Quel plaisir, après des années et des années de chroniques sur les nouvelles parutions concernant le 9e art, de continuer à découvrir des auteurs prometteurs qui, d’emblée, semblent vraiment maîtriser les codes narratifs et graphiques de la bande dessinée ! C’est d’autant plus méritoire quand il s’agit d’un premier album en ce domaine : ce qui est le cas de Pierre Alexandrine avec son « Amourante ». Ce dense ouvrage de 230 pages, édité chez Glénat, nous propose un voyage aussi palpitant qu’amusant à travers les époques et les lieux, en remettant en question notre obsession tout à fait compréhensible de plaire perpétuellement et de ne pas mourir…
Lire la suite...« Un misérable petit tas de secret » : Canardo dans le temps !

Ca manquait ! S’il y a un personnage de BD qu’on n’imaginait pas flirter avec les délires spatio-temporels, c’était bien Canardo. Cela dit, comme on l’imaginait, le canard détective n’en est pas fana non plus.
Mais quand il s’agit d’harceler un pauvre lâche au cours des tristes étapes de son existence misérabiliste, la tentation devient trop grande pour notre canard détective .
Le lâche en question s’appelle Maurice Molard. Il a récupéré un butin aux allemands au cours de la dernière guerre et n’en a restitué qu’une partie. Ce qu’il a gardé pour lui, il a promis à sa fille de lui donner avant de mourir. Une promesse qu’il ne tiendra pas, poussant son dernier souffle avant d’indiquer la cachette aux lingots. Alors la fille, plus éplorée par la perte du magot que par celle de son père se résout à faire appel à Canardo. Avec raison, tant notre cynique anti-héros préfère la méchanceté à la médiocrité.
Donc, grâce à sa machine à remonter le temps, Canardo va « suivre » Maurice tout au long de sa vie pour découvrir où il a planqué le trésor. Insidieusement, à chaque épisode « clé » de la vie du pauvre lâche qui n’a hérité des lingots que par la trahison, Canardo intervient et s’immisce dans la vie de Maurice. Pour lui faire prendre conscience de son état, pour le faire payer pour tous les autres comme lui et toutes les tares accumulées à travers une vie faites de petits riens ordinaires. Et Canardo semble prendre plaisir à ce jeu pervers. A travers Maurice Molard, il se sent vengeur de toutes les victimes des lâches et médiocres de tous bords.
Par petites touches, sans s’embarrasser d’une morale restrictive, et progressivement, Sokal ne s’épargne aucune critique de l’être humain. On retrouve avec plaisir le héros palmipède de Benoit Sokal, toujours cynique, mal poli, mal fringué, mal « tout ».