Les premières bandes dessinées de Denis Lapière

Les éditions Paquet viennent d’intégrer, dans leur collection « Calandre » consacrée à la bande dessinée automobile (où les héros doivent partager la vedette avec des voitures typées années cinquante ou soixante), l’une des premières séries du scénariste belge Denis Lapière : « Mauro Caldi », illustrée par le trait très « ligne claire » de son compatriote Michel Constant.

Les six aventures de ce mécanicien casse-cou qui va devenir pilote de Ferrari et détective amateur, étaient parues, à l’origine, en albums aux éditions du Miroir (pour les deux premiers, en 1987 et 1988) et, ensuite (de 1990 à 1993), chez Alpen Publishers, holding suisse qui dissimulait les Humanoïdes associés.

Ces derniers en reprirent d’ailleurs l’intégrale, en deux volumes, sous leur propre label, en 2003.

Mais, depuis, la série n’était plus disponible… Or, comme Pierre Paquet, le patron des éditions éponymes, en est un grand admirateur (au point d’avoir acheté la couverture originale de l’un des tomes), il a cherché à en récupérer les droits : les négociations pour la revente de la saga « Cité 14 » de Romuald Reutimann et Pierre Gabus étant en cours avec les Humanos, un échange de bon aloi fut proposé et accepté par les deux parties. Pour l’occasion, les originaux ont été re-scannés, Béa Constant (secondée par Laurent Carpentier) a refait ses couleurs, et son époux a réalisé de nouvelles couvertures pour ces récits palpitants, un brin nostalgiques et fort bien documentés… Saviez-vous, d’ailleurs, que Denis Lapière a été coureur automobile et que c’est ce qui l’a amené, en partie, à devenir scénariste ? : « J’ai pratiqué un peu le sport automobile, même si aujourd’hui je suis plutôt vélo, mais j’étais d’abord amateur de bande dessinée. Quand j’étais gamin, je réalisais des histoires avec des voitures : j’ai redessiné des aventures de « Michel Vaillant », vers l’âge de huit ans. En fait, c’est ma passion pour la bande dessinée et le plaisir que je prends encore à en lire que j’essaie de retrouver en en faisant. »(1).

Inutile de vous dire que nous sautons sur l’occasion pour retracer les débuts de ce scénariste qui, depuis, s’est hissé au rang des meilleurs ! D’autant plus que cette rétrospective coïncide avec la sortie de « Park » (dans la série « Alter Ego ») : son centième scénario publié !

Né à Namur le 8 août 1958, Denis Lapière manifeste donc très tôt sa passion pour la bande dessinée, notamment à partir du moment où, à l’âge de six ans, son père lui offre l’album « Tintin en Amérique ». Et à peine sait-il lire qu’il dessine ses propres bandes… Mais c’est seulement après avoir décroché sa licence en sociologie à l’Université Catholique de Louvain (pensant alors devenir journaliste), et avoir publié quelques dessins dans des journaux estudiantins, qu’il se lance dans cette profession, en bifurquant vers le scénario : « Je n’ai jamais vraiment essayé de placer mes dessins ! D’autant plus que je me suis rendu compte très vite que cela ne m’intéressait pas de passer autant de temps à dessiner une histoire alors qu’après trois planches, j’avais envie d’écrire une autre histoire. Je n’avais pas la patience de faire mûrir mon dessin et je voyais bien qu’il y avait des gens qui, eux, avaient un véritable talent pour cela. Or, ayant toujours envie de faire ce métier, je zonais dans des endroits où traînaient des dessinateurs ; c’est ainsi que j’ai rencontré Stéphane Colman ou Éric Maltaite (le fils du « grand » Will), à Liège.

Un extrait de « Max », un ancien projet avec Stéphane Colman, l’un des premiers dessinateurs à faire confiance à Denis Lapière.

Un jour, Éric Maltaite m’a téléphoné pour me demander de lui écrire des scénarios car les éditions Dupuis avaient besoin de courtes histoires. Comme Stephen Desberg, son habituel scénariste n’avait pas le temps, il a pensé à moi. J’ai donc écrit deux petits récits pourSpirou et j’étais tout fier ! ».

