Julie Wood : on efface tout et on repart !

Après Michel Vaillant, c’est au tour de la blonde Julie Wood de reprendre la compétition. Une Julie Wood relookée, dotée d’une poitrine XXL bien éloignée de la prude et sage héroïne imaginée par le couple Jean et Francine Graton en 1976. Mise à part sa passion pour le motocross, les nostalgiques du personnage auront bien du mal à la reconnaître, mais qu’importe la nostalgie, il faut aller de l’avant !

En 1972, l’éditeur allemand Koralle Verlag lance Zack, un hebdomadaire de BD à la vocation européenne. Puisqu’à l’époque les héros franco-belges publiés par le journal Tintin connaissent le succès, c’est à leurs créateurs que les concepteurs du projet font appel. Avec de l’argent tout étant possible, les pointures belges de la BD ne sont pas insensibles à l’appel venant d’outre-Rhin. Jean Graton — dont Michel Vaillant connaît le succès sous contrat avec les éditions du Lombard — imagine une nouvelle héroïne aux aventures pétaradantes : « Julie Wood ».

En France, les épisodes prépubliés dans Zack sont édités par Dargaud, qui propose cinq albums de 1976 à 1979. Puis elle est présente en 1979, dans Super-As — le nouvel hebdomadaire franco-belgo-germano-néerlandais des éditions Fleurus dirigé par Jean-Michel Charlier —, pour trois nouveaux récits longs, qui seront édités (par Fleurus naturellement) en 1979 et 1980. Ces histoires — accompagnées des premières planches d’un récit inachevé — seront réunies dans trois intégrales publiées par Graton Éditions en 2015, 2017 et 2019. Julie Wood revient comme second rôle dans les aventures de Michel Vaillant, à partir de l’épisode « Paris-Dakar » en 1982. Elle est présente dans le long métrage consacré à Michel Vaillant en 2003, son rôle est interprété par Diane Kruger.

Orphelins après la mort accidentelle de leurs parents, Indy, Phil et Julie sont recueillis par leur oncle Chris, garagiste à Canyon Road en Californie. Passionnée par le motocross, Julie devient une championne au plus haut niveau. L’abandon de la série ne met pas un terme à ses compétitions, puisqu’elle rejoint les aventures de Michel Vaillant, devient la compagne de l’Américain Steve Warson. Absente de la saison 2 de « Michel Vaillant », il lui faut attendre la création de sa propre saison 2 pour retrouver un rôle de premier plan.

Avec cette nouvelle aventure, le personnage de Julie Wood mis en musique par une nouvelle équipe d’auteurs n’a plus grand rapport avec la jeune fille sage campée par Jean Graton. Elle vit toujours chez son oncle garagiste, auprès de ses deux frères, ambitionne de percer sur les circuits pros de motocross. Elle fréquente des motards et n’hésite pas à exposer ses charmes dans des vidéos destinées aux réseaux sociaux, dans le but d’attirer les sponsors… Sa vie bascule après l’assassinat d’un motard, Mason Green, au cours d’un rodéo urbain à Los Angeles. Un étrange message sur le portable de celui-ci l’incite à enquêter sur les véritables causes de la mort de ses parents, victimes d’un crime dont son oncle semble être l’un des protagonistes… Le scénario, mêlant sport et thriller aux multiples rebondissements, entraîne le lecteur bien au-delà des circuits classiques.

Philippe Pelaez, dont la palette est large, est professeur agrégé d’anglais et de cinéma/audiovisuel. Il est né à Castres le 22 janvier 1970. Il publie ses premiers scénarios (« Fièvre » et « Gaultier de Châlus ») en 2015 chez l’éditeur réunionnais Des bulles dans l’océan. Il aborde avec la même originalité tous les genres : histoire, guerre, polars, SF, humour… Il faut ajouter à cette liste les classiques de la BD avec, désormais, cette reprise de « Julie Wood ».

Né à Palerme en 1978, Claudio Stassi travaille dans l’animation audiovisuelle, tout en enseignant la bande dessinée à l’Escola Joso de Barcelone. Ses collaborations dans le domaine de la bande dessinée sont déjà nombreuses (« Brancaccio, chronique d’une mafia ordinaire », « Pour la vie », « Rosario »…) lorsqu’il rejoint la « famille » Vaillant pour illustrer les « Dossiers Michel Vaillant », puis la trilogie « Henri Vaillant » écrite par Marc Bourgne (dont trois albums de luxe sont sortis depuis 2023).

Couverture de l'album en grand format.

Le nom de Marc Bourgne est omniprésent avec le personnage de Michel Vaillant : il dessine les premiers épisodes de la saison 2, écrit la trilogie « Henri Vaillant », participe aux codes graphiques de l’ensemble des albums, dont bien sûr « Julie Wood ». Né le 17 mars 1967 à Versailles, Marc Bourgne s’est notamment illustré avec une reprise réussie de « Barbe-Rouge », la série « Frank Lincoln », « Alix Origines »… On peut regretter que ses choix le conduisent à mettre en sommeil une carrière personnelle de dessinateur plus que prometteuse.

Henri FILIPPINI

« Julie Wood Saison 2 : Mortel Rodéo » par Claudio Stassi et Philippe Pelaez

Graton Éditions (15,50 €) — EAN : 9 782 390 602 002

Parution 14 février 2025

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3 réponses à Julie Wood : on efface tout et on repart !

  1. Patrick BOUSTER dit :

    Bien loin de Jean Graton, mais surtout un album faible. Par rapport aux reprises de Michel Vaillant, très réussies en saison 2, ce 1er album me semble pauvre graphiquement : rendu assez maladroit, couleurs très « informatiques » mais surtout peu maîtrisées. Ou alors l’ensemble a été fait trop rapidement ?
    Julie Wood méritait mieux !

  2. Erik A dit :

    Julie Wood déjà en 77 quand on a commencé Plein Pot a parler vraiment de moto, un sujet qu’on connaissait, notamment en passant notre vie à moto et sur les circuits pour suivre les GP c’était déjà mauvais et sans grand intérêt, n’en déplaise aux amateurs. la nostalgie ne fait pas tout. Mais les éditeurs malins jouent dessus en reprenant des personnages d’il y a un demi siècle, même s’ils n’ont aucun intérêt, simplement parce qu’ils parlent aux vieux lecteurs. Comme moi.

    Les auteurs suivent. Si on m’avait confié le scénario, je l’aurais sans doute fait, il faut avouer… Pour le blé. Mais au moins je sais de quoi je parle parce que ma passion pour les sports mécaniques remonte à mon adolescence…

    • Zaza dit :

      Moi j’aime bien Julie Wood, déjà parce que j’aime bien Jean Graton. Graton, un grand professionnel qui en plus a inventé sa narration BD, parfaitement adaptée à son sujet de prédilection : le sport mécanique.
      Ouais c’était quand même chouette Julie Wood.

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