Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
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C’est avec tristesse que nous apprenons le décès, emporté par la maladie à l’âge de 73 ans, de Daniel Ceppi, le 4 novembre 2024. Son personnage de Stéphane Clément — omniprésent tout au long de sa carrière — illustre parfaitement le goût pour les voyages exotiques de cet enfant des années baba cool, demeuré fidèle à ses convictions. Pionnier d’une certaine forme de la bande dessinée reportage, Daniel Ceppi laisse une œuvre originale et riche :témoignage précieux des grandes heures de la « nouvelle bande dessinée » des années 1970.
Né en Suisse le 3 avril 1951, à Carouge dans le canton de Genève, Daniel Ceppi étudie le dessin pendant quatre ans aux Arts déco de Genève.
Il débute dans la publicité, fonde sa propre agence, tout en dessinant pour le plaisir une BD baptisée « Le Guêpier ».
Un ami de Lausanne, Jean-Marie Bouchin, lui propose en 1977 de réunir ses pages dans un album souple, en noir et blanc, édité sous le label des Éditions sans frontière.
Tiré à 1 000 exemplaires, il ne rapporte pas le moindre centime de droits d’auteur au jeune dessinateur.
En revanche, il lui ouvre les portes parisiennes des déjà célèbres Humanoïdes associés. Jean-Pierre Dionnet — enthousiaste — réédite cette œuvre de jeunesse et commande une nouvelle aventure de Stéphane Clément pour le mensuel Métal hurlant.
Trois albums sont publiés aux Humanos, puis la série se poursuit aux éditions Casterman dans le mensuel (À suivre).
Il y propose quatre nouveaux épisodes, tout en redessinant les premiers, qu’il juge trop mauvais graphiquement.
Daniel Ceppi voyage beaucoup, visite New Delhi, parcourt la Turquie, l’Iran, l’Afghanistan, l’Inde… nourrissant ses histoires de ses expériences vécues.
Il revient aux Humanoïdes associés en 1991, signant « Corps diplomatique » : deux volumes réalisés avec le concours de son épouse Paûle, l’ancienne attachée de presse de l’éditeur.
En 1992, il réalise « La Nuit des clandestins » avec Pierre Christin au scénario.
De 1995 à 2003, il fait vivre cinq nouvelles aventures à son héros fétiche. En 2006, il rejoint les éditions du Lombard où il propose trois épisodes de « CH Confidentiel » : un thriller publié dans la collection Troisième Vague.
En 2010, il dessine un nouvel épisode des aventures de Stéphane Clément, puis un autre en 2012, avant de proposer en 2017 « Lady of Shalott » : un récit qui réunit Stéphane Clément et les héros de « Corps diplomatique ». Cet album est le dernier signé par Daniel Ceppi : il se consacre désormais à la peinture et à l’illustration.
Tout en animant sa série unique, Daniel Ceppi lui fait des infidélités :
- quelques récits complets écrits par Vepy pour divers supports (Rock & BD, Genève 81…) réunis en 1986 dans l’album « Croco and Co » (aux éditions L’Essai) ;
- « L’Ombre de Jaïpur » avec Juan Martinez, des récits complets destinés à  Pilote et réunis (chez Dargaud) dans la Collection Pilote en 1981 ;
- quelques histoires et romans pour Je bouquine et pour les collectifs « Fripons » (aux Humanoïdes associés) ;
- « Les Aventures de Natrix » en 1993 avec Martinez (aux éditions Fondation Elapsoïdea)…
Pour être complet, notons un projet laissé sans suite avec Jean-Michel Charlier : « L’Espion L26 », le dernier projet en bande dessinée du célèbre scénariste qui devait disparaître après en an avoir écrit une huitaine de pages.Â
Son trait classique, soigné, fourmillant de détails, inspiré à la fois par Jacques Tardi et par la ligne claire de la bande dessinée franco-belge, gagne en originalité au fil des années.
Jusqu’à ce que ses pages soient reconnaissables au premier coup d’œil.
La rédaction de BDzoom.com présente ses amicales condoléances à son épouse Paûle et à ses proches.
Henri FILIPPINI
Je me replongeais justement dans son oeuvre après la lecture du du numéro spécial des Humanos.
Au premier coup d’oeil, je trouvais son dessin maladroit, c’est surtout le cas des premiers albums. Mais même pour ceux-ci, dès qu’on se plonge dedans, on est pris et on a envie de continuer. Je trouve même étrange que Ceppi ait travaillé avec des scénaristes. Je le voyais plutôt comme un scénariste qui dessinait.
Il est vrai qu’il a beaucoup fait de progrès en dessin, le fait d’avoir redessiné les premiers Stéphane est remarquable. À part Hergé, qui a eu le courage de faire ça?
Ses récits étaient très modernes à l’époque, les pays en voie de développement apparaissaient tels qu’ils étaient, et le lecteur qui connaissait ces pays retrouvait couché sur le papier exactement la même ambiance que ce qu’il avait connu ! ….le scénario se déroulait à niveau d’homme, et pas dans des sphères ultra luxueuses hors sol, comme trop souvent aujourd’hui…et on se fichait pas mal des maladresses de ses dessins, tant on était happé par les aventures de Stéphane !
Un excellent auteur complet dont on regrette la disparition: