 Euros)


«Nova Genesis» est l’histoire d’un jeune américain aux étranges pouvoirs. A l’occasion de sa première expérience sexuelle, il va découvrir que les rêves stellaires qu’il fait la nuit correspondent à une certaine réalité. Peu à peu, son passé et ses origines vont remonter à la surface et le héros va se rendre compte que la terre entière semble se mettre à ses trousses pour le contrôler Se penchant sur les questions de la connaissance de soi et la place de chacun dans la société, l’excellent scénariste de «La Croix de Cazenac » (avec Eric Stalner, chez Dargaud) et du prometteur «Eastern» (avec Héloret, toujours chez Dargaud)  nous montre qu’il ne se limite pas au genre historique et qu’il peut imaginer une histoire dont la structure se présente comme un jeu vidéo qui nous faisant passer d’un monde à un autre. Avec parcimonie, il nous distille les informations et mêle, dans ce deuxième tome, biogénétique et road-movie avec un réel talent : Traqués par l’armée et par une mystérieuse mais puissante organisation, les protagonistes de ce palpitant récit se retrouvent dans une base secrète au coeur des Rocheuses, là où a démarré le projet gouvernemental Genesis ayant pour objectif l’implantation de puces biologiques à l’intérieur d’embryons humains. Graphiquement, Eric Chabbert continue à se remettre totalement en question, lorgnant davantage sur les comics de Frank Miller et sur les mangas que sur la BD classique franco-belge. Multipliant les plongées, contre-plongées et autres cadrages ou découpages cinématographiques («Matrix», «X-files» ou «Alien» ne sont jamais loin), sa maîtrise des scènes d’action donne une certaine fluidité au récit riche et complexe de son scénariste : les amateurs de science-fiction vont se régaler !


MW T.1 à 3 ” par Osamû Tezuka


Editions Tonkam (5 Euros chacun)


Après «Bouddha», «Ayako» ou «L’histoire des 3 Adolf», voici la traduction d’un nouveau chef-d’œuvre sulfureux du Hergé japonais, datant de 1978. Un jeune employé de banque consciencieux et séduisant se révèle être le mal incarné : seul rescapé après la diffusion d’un gaz militaire toxique (le MW), il implique son confesseur dans de machiavéliques complots et dans des jeux aussi pervers que cruels, pour se venger des responsables de la tragédie : une attaque en règle contre le culte de l’argent, du pouvoir et d’une science omnipotente.


 


Gilles RATIER


 

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