Un extrait d’un projet de western avec Olivier TaDuc, dont aucun éditeur n’a voulu.

Il s’agissait des deux mésaventures d’un chauffeur d’hôtel de luxe (toujours les automobiles…) appelé « Teddy » : neuf pages pour « Kaktoyatol », au n°2374 du 13 octobre 1983, et onze pour « Maman est aléatoire », au n°2401 du 19 avril 1984 : « Par la suite, comme c’était très mauvais et que chez Dupuis on ne voulait plus d’histoires courtes, je suis passé dans une sorte de purgatoire pour apprendre mon boulot. ».

Entre-temps, notre scénariste en herbe ouvre, avec un copain, une librairie spécialisée en bandes dessinées : Tropica BD, à Charleroi. À cette époque, ses références scénaristiques sont d’un côté Will Eisner et Hugo Pratt qu’il découvre dans le journal Tintin, et de l’autre les plus classiques, et toujours efficaces, Jean-Michel Charlier et Jean Van Hamme. En l’espace de cinq ans, il imagine une centaine d’histoires réalisées en collaboration avec divers dessinateurs dont Olivier Saive, Claude Puskas, Olivier TaDuc, Olivier Wozniak ou Renaud :

Un extrait de « Le Chinois», première collaboration entre Olivier Wozniak et Denis Lapière.

« Au début, j’essayais de griffonner mes scénarios puisque j’avais des notions de dessin ; mais beaucoup d’auteurs m’ont dit qu’ils étaient trop guidés de cette façon.

Alors, maintenant, je les écris et, techniquement, c’est présenté comme une pièce de théâtre : case 1, voilà ce qui se passe, voilà les dialogues, etc. Maintenant, il y a un travail différent qui se fait avec chaque dessinateur. Ce que je préfère c’est le découpage ! Tous les scénaristes vraiment passionnés vous le diront : c’est au moment où l’on retire une case, qu’on en rajoute, qu’on enlève une bulle, qu’on la déplace…, que l’on voit si la planche tient la route et s’il y a moyen de faire quelque chose de bien ! J’irais jusqu’à dire, d’ailleurs, que c’est l’art de la BD : c’est à ce moment-là qu’on est en plein dans son langage… C’est tout à fait évident qu’un dessinateur ait envie également de s’y consacrer. D’ailleurs, certains n’aiment pas être dérangés quand ils font du découpage, alors qu’une fois qu’ils se mettent à dessiner vraiment, ils mettent la radio ou de la musique. Le moment du découpage est un moment de création pure, c’est un processus narratif qui est vraiment typique de la bande dessinée. Il y a certains dessinateurs qui préfèrent que le scénariste fasse ce boulot et d’autres qui aiment bien le faire à deux… ».

Cependant, Denis Lapière, lui, mettra un an pour écrire son premier « vrai » scénario : « Mono Jim : Le Carrefour de Nâm-Pha », quarante-six planches qui ne seront éditées en album que cinq ans après (en 1987), après une pré-publication dans L’Écho des Savanes (du n°47 de février 1987 au n°52 d’août 1987) :

« J’avais goûté aux joies de la publication dans une revue professionnelle et je n’ai eu de cesse que de la retrouver. J’ai rencontré des tas d’auteurs dans les écoles de dessin comme Michel Constant et Jean-Philippe Stassen. C’est avec eux que j’ai recommencé à publier. C’était chez un petit éditeur belge, les éditions du Miroir. Il se trouve que je leur avais écrit une courte histoire qu’ils ont trouvée trop dure. Jean-Philippe Stassen (qui signait alors Dean Marlowe : ndlr) l’avait dessinée et Stéphane Colman l’a portée chez Albin Michel. Il y a eu un désistement pour un spécial Noël et ils l’ont publiée. Là, nous avons eu un vrai coup de bol car Daniel Mermet, journaliste à France-Inter, a flashé sur cette histoire et en a fait une adaptation radio. Du coup, les gens d’Albin Michel nous ont fait un contrat et j’ai pu développer mes scénarios. En fait, j’ai vraiment appris mon boulot petit à petit, sur le tas ! ».

