Barbe-Rouge : une retraite mouvementée pour un pirate repenti !

Lors de sa création en 1959 dans les pages de Pilote, Jean-Michel Charlier et Victor Hubinon avaient fait de Barbe-Rouge un pirate sanguinaire surnommé le Démon des Caraïbes, puis le Roi des sept mers. De retour dans le monde de la bande dessinée depuis 2020, après une longue absence de 15 années, c’est en corsaire du roi de France que le bouillant pirate renaît de ses cendres. Pour le plus grand plaisir des lecteurs nostalgiques, mais aussi pour une nouvelle génération de lecteurs qui apprécient les histoires bien écrites et les dessins soignés. Larguons les amarres, l’aventure avec un grand A nous attend !

Le vieux pirate est convoqué par Charles de Brunier — le gouverneur de Cap-Français à Saint-Domingue —, qu’il n’apprécie pas. Depuis quelque temps, les fermes isolées du nord de l’île sont le théâtre d’attaques violentes commises par des voleurs fantômes venus de la mer. À la demande de leur employeur, Barbe-Rouge, Éric et Triple-Patte quittent la belle résidence de l’ancien pirate pour retrouver le grand large et le mythique Faucon noir. Au grand désespoir de ses vieux amis, le fidèle Baba — horrifié par le traitement indigne infligé par les fermiers à leurs esclaves noirs — refuse de participer à cette expédition. L’enlèvement de Carmen (la fille d’Éric et de Concha) par le chasseur d’esclaves sans scrupules Peet le Bordelais contraint nos héros à rechercher la mystérieuse île aux crocodiles où se sont réfugiés les esclaves évadés…

Ce récit au scénario passionnant est la première partie d’un diptyque dont la conclusion — « L’Île aux ombres » — sera proposée l’an prochain.

Le nouveau Barbe-Rouge, bien que devenu grand-père, n’a rien perdu de sa fougue et de sa ruse légendaire qui ont fait le succès du premier cycle de ses aventures. En vieux routier du scénario, Jean-Charles Kraehn conçoit une histoire dense et moderne, sérieusement documentée, sans renier les leçons de son maître Jean-Michel Charlier. Quant à Stefano Carloni, bien que très éloigné du trait académique de Victor Hubinon, il parvient à ne ne pas dépayser le vieux lecteur au fil de pages aux décors superbes et aux images dynamiques. On ne peut que souhaiter bon vent à ces nouvelles aventures de Barbe-Rouge : une renaissance réussie, conseillée aux amateurs de grande aventure.

Né le 27 juin 1955 à Saint-Malo, grand admirateur de Jean-Michel Charlier, Jean-Charles Kraehn travaille avec celui-ci sur une suite mort-née des aventures de Jacques Le Gall et de Tanguy et Laverdure, lorsqu’il crée en 1986 « Les Aigles décapitées » (avec Patrice Pellerin au scénario), pour le mensuel Vécu des éditions Glénat. Auteur complet, il donne vie au fascinant « Bout d’homme » (en 1990), puis au truculent « Le Ruistre ». Il aborde le polar avec « Gil St André », seul, puis avec les dessinateurs Sylvain Vallée et Chrys Millien. Scénariste, il écrit aux éditions Dargaud « Tramp » (pour Patrick Jusseaume), « Mykros » (pour Miguel), « L’Aviateur » (pour Chrys Millien), et enfin « Les Nouvelles Aventures de Barbe-Rouge ».

Né le 12 octobre 1988 à Jesi en Italie, Stefano Carloni est diplômé de la Scuola internazionale di Comics de sa ville natale. Après quelques travaux en Italie à partir de 2010, il dessine pour les éditions Paquet « Sinclair » en 2013 (avec Laurent-Frédéric Bollée), puis « Les Savants » (avec Luca Blengino). Après divers one-shots publiés aux éditions Glénat, il dessine « Les Nouvelles Aventures de Barbe-Rouge » avec Jean Charles Kraehn.

Henri FILIPPINI

« Les Nouvelles Aventures de Barbe-Rouge T4 : Chasseur d’esclaves » par Stefano Carloni et Jean-Charles Kraehn

Éditions Dargaud (17 €) — ISBN : 978-2-2052-1149-8

Parution 13 septembre 2024

Galerie

3 réponses à Barbe-Rouge : une retraite mouvementée pour un pirate repenti !

  1. Dunyre dit :

    Une des meilleures reprises de vieilles séries, chaque tome est remarquable à tout point de vue. Scenarii denses à la Charlier, graphismes réalistes somptueux

    Une réussite à ne pas manquer !

  2. Gilles Poussin dit :

    Une petite coquille paragraphe 5 : « il parvient ne pas dépayser ».
    Bien amicalement !

Répondre à Gilles Ratier Annuler la réponse.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>