On vous a déjà dit tout le bien que l’on pensait de la saga ébouriffante, délirante et jubilatoire « The Kong Crew » d’Éric Hérenguel… (1) Or, voilà que les éditions Caurette sortent une très belle intégrale de luxe de la trilogie (224 pages, dans sa version originale en noir et blanc grisé et en français) : une incroyable épopée hommage aux comics, aux pulps et aux vieux films fantastiques des fifties ! Ceci alors que le tome 3, cartonné et en couleurs, vient aussi à peine de paraître chez Ankama… La totale en noir et blanc ou les trois volumes en couleurs, vous avez donc le choix ! L’essentiel étant de ne pas passer à côté de ces aventures follement drôles, débridées et imaginatives, sous couvert de fable épique et écologique !
Lire la suite...Le souffle épique des grands romans maritimes revient dans « Les Nouvelles Aventures de Bruce J. Hawker »…
Bruce J. Hawker, le héros favori du regretté William Vance (même après qu’il ait connu l’énorme succès de la série « XIII »), est de retour ! Et le tourmenté officier de la Royal Navy, aux cheveux blanchis par l’écume, reprend le commandement de son navire fétiche : le H. S. M. Lark. Il doit le ramener à bon port, mais les rumeurs vont bon train parmi l’équipage : ce voilier serait maudit ! À moins qu’il ne s’agisse de son capitaine qui exige de ses hommes qu’ils le suivent jusqu’en enfer : leur voyage étant parsemé d’épreuves, entre combats navals et éléments déchaînés. Hawker semble même n’être plus le seul maître à bord, se retrouvant, bien malgré lui, embringué dans la quête du trésor des Templiers.
Tout commence, en effet, en 1307, où des chevaliers du Temple persécutés par le roi Philippe le Bel — lequel souhaite leur anéantissement — embarquent pour le Nouveau Monde, avec toute leur fortune dans les cales, pour tenter de rebâtir leur ordre sur ces terres pas encore découvertes…
Cinq siècles plus tard, en1803, le lieutenant Hawker s’est distingué à la bataille navale d’Aboukir, face aux Français du général Napoléon Bonaparte. Après avoir été convoqué à Gibraltar par l’amiral Nelson, à qui il aurait sauvé la vie, Hawker lève l’ancre pour rejoindre l’Angleterre : car son bâtiment a souffert lors de sa prise par les Espagnols, après des affrontements à Cadix, et il a grandement besoin de réparations.
Le Lark va d’abord croiser un voilier battant un pavillon fantôme avec une croix vermeille, comme celle des caravelles de Christophe Colomb ou des navires des chevaliers templiers, puis un vaisseau de guerre espagnol puissamment armé. Les canons vont se mettre à tonner et, même si l’embarcation d’Hawker s’en sort de justesse, les dégâts sont lourds : qu’ils soient matériels ou humains. Comme si c’était le diable lui-même qui tenait la barre, le H. S. M. se retrouve ensuite en proie à une mer en furie et, tombant de Charybde en Scylla, les seuls 13 survivants ne devront leur salut qu’au démoniaque capitaine d’une goélette française. C’est ce dernier qui va les entraîner dans cette chasse au trésor des Templiers, en terrain bien hostile…
Créée en 1976, dans le magazine féminin Femmes d’aujourd’hui (1), cette série maritime, publiée également dans le journal Tintin, refait donc surface, 28 ans après la parution d’un septième et ultime album signé William Vance. Ce dessinateur mythique avait dû l’abandonner, avec regret, au profit des palpitants mystères entourant son best-seller écrit par Jean Van Hamme : « XIII ». Pourtant, il caressait toujours l’espoir de réaliser un huitième opus qui devait s’intituler « Signal 314 » : hélas, le destin et sa maladie en ont décidé autrement…
Grand admirateur de Vance et investigateur de cette reprise, le talentueux scénariste (mais aussi dessinateur) Christophe Bec (2) se voit remettre notes et croquis par ses héritiers. Il envisage tout d’abord de poursuivre le projet inachevé, mais prend finalement le parti de s’en détacher, pour écrire son propre scénario. Truffé de références aux précédentes aventures de ce commandant de navire – que Bec a choisi de présenter, aujourd’hui, comme damné -, le premier tome foisonnant de ce diptyque est tout à fait dans la lignée de ceux qu’illustrait le créateur de la série, tout en renouvelant le thème et proposant plusieurs niveaux de lecture.
Hommage scénaristique, mais aussi hommage graphique avec des dessins précis, puissants et très documentés, qui rappellent un peu ceux des peintres de marine du XIXe siècle ou les gravures anciennes. Leur auteur, l’Espagnol Carlos Puerta (3), réalise ici l’un de ses plus beaux travaux bédésques !
(1) Sur « Bruce J. Hawker », voir sur BDzoom.com : William Vance dans Femmes d’aujourd’hui (2e partie).
(2) Sur Christophe Bec, voir sur BDzoom.com : « Inexistences » : le futur glaçant de Christophe Bec…, « Carthago » : demain, le chaos…, « Tarzan » par Stevan Subic et Christophe Bec : pour relire la loi de la jungle…, « Bikini Atoll » : un régal de série Z…, « Carthago » : Christophe Bec l’oublié…, « Le Fulgur T3 : Les Terres brûlées » par Dejan Nenadov et Christophe Bec, « Olympus Mons T2 : Opération Mainbrace » par Stefano Raffaele et Christophe Bec,
« Carthago T5 : La Cité de Platon » par Milan Jovanovic et Christophe Bec, « Carthago Adventures T4 : Amarok » par Drazen Kovacevic, Christophe Bec et Giles Daoust, Flesh & Bones : la collection terrifiante de Glénat Comics…, « L’Aéropostale » T1 (« Guillaumet ») par Patrick A. Dumas, Diogo Saïto et Christophe Bec, « Royal Aubrac » par Nicolas Sure et Christophe Bec, « Carthago Adventures » T1 par C. Bec et J. Salaün….
(3) Sur Carlos Puerta, voir sur BDzoom.com : « Jules Verne, l’astrolabe d’Uranie » T1 par Carlos Puerta et Esther Gil.
« Les Nouvelles Aventures de Bruce J. Hawker T1 : L’Œil du marais » par Carlos Puerta et Christophe Bec
Éditions Le Lombard (15,95 €) — EAN : 9 782 808 20 578 8
L’un de ses plus beaux travaux.
Si j’en crois l’article, l’album est rempli de références à la série. Moi qui n’en ai jamais lu un seul, est-ce que cela peut être un obstacle à la compréhension de l’histoire ?
Non, pas de problème pour ceux qui n’ont jamais lu un seul album de la série !
Christophe Bec résume très bien les faits passés et engage le récit vers de nouvelles voies ; donc, allez-y sans modération !
Gilles Ratier
Merci Gilles.
Il y a une petite coquille dans l’article, il est écrit « l’une de ses plus beaux travaux ».
Oups ! Merci, ça m’avait échappé : je corrige tout de suite…
Bien cordialement
Gilles Ratier