Cette histoire de cinq planches, intitulée « Le Père Noël », a donc été publiée dans le n°25 de février 1985 de L’Écho des Savanes grâce à Marc Voline, le responsable éditorial en place. Elle fut reprise dans l’album « Bahamas » chez Albin Michel, en janvier 1988, avec tous les autres courts récits que les deux compères réussissent à placer, à l’époque, dans le magazine de cet éditeur, juste remis en selle par l’équipe cornaquée par Hervé Desinge : « La Grand Turismo 32 » (dix planches au n°33 d’octobre 1985), « Memory Murder » (dix planches au n°46 de janvier1987), « Lettres de prisonniers » (huit planches au n°51 de juin 1987) et l’épisode de dix pages qui donne le titre à l’album (pré-publié au n°3H d’août 1987).

Albin Michel va aussi leur publier directement en album, dès l’année suivante (en avril 1989), une plus longue histoire de quarante-six planches. Située dans le monde de la boxe, « Bullwhite » est certainement le premier scénario signé Denis Lapière à vraiment intéresser la critique, laquelle sera définitivement convaincu par leur collaboration suivante (« Le Bar du vieux Français » : deux volumes publiés en 1992 et en 1993, dans la collection « Aire libre » de chez Dupuis)(2) ; même si, pour l’instant, malgré de nombreuses tentatives avec des dessinateurs aux styles très variés, le jeune scénariste, qui continue parallèlement à exercer correctement son métier de libraire, ne voit véritablement aboutir que peu de ses projets.

Un extrait de « Le Secret de Lysander Lloyd », un projet avec Jean-Philippe Stassen, vite abandonné au profit du « Bar du vieux Français ».

Cependant, il réussit toutefois à placer quelques autres bandes(3), dont ce fameux « Mauro Caldi » mis en images par Michel Constant, avec lequel il concocte aussi deux biographies dessinées de grands coureurs automobiles, en cinq planches, pour l’éphémère hebdomadaire Tintin Reporter ; mais seule la première (« La Légende de Tazio Nuvolari ») y sera publiée dans l’ultime numéro (le n°34 du 28 juillet 1989), avant que ce magazine ne disparaisse


Les cinq planches de « La Légende de Tazio Nuvolari ».

: « La bande dessinée est un art de communication, comme le cinéma et le théâtre, et comme eux, elle doit vivre dans la contradiction : donner au lecteur la meilleure œuvre possible, la plus artistique et la plus aboutie, mais en même temps, séduire un nombre suffisant d’acheteurs pour rentabiliser le support dont elle a besoin pour exister. Cela suppose qu’auteurs comme éditeurs doivent avoir un véritable projet pour la bande dessinée ; et que nous avons tous une responsabilité quant à l’image que la bande dessinée donne d’elle-même…Malheureusement, trop d’éditeurs ne cherchent qu’une sorte de rentabilité à très court terme, alors que le travail sur le scénario est un investissement très long.

Un extrait de « L’Histoire du Major Campbell», une biographie en cinq planches dessinées par Michel Constant qui n’est, finalement, jamais parue.

Trop d’albums, aujourd’hui, sont des livres alléchants pour l’œil, bien dessinés, mais peu racontés… Pourtant, le scénario, c’est la pérennité de la bande dessinée, son image à long terme. Paradoxe ? Non, la bande dessinée n’est ni la peinture, ni le cinéma. Elle n’est ni rétinienne, ni événementielle. Elle fonctionne dans la durée et la continuité : un an pour concevoir un album, cinq ans pour faire exister une série. S’il y a crise, elle est là : dans la façon de gérer ce processus ; on cherche trop souvent à prendre des raccourcis… »

Un autre de ses projets voit quand même le jour : « Jerry et Line » qui connaîtront deux albums publiés en 1988, chez Dargaud : « La Vierge vivante » et « Nuit d’enfant », dessinés par Peter Pluut. Juste avant, les deux compatriotes avait aussi placé un court récit de six planches dans un numéro spécial du mensuel Circus des éditions Glénat : « Rudy », six planches publiées au n°106bis de février 1987.

