Plus de lectures n°30 du 19 avril 2004

Comment je suis devenu stupide, Mèche Rebelle T.2 : Alicia, A.D.A. archives T.1, Nanairo Inko, l’ara aux sept couleurs T.1, Explorer la bande dessinée


« Comment je suis devenu stupide » par Nikola Witko et Martin Page


Editions 6 Pieds Sous Terre (12,50 Euros)


 


Cette adaptation de la fable ironique écrite par le romancier Martin Page (aux éditions Le Dilettante en 2001) est remplie d’humour et de dérision. Les contradictions qui envahissent l’esprit du jeune Antoine, intello qui tente de s’intégrer au monde en utilisant l’alcool, le suicide, les drogues ou le pognon, sont fort bien mises en scène dans ce one-shot grinçant, rehaussé d’un noir et blanc vif et faussement rond. Essayant de tout faire pour décrocher le bonheur au milieu de la connerie ambiante, notre «héros» décide de devenir stupide mais il n’est pas au bout de ses peines ! Aperçu dans Jade, Lapin, Psikopat ou Ferraille, Nikola Witko nous propose ici une BD clairvoyante qui n’a rien à envier aux œuvres des ténors de la nouvelle BD !


 


« Mèche Rebelle T.2 : Alicia » par Matteo et Zidrou


Editions Dupuis (9,50 Euros)


Alicia est la sœur, un peu boulotte, de Kim, fillette de 15 ans au charme irrésistible ; cette dernière bénéficie de la protection discrète d’un ange gardien mais les «Anges de la Mort», dirigés par la cruelle Madame, se trompent de cible et blessent mortellement l’insouciante Kim.
Grâce à l’intervention d’Alicia, seul témoin de l’accident, elle va échapper une première fois aux griffes de ces forces supérieures qui ne veulent pourtant pas rester sur un échec. Dynamique, efficace et bien dessiné, ce passionnant thriller fantastique a tout pour devenir une BD culte !


 


« A.D.A. archives T.1 » par Antonio Lapone et Pierre Vanloffelt


Editions Paquet (12 Euros)


 


Amoureux des années 50, Antonio Lapone, dessinateur né en Italie et travaillant principalement pour Disney, revendique l’influence des héritiers de la ligne claire comme Clerc, Walter Minus, Berthet et surtout Chaland. Tout comme ce dernier, il multiplie les maquettes de publicités en typographies contrastées et s’est amusé à les mélanger dans des pages du Metropol Night Telegraph, journal quotidien d’une cité imaginaire de l’après-guerre. Ponctuant cet album d’illustrations de quelques courtes BD, il recolle ainsi les morceaux de l’enquête, menée par le commissaire O’Hara, dans le premier tome de cette série démarrée en 2001. Même si nous aurions préféré lire une deuxième aventure de ce croisement réussi entre «Indiana Jones» et «Hercule Poirot», il faut bien reconnaître la maîtrise graphique et l’efficacité narrative des auteurs ; il leur manquent cependant un peu de ce cynisme qui faisait aussi le charme des BD de Chaland (surtout quand il était secondé, au scénario, par l’ineffable Yann) !


 


« Nanairo Inko, l’ara aux sept couleurs T.1 » par Osamu Tesuka


Editions Asuka (6,50 Euros)


 


Depuis les succès critiques et publics de «Bouddha», de «Histoire des 3 Adolf», de «Phenix» et d’ «Ayako», les éditeurs français s’arrachent le patrimoine de Tezuka et ce n’est que justice, vu l’importance de cet immense mangaka ! Les toutes jeunes éditions Asuka (créées par des transfuges de Tonkam) ont choisi de rééditer «Black Jack», entrevu le temps de 12 volumes chez Glénat (Asuka nous en promet l’intégrale), et de nous faire découvrir cet étonnant «Nanairo Inko». Cette série, encore inconnue en France, met en scène un comédien, surnommé «l’ara aux sept couleurs», qui peut remplacer avec talent n’importe quel acteur de théâtre ; mais il se fait payer en volant systématiquement ses employeurs ou le public venant l’applaudir. Il est pourchassé par la charmante inspectrice Senri qui n’arrive jamais à le prendre en flagrant délit. Chacune des histoires, de longueur variable (ce premier tome en propose 9 en 286 pages), fait allusion à une pièce de théâtre célèbre et, comme le reste de l’œuvre de Tezuka, c’est très drôle et plein de bons sentiments : cela se lit avec énormément de plaisir, même pour les lecteurs qui ne jurent que par le franco-belge. Seuls regrets : le trop petit format choisi (qui correspond au Japon aux publications intégrales), lequel nécessite d’excellent yeux (et encore !), et le manque d’informations historiques sur la série qui, à mon humble avis, doit dater des années 80.


 


 


« Explorer la bande dessinée » par Didier Quella-Guyot


Editions Sceren (29 Euros)


 


Les bons ouvrages pédagogiques sur la bande dessinée ne sont pas si nombreux que ça et c’est pour cela qu’il faut saluer comme il se doit la parution d’«Explorer la bande dessinée» aux éditions Sceren (collection «La BD de case en classe», co-éditée par le CRDP Poitou-Charentes). Ce remarquable essai qui s’adresse aux enseignants, documentalistes et autres bibliothécaires est dû à Didier Quella-Guyot, professeur de lettres poitevin qui dirige cette collection et le site labd.cndp.fr. C’est un spécialiste reconnu du 9ème art et il n’en est pas à son premier coup de maître dans ce domaine qui associe la BD et la pédagogie ! En puisant dans le catalogue des éditions Dupuis pour illustrer son propos, il nous offre tout un panorama des techniques narratives et graphiques qu’il dissèque de façon attractive et efficace afin de faciliter le travail de ceux qui veulent éduquer avec la BD !


 


                                                                                                            Gilles RATIER

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