« Enma » T1 & 2 par Masaki Nonoya et Kei Tsuchiya

 » Enma  » est l’envoyée des enfers. Elle vient sur terre afin de réguler les morts. Lorsqu’un humain est à l’origine du massacre d’une trop grande quantité de ses congénères, elle intervient et désolidarise les os de la chair afin de tuer cet être sanguinaire et l’empêcher de commettre d’autres crimes.

En effet, tous ces morts posent problème aux gardiens des enfers. Lorsqu’ils surgissent tous en même temps, le roi Enma n’a plus le temps nécessaire pour juger équitablement les nouveaux arrivants. C’est un peu paradoxal, mais tel est le pitch de cette série.


Enma © Masaki Nonoya et Kei Tsuchiya

 » Enma  » est le nom utilisé au Japon pour désigner le dieu de la religion bouddhiste qui garde l’entrée du royaume des morts : Yanluowang en chinois. On retrouve régulièrement ce personnage dans les mangas, notamment dans  » Yu Yu Hakusho « ,  » DragonBall  » et plus récemment dans  » Naruto « .
Dans cette série,  » Enma  » est également le nom d’une jeune fille envoyé sur terre par le dieu/roi sus-cité. Elle intervient là où c’est nécessaire, quelque soit le lieu, mais aussi quelque soit l’époque. De ce fait chaque chapitre se déroule sans contrainte ni de temps ni de situation. Chaque volume de cette série est composé de quatre chapitres indépendants les uns des autres. Quatre histoires mettant à chaque fois en scène de nouveaux protagonistes.


Enma © Masaki Nonoya et Kei Tsuchiya

Les histoires se déroulent toutes selon le même rituel.  » Enma  » débarque d’on ne sait où afin de se rapprocher le plus possible de sa proie, elle se fait connaître et la met en garde. Si elle ne change pas d’attitude, elle la tuera rapidement en emportant son squelette. Néanmoins, certains os resteront à l’intérieur du corps du défunt, la quantité restante correspondant aux nombres de personnes qui l’aimaient. De temps en temps, il n’en reste qu’un, souvent pour la mère. De temps en temps trois ou quatre, voir plus. Il peut aussi arriver qu’il n’en reste aucun si plus personne ne pouvait supporter ses agissements, ce qui surprend toujours Enma. Ensuite, en guise de conclusion, cette messagère retourne dans le royaume des morts et s’offre une réflexion en rapport avec celui qu’elle vient de tuer : comment a-t-il organisé sa vie et quel est le futur des personnes qu’elle a finalement sauvées. La fin, très morale, devrait amener les enfants à la réflexion sur le sens de la vie : vaste sujet.


Enma © Masaki Nonoya et Kei Tsuchiya

Le plus gros problème de ce manga réside dans le scénario bien trop condensé. Aucun développement n’est possible avec des histoires d’une quarantaine de pages. Le lecteur a à peine le temps de réellement comprendre la motivation d’Emma qu’elle entre en action pour repartir aussi vite qu’elle est apparue. Les divers protagonistes ne semblent pas se formaliser de cette fille arrivant de nulle part, leur annonçant une mort prochaine et disparaissant aussi soudainement et sans explication. Le fait de limiter une histoire à un chapitre complet n’offre pas assez de latitude au scénariste. Pourtant, l’idée est amusante et aurait mérité au moins deux ou trois chapitres pour former une aventure complète comme cela se passe pour la plupart des histoires policières telles que  » Conan  » ou  » City Hunter  » : introduction, action, conclusion. On a plus l’impression de se retrouver dans une vieille série d’animation des années 70 où la continuité scénaristique ne comptait pas. La lecture de ce manga est particulièrement adaptée aux modes de vie japonais avec ses trajets quotidiens.


Enma © Masaki Nonoya et Kei Tsuchiya

Tout en gardant en tête cette contrainte de chapitres courts, il est agréable de voyager d’époque en époque. Les dessins sont soignés et les décors symbolisent bien les lieux de l’action. Les personnages sont bien typés et visuellement différents les uns des autres. Enma, jeune fille longiligne pleine de grâce, reste un personnage énigmatique avec sa mèche recouvrant son œil droit et son air interrogatif face aux mystères de la vie humaine. Les autres protagonistes sont tous bien typés et s’intègrent parfaitement avec les décors. Les rares passages d’action sont dynamiques et bien amenés sans être confus. Chaque chapitre comporte son passage acrobatique ou Enma survole sa proie et la désosse délicatement. Le traitement graphique d’Emma et du squelette étant totalement différent, il ne serait pas étonnant que cette partie soit réalisée par un assistant. Peu de trames sont utilisées pour rendre les ombres des os, l’auteur ayant privilégié l’utilisation de nombreux traits fins entrecroisés comme dans une gravure ancienne. Cela donne un rendu froid qui contraste avec le reste de l’histoire et déshumanise l’action, la rendant, sûrement, moins traumatisante pour les plus jeunes lecteurs. Quoi que, ce sont les enfants qui sont souvent les moins choqués par l’apparition de squelettes et autres monstres.

Destiné à un public très jeune,  » Enma  » ravira les amateurs d’histoires courtes, simples d’accès, facilement compréhensibles et aux dessins soignés. La série, qui est terminée au Japon, est assez courte puisqu’elle ne comporte que huit tomes.

Gwenaël JACQUET

 » Enma  » T 1 & 2 par Masaki Nonoya et Kei Tsuchiya

Édition Kana (6.75 €)

ISBN Tome 1 : 9782505012269

ISBN Tome 2 : 9782505012276

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