Les catacombes de Paris sont depuis longtemps un lieu de fantasmes et de rêveries. Ses galeries creusées dans d’anciennes carrières souterraines s’étendent sur des centaines de kilomètres, 20 mètres sous terre. Et si sous ce premier degré existaient d’autres niveaux, jusqu’à un septième peuplé par une communauté souterraine isolée de ceux de la surface. C’est ici que grandit Tia : une préadolescente aventureuse qui veut découvrir ce qu’il se passe dans les rues de la capitale.
Lire la suite...LE CAMION DES YEUX

1965. Des manifestations d’étudiants parisiens idéalistes aux réalités troubles d’une Afrique en trompe l’oeil, Mathilde gagne le Cameroun pour tenter de donner un sens à sa vie. Elle est bientôt rejointe par le beau Clément, qui s’est résolu par amour à surmonter son inertie et à s’embarquer clandestinement.
Le camion des yeux, t1, N’Gaoundéré, Arnaud Floc’h et Jean-Louis Floch, BFB éditions
Il affronte la faune des Européens énervés, mais c’est bel et bien Amiel, l’énigmatique instituteur noir, qui manipule tous les destins.
Le titre est en soi le reflet de l’album : surprenant, exotique et accrocheur ; alors que la couverture, peu compréhensible au premier regard et résolument vieille école, centrée sur un non événement apparent, attire l’attention vers les détails qui ponctuent, comme autant de relais posés en indices, une intrigue ostensiblement linéaire, mais en fait touffue et savamment composée, jusqu’à faire glisser le propos doucement acidulé d’une comédie sociétale vers un implacable drame fantastique. Plein de mystères, fonctionnant tout en suggestions escamotées aussitôt que dévoilées, ce récit de mauvais oeil, d’envoûtement, de frustrations personnelles aiguës, de fausses libertés et de vrais malheurs, nous est donné sur fond d’affirmation désordonnée des identités nationales africaines, alors que les blancs refluent tout en restant très présents. L’ambiance post coloniale est encore renforcée par le dessin rétro, l’encrage en couleurs primaires et la texture granuleuse du papier très années 1960. Une jolie découverte chez un éditeur perspicace.
Joël Dubos