« Une longue route » par Fumiyo Kouno

Récits étranges d’un amour par arrangement, ce nouveau manga de Fumiyo Kouno est souvent drôle, mais laissera dubitatifs la plupart des Français peu habitués à cet humour japonais basé sur le non-dit et le visuel. Pourtant, ce manga sur un jeune couple qui n’a pas réussi sa vie est attachant et plein de fraîcheur, mais également de mélancolie.

 » Une longue route  » est donc un manga humoristique destiné aux femmes et qui a la particularité d’être divisé en saynètes de trois ou quatre pages. Ce livre est donc composé de cinquante-quatre très courts récits racontant chacun une tranche de vie.


© Fumiyo Kouno 2001 – Futabasha Publishers, Ltd

Un jour, Michi débarque dans la vie de Sôsuke, car son père, ayant perdu au jeu, a arrangé ce mariage sans en avertir son fils. Sôsuke est un jeune homme un peu paumé, sans le sou et volage. Michi, est une jeune femme timide et réservée qui se trouvera un travail de serveuse et subviendra à la plupart des besoins du foyer, en plus des taches ménagères. Elle a des plaisirs simples et son arrivée dans la vie de Sôsuke s’est faite de manière bien étrange : ce qu’elle semble accepter. Pourtant, elle rêve à un autre homme qu’elle cherchera durant tout le long du récit, même si c’est avec peu d’entrain.


© Fumiyo Kouno 2001 – Futabasha Publishers, Ltd

Ce jeune couple est évidemment peu ordinaire. Ils ne s’aiment pas vraiment, mais doivent vivre ensemble. Ils se vouvoient et n’envisagent pas d’avoir des enfants puisque, de tout de façon, il n’est pas question de relation plus avancée entre eux, pour le moment. Chaque histoire, pourtant courte, ne fait pas vraiment avancer le récit. Ce sont de simples tranches de vie qui pourraient se lire dans le désordre. Pourtant, lorsque l’on referme ce manga, on comprend le fil conducteur qui lie ce petit monde ensemble, pour le meilleur comme pour le pire.


© Fumiyo Kouno 2001 – Futabasha Publishers, Ltd


© Fumiyo Kouno 2001 – Futabasha Publishers, Ltd

Grâce à son trait extrêmement libre et tout en finesse, Fumiyo Kouno nous offre un manga bien loin des clichés habituels du genre. Comparée aux autres publications visant un public adulte, l’ambiance est plus futile, plus relâchée. Le dessin pourrait même convenir à une bande dessinée pour très jeunes enfants si le sujet n’était aussi lourd par moment. Le fait de devoir faire des histoires très courtes, en trois pages au début puis quatre vers la fin, renforce le côté cru qui place le spectateur directement au cœur du sujet. L’humour typiquement japonais est pourtant assez déroutant pour nous occidentaux. La plupart des gags tombent à plat ou alors il faut relire l’histoire pour comprendre ce que l’auteur(e) a voulu exprimer. De temps en temps, il faut même faire extrêmement attention aux détails graphiques, lesquels sont des clefs servant à la compréhension d’une chute souvent alambiquée. Néanmoins, on se prend vite au jeu et on s’accroche rapidement à la vie de cette femme, mariée malgré elle à un homme plutôt antipathique au premier abord, mais que nous apprendrons à découvrir en même temps qu’elle.


Vers la fin du manga, une seule petite histoire comporte une touche de couleur orangée afin de symboliser la saison des mandarines. © Fumiyo Kouno 2001 – Futabasha Publishers, Ltd

 » Une longue route  » est le plus ancien des mangas de Fumiyo Kouno proposés en langue française. Il date de 2001. Nous avons déjà eu «   Le Pays des cerisiers  », également chez Kana. Récit plein d’espoir sur l’Hiroshima d’après guerre que Fumiyo Kouno à quelque peu connu, étant native de cette ville (en 1964). Ce manga a, en plus, remporté le Grand Prix Tezuka de la Culture (section manga) en mai 2005. Toujours chez Kana, «  Pour Sanpei  » raconte la vie d’un vieux acariâtre au lendemain du décès de son épouse. Il découvrira un carnet que cette dernière a laissé afin de lui faciliter la vie : lui indiquant tout ce qu’il doit savoir sur sa petite fille, les taches ménagères ou autres tracas quotidiens.
Les éditions Glénat ont aussi publié «  Koko  » : une suite de récits humoristique pour les plus jeunes, où une petite fille décide d’adopter un coq. On est loin du pessimisme d’ « Une longue route ».


© Fumiyo Kouno – Futabasha Publishers, Ltd

Ce manga est destiné à un public indéniablement adulte, plus à même de comprendre ces histoires et d’en tirer une leçon, même si celle-ci reste peu claire au final.

Gwenaël JACQUET.

 » Une longue route  » par Fumiyo Kouno
Édition Kana – 12.50 €

ISBN : 978-2-505-01159-0

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