Si leur collaboration ne fut consacrée que par un relatif échec commercial, elle a permis à Denis Lapière de s’émanciper, scénaristiquement parlant, profitant alors des conseils éclairés de Guy Vidal, l’un des principaux directeurs littéraires du Dargaud de l’époque : « Je livre maintenant tout le scénario d’un seul coup. J’ai commencé en écrivant cinq planches pour l’un, six pour l’autre… Car j’étais incapable de faire plus de dix pages d’affilée. Il me fallait du recul ! Quand on apprend un travail, on n’est jamais sûr de ce que l’on fait et on accumule les erreurs.Ce recul me permettait donc de corriger. Maintenant, je suis un peu plus à l’aise et je pratique autrement : j’essaie de travailler dans la continuité et d’arriver à maîtriser le tout. Cela permet au dessinateur de savoir où il va et de se débrouiller pour la documentation éventuelle…De programmer son temps. J’ai alors deux à trois mois pour peaufiner, retravailler, éventuellement rediscuter avec l’éditeur ou le dessinateur si cela ne leur plaît pas. Mais je déteste réaliser des synopsis : j’en fais des trucs techniques, dans un style télégraphique où je mets à plat ce qui va se passer. Il n’y a que moi qui peux les comprendre ! Cela pose quelques fois des problèmes car certains éditeurs ne savent que lire les synopsis, pas les scénarios… ».

L’évolution du style narratif de Denis Lapière n’échappe pas à Philippe Vandooren, le rédacteur en chef de Spirou : le même qui l’avait éconduit, après la publication des deux histoires de « Teddy » prises en dépannage, cinq ans plus tôt ! Conquis par ses progrès, le responsable éditorial (et beau-frère du dessinateur Hermann) lui permet alors de concrétiser divers projets pour les éditions Dupuis : « Quand on est jeune scénariste, les éditeurs vous disent de trouver un dessinateur et de faire de courtes histoires. Quand on a publié et que l’on a leur confiance, là, ils s’intéressent à votre travail. Ensuite, il y a une troisième étape où ils ont tellement confiance qu’ils ne lisent même plus vos synopsis. Toutefois, chez Dupuis, j’ai eu affaire à des gens comme Philippe Vandooren ou Claude Gendrot qui s’attardaient sur les scénarios car ils avaient le temps de le faire. Je ne changeais pas tout ce qu’ils voulaient, mais c’était un débat d’idées : ils mettaient parfois le doigt sur des défauts et je constatais la nécessité de retravailler mon texte. Je trouvais ça bien ! ».

Pour Spirou, il créera alors diverses séries :

Première version inédite d’« Alice et Léopold » avec Olivier Wozniak.

« Alice et Léopold » avec Olivier Wozniak(4) (en 1989),

« Charly » avec Magda (en 1990),

Première version inédite, se situant aux USA, de« Charly» avec Magda.


« Glenn Duncan » avec Adam (en 1991)…

Il reprendra aussi les célèbres « Tif et Tondu » (en 1990) ; d’abord avec Will, puis avec Alain Sikorsky.

Viendrons ensuite « Ludo » avec Pierre Bailly et « Inspecteur Castar » avec Vincent Mathy (à partir de 1997), « Une voiture pour la vie » avec Alain Sikorski (en 1998), « Maedusa » avec Christian Rossi, Matthieu Bonhomme et Ralph Meyer (également en 1998), « La Clé du mystère » avec Alain Sikorsky (en 2000), « Oscar » avec Christian Durieux (en 2001)…

Pour une bibliographie exhaustive de Denis Lapière dans Spirou, voir le site bdoubliees.com : http://bdoubliees.com/journalspirou/auteurs3/lapiere.htm.

Cependant, comme Denis Lapière est désormais scénariste à plein temps, il faut qu’il fasse bouillir la marmite pour nourrir convenablement sa femme et ses trois enfants ! C’est pour cela qu’il accepte aussi de finir l’adaptation en bande dessinée du « Roi vert » de Paul-Loup Sulitzer, le temps de trois albums dessinés par Gilles Mezzomo et publiés chez Dupuis, de 1994 à 1995. À noter que pour des questions de contrat, le scénario du premier qu’il écrit (le tome 3) est toujours crédité à Jean Annestay, l’adaptateur des deux premiers…

Pendant cette période encore incertaine, il ira même jusqu’à exécuter des travaux de commandes qu’il juge aujourd’hui peu glorieux, mais il fallait bien vivre… En 1990, il sera le coordinateur d’« Il était une fois le Mondiale » : deux albums brochés, édités par Paul Ide et publiés à l’occasion de cet événement sportif. Ces ouvrages proposent des histoires complètes en trois planches de bandes dessinées et les scénarios de Sergio Salma, Christian Hubert ou Stephen Desberg sont illustrés par Crisse, Didgé, Marc Hernu ou Jidéhem. Quant à Denis Lapière, il se réserve la collaboration de dessinateurs qu’il connaît bien : Jean-Philippe Stassen,

Julien Bours (pour qui notre scénariste écrira cinq pages d’une histoire publiée dans le n°2 de Jet, éphémère magazine des éditions du Lombard, en 1990 :
« Histoire de la mort absurde et stupide de Cebon »),


Olivier Grenson,


Laurent Verron


ou Philippe Wurm.

Pour le même éditeur, il récidivera, l’année suivante, en scénarisant quinze pages illustrées par Dino Attanasio dans le fascicule broché « Attention ça chauffe ! », réalisé pour la Fondation nationale d’aide aux grands brûlés.

Quoi qu’il en soit, la carrière éclectique de Denis Lapière était alors partie sur de bons rails : ne serait qu’avec « Le Bar du vieux Français » illustré par Jean-Philippe Stassen ou avec son début de collaboration avec un graphiste aussi iconoclaste que Pierre Bailly(5). Nul besoin d’être exégète pour comprendre qu’il s’agit là de catalyseurs formidables, l’assurant de ne pas tomber dans une certaine forme de ronronnement ! Preuve en est la liste impressionnante et complètement diversifiée des futures créations qui porteront également son nom en tant que scénariste : publications où il réussit à alterner, avec habileté et talent, séries pour la jeunesse et productions plus adultes(6) : « En fait, je fais ce métier sans règles. J’essaie qu’à chaque fois, avec chaque dessinateur, il se passe quelque chose de différent. ».

Et encore, on ne vous parle pas de ses autres expériences bénéfiques pour son esprit créatif toujours à l’affût ; incursions éditoriales en tant que responsable littéraire chez Casterman, puis chez Dupuis (notamment sur les collections « Punaise » et « Puceron » destinées aux plus jeunes), ou cinématographiques avec l’écriture du scénario de « L’Avion » réalisé par Cédric Kahn (inspiré de sa bande dessinée « Charly ») ou celui de « Comme tout le monde » de Pierre-Paul Renders qui devint un album BD illustré par Rudy Spiessert et publié par Dupuis, en 2006 : « Le cinéma c’est vraiment la galère, c’est un mythe. Quelqu’un qui vend des maillots de bain a peut-être aussi envie de faire du cinéma. J’ai envie aussi d’écrire un roman comme les deux millions de personnes qui n’en écriront jamais… Je n’ai pas de projets, pas de plan de carrière : je suis seulement très content de faire de la bande dessinée, on verra après… » (7)

Gilles RATIER

(1) Tous les propos de Denis Lapière sont extraits d’une interview réalisée à Angoulême par Gilles Ratier, en 1994, et publiée en partie dans l’ouvrage « Avant la case », toujours disponible aux éditions Sangam.

