« Les Damnés de l’or brun » : du houblon au cacao !

Dessinateur des célèbres « Maîtres de l’orge », qui ont cartonné lors de leur parution, Francis Vallès renoue avec les grandes sagas familiales en illustrant ces « Damnés de l’or brun ». C’est ainsi que la graine du cacaotier était baptisée lors de sa découverte au Brésil par les colons européens. Mêlant lutte contre l’esclavage, soif de conquêtes industrielles et intrigues amoureuses, le second volet de cette fresque historique et familiale confirme les promesses entrevues à la lecture du premier épisode. Un achat indispensable pour les lecteurs qui recherchent le souffle de la grande aventure.

Nous sommes en 1850. Il y a 28 ans, Tiago Da Silva — dénoncé comme traître par son frère Louis — a quitté sa nouvelle patrie le Brésil, alors qu’il exploitait une riche plantation cacaoyère avec son frère. Discrètement réfugié sur l’île africaine de São Tomé sous le nom de Socrates, il est marié à la belle esclave Maira qui l’a accompagné dans sa fuite — alors que Louis était amoureux d’elle —, et père de la superbe et indomptable Sofia. De passage en Grande-Bretagne, Tiago conclut un projet de mariage entre Sofia et James : le fils d’un puissant chocolatier britannique. De son côté, accompagné par son fils Philippe, Louis, qui est devenu un important marchand d’esclaves, est sur les traces de son frère, afin de se venger. La frêle et riche héritière qui lutte pour l’abolition de l’esclavage et le jeune homme chargé par son père d’acheter des esclaves ont tout pour s’opposer. 

Pourtant, alors que le hasard permet aux deux jeunes gens de se rencontrer à l’occasion d’une escale à São Tomé, une idylle passionnée et impossible commence pour ce couple que tout sépare…  Le prochain épisode nous conduira à Paris en 1878.

Tout en suivant une riche intrigue, au rebondissement final surprenant, c’est toute l’histoire de la culture du cacao en Afrique, mais aussi de l’industrie du chocolat — laquelle connaît un essor grandissant en Europe — qu’évoque cette histoire documentée, sans pour autant ennuyer le lecteur.

Ce récit est coécrit par Fabien Rodhain — scénariste des « Seigneurs de la Terre », militant écologiste, auteur de romans et de pièces de théâtre — et Alcante — scénariste de nombreuses séries à succès (« Pandora Box », « Ars Magna », « Les Piliers de la terre »), mais aussi adaptateur — en BD et déjà avec Francis Vallès aux dessins — de la série télévisée « Rani » écrite par Jean Van Hamme. 

Né en 1959 en Lozère, stéphanois d’adoption, Francis Vallès étudie l’histoire et la géographie avant de se tourner — en parfait autodidacte — vers la bande dessinée. Après avoir effectué ses premières armes dans la presse jeunesse,il dessine en 1989 la trilogie « Dorian Dombre », avec José-Louis Bocquet, aux éditions Glénat. Trois ans plus tard, il signe chez le même éditeur « Les Maîtres de l’orge » : une saga familiale en huit volumes particulièrement remarquée,évoquant le destin d’une dynastie de brasseurs, écrite par Jean Van Hamme. Après « Tosca » avec Stephen Desberg,puis « Rafales » avec le même scénariste, il s’attaque aux huit volumes de « Rani » aux éditions du Lombard.

Talentueux dessinateur réaliste classique, Francis Vallès conduit une riche carrière, trop discrète, comme beaucoup de ses confrères qui ont opté comme lui pour ce créneau difficile.

Henri FILIPPINI

« Les Damnés de l’or brun T2 : São Tomé » par Francis Vallès, Fabien Rodhain et Alcante

Éditions Glénat (14,50 €) — EAN : 978-2-3440-4568-8

Parution 10 janvier 2024

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