« Percevan » T14

Voici maintenant une bonne trentaine d’années que le chevalier Percevan roule sa bosse dans un univers médiéval de fantaisie et chacune de ses aventures est un plaisir toujours renouvelé.

On le retrouve donc dans ce quatorzième album, accompagné comme il se doit par son fidèle Kervin. Les deux compagnons chevauchent dans un paysage de bout du monde, battu par les vents et la mer, qui ressemble à la terre rude et belle de la Hague. Ils se rendent au mariage de la fille du comte d’Antrim, ce qui réjouit Kervin, rêvant aux repas somptueux qui l’attendent là-bas.

Mais leur félicité est malmenée par un raz de marée gigantesque qui survient sans crier gare. Les habitants de la région leur expliquent que ces catastrophes annoncent la colère et le retour de la terrible princesse Éliandysse. Quelques siècles auparavant, elle aurait conclu un pacte avec les seigneurs de la contrée, les forçant à lui livrer leur fille aînée en échange de la paix. Or, le conte d’Antrim, un homme farouchement indépendant, vient de rompre ce pacte. Il marie sa fille Isabéal à un duc et entend bien faire ce qu’il a décidé.
Lorsque nos compères arrivent au château, ce n’est pas un festin qui les attend, au grand dam de Kervin, mais un homme en colère, une princesse désolée qui ne pourra pas se marier car le fiancé qu’elle ne connaît pas vient de périr dans un terrible naufrage. Percevan, Kervin et Isabéal se retrouvent bientôt sur l’île d’Éliandysse pour un face à face décisif et très spectaculaire.

De la belle aventure dans ce nouvel opus, mêlant éléments déchaînés et batailles mémorables. L’on y rencontre une reine cruelle qui n’a rien à envier à la méchante belle-mère de Blanche-Neige, des nains asservis payant leur tribut à la terre qu’ils sont contraints de blesser, et un seigneur belliqueux qui réfléchit plutôt avec son épée qu’avec sa tête. De la magie, du mystère, des décors magnifiques, le tout émaillé d’une jolie dose d’humour. La joviale présence de Kervin, véritable estomac à pattes, y est pour quelques choses. Quant à Percevan, entre deux coups d’épée, il nous sert quelques sentences bien choisies qu’il applique à la lettre, comme celle-ci : « La sagesse commence parfois par la désobéissance ! ». On ne peut lui donner tort. Saluons enfin les dialogues percutants de Léturgie et le dessin toujours impeccable de Luguy.
Percevan ne vieillit pas, ne prend pas une ride, au propre comme au figuré, se montre toujours prêt à lutter contre l’injustice et l’asservissement des plus faibles. On l’aime ainsi !

Catherine GENTILE

« Percevan » T14 («Les Marches d’Éliandysse») par Jean Léturgie et Philippe Luguy

Éditions Dargaud (10,45 €)

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