Avant « Blake et Mortimer » — exactement en 1943, il y a donc très longtemps —, Edgar P. Jacobs démarrait sa carrière en bandes dessinées avec « Le Rayon U », dans l’hebdomadaire belge Bravo !… Ce récit unique s’achevait par la prise du rayon U par les forces de la Norlandie (les gentils) contre les menées de l’empire d’Austradie (les méchants). Lord Calder et le professeur Marduk (prototypes de Blake et Mortimer), avec l’assistante Sylvia Hollis et le major Walton, affrontaient l’empereur Babylos III et l’infâme capitaine Dagon des services secrets… Une suite a été imaginée par Jean Van Hamme : le premier scénariste de la reprise, en 1996, de « Blake et Mortimer », la série phare du même Jacobs.
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Toute l’équipe de Fluide a été mobilisée pour cet album spécial de saison : Gotlib, Larcenet, Maëster, Gaudelette, Edika, Blutch…
Inutile de citer tout le monde, la lecture du sommaire suffit à donner une idée de ce beau casting pour un total de 42 contributions, qui vont du dessin pleine page à la nouvelle de 6 planches, en passant par les strips et autres reportages illustrés. La bd domine à 95%, la couleur alternant avec des planches en noir et blanc. Le ton reste dans la grande tradition de Fluide glacial, souvent mordant, parfois sombre, toujours désopilant. Au centre des scénarios, le Père Noël reste le véritable fil directeur; on le retrouve ainsi au centre d’une dizaine de récits et d’autant de dessins. Où l’on découvrira l’envers du décors pour en finir définitivement avec l’image aseptisée que l’on se fait du bonhomme : patron moderne exploitant ses lutins, bon vivant égrillard, ermite psychopathe ou chef de gang, le vieux décidément ne se contente pas de distribuer ses joujoux aux enfants sages. D’autres thèmes sont pris à rebrousse-poil : cadeaux, nativité, rennes tirant le traîneau, champagne et bûche, fête des enfants ou jouets, tous les poncifs sont explorés, rabotés, détournés, avec irrespect , dérision et malice. La satire sociale n’est jamais loin, jetant un regard âpre sur l’hypocrisie de festivités merchandisées dans l’égoïsme des possédants. Pourtant, l’ensemble reste dominé par le rire et le ton général apparaît assurément moins cru que certaines publications antérieures. Significativement, l’album s’ouvre et se referme sur deux productions subtiles de Blutch, et une nouvelle doucement mélancoliques de Gaudelette. Une place a ainsi été aménagée pour la tendresse ou la poésie. En signe de trêve des confiseurs ? Au final, voici un indispensable cadeau de 96 pages, plus un dépliant (« 257 idées pour réussir un réveillon fort réussi ») pour rire aussi pendant Noël.
Joël DUBOS
Drôle de Noël, collection les Délires de Fluide Glacial, album cartonné, novembre 2003.