De Superman au Chat du Rabbin:Les juifs et la bande dessinée

Cette exposition est la première en France à mettre en évidence la présence et le rôle de nombreux auteurs juifs dans la bande dessinée.


 270 œuvres (dessins originaux, planches imprimées et documents d’archives) issues du travail d’une quarantaine d’artistes américains et européens, évoquent la manière dont la bande dessinée a contribué à créer, à enrichir et à diffuser différentes visions du passé juif.


 


Articulée en cinq chapitres, l’exposition débute par les années 1890-1930. Les artistes juifs new-yorkais issus de familles immigrées du Lower East Side, de Brooklyn et du Bronx, témoignent des défis et des épreuves auxquels les immigrants sont confrontés. Leurs comic strips, publiés dans la presse yiddish et anglophone, divertissent le lecteur et montrent l’immigrant juif pris dans les mécanismes transitoires de l’intégration. Immergés dans la « métropole dévorante » qu’est
New-York, les personnages mêlent le yiddish à l’anglais, et sont animés par une grande volonté de réussite sociale et par un engagement passionné pour la démocratie.


 


Vient ensuite l’ère des super-héros, liée au processus d’intégration de la seconde génération d’immigrés. 1938 voit naître Superman. Suivent Batman en 1939, et Captain America en 1940. S’ils incarnent aussi des rêves liés à l’expérience et la tradition juives, les premiers super-héros sont destinés à la nation américaine. Ils constituent une réponse rassurante et fantastique aux difficultés engendrées par la crise de 1929 et la montée des fascismes en Europe. Infatigables justiciers veillant à l’ordre du monde, ils défendent l’espèce humaine et les valeurs universelles du


Bien et de la Justice. Ce n’est qu’après la Shoah que certains personnages seront dotés de signes spécifiquement juifs.


 


L’exposition consacre une large part à l’un des pionniers du comic book et du roman graphique américains, Will Eisner. Co-fondateur du Eisner & Iger Studio (1936), il dessine et crée des héros de pulps et comics, et publie dès 1940 la série du Spirit, qui va remporter un grand succès. En 1978 paraît son premier roman graphique, A Contract with God (Un Pacte avec Dieu) dans lequel il entame un travail mi-autobiographique, mi-fictionnel sur la vie des immigrants juifs et sur leur intégration dans la société américaine de l’avant-guerre.


 


Dans les années 1950, certains artistes américains s’engagent dans la contestation politique (Harvey Kurtzman, fondateur du magazine MAD en 1952) ; d’autres, tels Bernard Krigstein et Al Feldstein, mettent en scène la confrontation silencieuse d’un rescapé des camps avec son bourreau (Master Race, 1955). Dès 1972, Art Spiegelman entame le récit de la vie de son père, ancien déporté, qui aboutit à la publication de Maus en 1986. À sa suite, des auteurs reconstituent (Miriam Katin, Bernice Eisenstein, Martin Lemelman) ou imaginent (Joe Kubert) des destins personnels liés à la Shoah. Dans un autre registre, Ben Katchor propose une vision documentée et poétique de l’existence juive à New York, tandis que James Sturm met l’accent sur le processus et l’ambiguïté de l’intégration. À travers l’autobiographie émergent souvent des anti-héros en proie à la complexité de l’existence juive américaine (Jules Feiffer, Harvey Pekar, Aline Kominsky-Crumb, Diane Noomin).


 


 


En Europe, le récit graphique s’attache davantage à l’histoire qu’à l’autobiographie, même lorsqu’il part d’une expérience personnelle. Les auteurs associent plus volontiers éléments historiques et fictifs pour mettre en lumière des périodes peu ou mal connues de l’histoire juive. La mémoire, ainsi mêlée à l’imaginaire, engendre des visions originales du judaïsme et de l’histoire juive. Bousculant les conventions du genre narratif, Hugo Pratt fait cohabiter ses souvenirs d’enfance avec sa passion pour la kabbale et pour les aventuriers (Corto Maltese, Koïnsky). Dans les années 1990, Vittorio Giardino rend hommage à l’engagement politique des juifs européens (Max Friedman) et évoque leur sort dans les pays soviétiques (Jonas Fink). Jorge


Zentner et Ruben Pellejero animent la figure du Golem dans le contexte de l’émigration juive en Argentine (Le Silence de Malka). En France, l’artiste Joann Sfar thématise l’histoire et les traditions juives (Le Petit monde du Golem, Le Chat du Rabbin, Klezmer …).


                          


Un ensemble de manifestations sera proposé autour de l’exposition :


- une journée dans le cadre de “Lire en Fête”, avec, entre autres invités, Joe Kubert, Ben Katchor et Miriam Katin (“New York en bande dessinée”, 21 octobre 2007).


- une rencontre avec Joann Sfar (29 novembre 2007).


- une programmation de films (“Bande dessinée à l’écran”, 9 décembre 2007).


 


Coproduite par le Musée d’art et d’histoire du Judaïsme à Paris et par le Joods Historisch Museum à Amsterdam, cette exposition sera présentée à Amsterdam du 6 mars jusqu’à la mi-juin 2008.


 


Exposition du 17 octobre 2007 au 27 janvier 2008


 


 


 


Commissaire de l’exposition : Anne Hélène Hoog (Musée d’art et d’histoie du Judaïsme, Paris)


Commissaire adjoint de l’exposition: Hetty Berg (Joods Historisch Museum, Amsterdam)


Conseiller scientifique : Didier Pasamonik.


 


 

Galerie

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