(2) Non seulement le premier tome du « Bar du vieux Français » va recevoir le prestigieux « Grand Prix de la Critique » décerné par l’ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée), en 1993, mais l’intégralité de l’histoire sera honorée, en 2004, par leur Prix des 20 ans qui célébrait ce qui était, à leurs yeux, le meilleur titre récompensé par « le Grand Prix de la Critique » depuis vingt ans : devançant ainsi « From Hell » d’Alan Moore et Eddy Campbell, « Jimmy Corrigan » de Chris Ware, « L’Histoire du conteur électrique » de Fred et « L’Art invisible » de Scott McCloud.

(3) Notamment la série d’espionnage « Alexe » dont il a écrit les deux premiers scénarios sous le pseudonyme de Delaney : deux albums publiés aux éditions du Miroir en 1986 (puis chez Alpen Publishers, en 1990) et réédités chez Claude Lefrancq Éditeur (CLÉ), en 1995, où le dessinateur d’« Alexe », Marcel Jaradin (au style très proche de celui de William Vance), poursuit, seul, l’aventure ; le temps de deux autres opus, jusqu’en 1996.

(4) Avec Olivier Wozniak, Denis Lapière proposera aussi une courte histoire de quatre planches en hommage à Batman : « Quand le vin est tiré », publié au n°2683 du 13 septembre 1989 de Spirou.

(5) Avec Pierre Bailly, Denis Lapière réalisera successivement « La Baleine de Gaana » publié dans Spirou en 1994, « Anguille crue » dans un petit fascicule publié par le fanzine Rêve-en-Bulles, en 1994 (réédité aux éditions La Cafetière, en 1997),

et qui n’est autre qu’un court récit complémentaire à « La Saison des anguilles » publié aux éditions Dargaud, en 1996. À noter qu’il existe une autre petite histoire originale sur le même thème ; intitulée « Le Chant des anguilles », elle a été publiée également dans un tout petit livret, lequel était offert aux clients de la librairie Schlirf Book (du nom d’Yves Schlirf, devenu depuis l’actuel éditeur de Kana et de Dargaud Benelux), à l’occasion de la parution de « La Saison des anguilles ». Un super collector réédité aussi aux éditions La Cafetière, en 1996. Viendront ensuite les aventures de « Ludo » publiées dans Spirou à partir de 1997 et « Agadamgorodok » aux éditions Dupuis en 2003.

(6) Voir « Le Cœur mangé » avec Marc-Renier (en 1991, dans Hello Bédé), « La Race des seigneurs » avec Didier Courtois (en 1995, aux éditions Dargaud), « La Dernière des salles obscures » avec Paul Gillon (en 1996, aux éditions Dupuis), « Luka » avec Gilles Mezzomo (en 1996, aux éditions Dupuis), « Clara » avec Jean-Christophe Chauzy (en 1999, aux éditions Casterman), « Un peu de fumée bleue » avec Ruben Pellejero (en 2000, aux éditions Dupuis), « Le Tour de valse » avec Ruben Pellejero (en 2004, aux éditions Dupuis), « Luna Almaden » avec Clarke (en 2005, aux éditions Dupuis), « La Femme accident » avec Olivier Grenson (en 2008, aux éditions Dupuis), « L’Impertinence d’un été » avec Ruben Pellejero (en 2009, aux éditions Dupuis), « Amato » avec Aude Samama (en 2009, aux éditions Futuropolis), « Urielle » avec Clarke (en 2009, aux éditions Quadrants), « Page noire » avec Ralph Meyer et Frank Giroud (en 2010, aux éditions Futuropolis), « Destins » tome 9 avec Olivier Berlion et Frank Giroud (en 2011, aux éditions Glénat) et « Alter ego » avec Mathieu Reynès, Efa et Pierre-Paul Renders (en 2011, aux éditions Dupuis).

(7) Pour en savoir plus sur Denis Lapière, vous pouvez aussi consulter, à bon escient, les revues Circus n°122, Toute la BD 1992, Rêve-en-Bulles n°7 (qui nous a bien servi pour les images montrant les projets refusés), Bo Doï n°78, Bandes Dessinée Magazine n°4, La Lettre n°93, CaseMate n°13 et n°28, ainsi que l’ouvrage « Jeux d’influences » aux éditions PLG, en 2001.

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