Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...LE CAMION DES YEUX

1965. Des manifestations d’étudiants parisiens idéalistes aux réalités troubles d’une Afrique en trompe l’oeil, Mathilde gagne le Cameroun pour tenter de donner un sens à sa vie. Elle est bientôt rejointe par le beau Clément, qui s’est résolu par amour à surmonter son inertie et à s’embarquer clandestinement.
Le camion des yeux, t1, N’Gaoundéré, Arnaud Floc’h et Jean-Louis Floch, BFB éditions
Il affronte la faune des Européens énervés, mais c’est bel et bien Amiel, l’énigmatique instituteur noir, qui manipule tous les destins.
Le titre est en soi le reflet de l’album : surprenant, exotique et accrocheur ; alors que la couverture, peu compréhensible au premier regard et résolument vieille école, centrée sur un non événement apparent, attire l’attention vers les détails qui ponctuent, comme autant de relais posés en indices, une intrigue ostensiblement linéaire, mais en fait touffue et savamment composée, jusqu’à faire glisser le propos doucement acidulé d’une comédie sociétale vers un implacable drame fantastique. Plein de mystères, fonctionnant tout en suggestions escamotées aussitôt que dévoilées, ce récit de mauvais oeil, d’envoûtement, de frustrations personnelles aiguës, de fausses libertés et de vrais malheurs, nous est donné sur fond d’affirmation désordonnée des identités nationales africaines, alors que les blancs refluent tout en restant très présents. L’ambiance post coloniale est encore renforcée par le dessin rétro, l’encrage en couleurs primaires et la texture granuleuse du papier très années 1960. Une jolie découverte chez un éditeur perspicace.
Joël Dubos